À la une de la presse française, le défilé du 1er-Mai. L'actualité de ce mardi 2 mai est aussi marquée par les combats entre faction jihadistes dans l'est du Mali, et par la démission surprise de Google de l'un des pionniers de l'intelligence artificielle.
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"Ô rage, Ô des espoirs"
À la une de la presse française, le défilé du 1er-Mai, bien sûr et le titre de Libération "Ô rage, Ô des espoirs". Il s'agit d'une référence à la citation classique du cid de Corneille, qui, frustré de ne pouvoir défendre son honneur à cause de son âge avancé, s'exclamait "Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! / N' ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?" Libération joue sur l'homophonie "désespoir / des espoirs", et détourne le sens de cette citation pour lui faire dire l'inverse, à propos de cette réforme des retraites. "La rue ne désarme pas, avec dix fois plus de manifestants (...) gauche et syndicats gardent les cartes en main."
Comme toujours depuis le début du mouvement, le journal fait le tour des manifestants et des manifestations à travers la France, avec ce titre là aussi homophonique "mai après" ("mais après") et donc, liste les "scénarios de l'espoir", espoir au sens de d'annuler ou d'adoucir cette réforme. Ils sont au nombre de trois selon Libération : un nouveau référendum d'initiative partagée (RIP), sur lequel le Conseil constitutionnel doit statuer mercredi. Une" porte de sortie législative", avec une proposition de loi qui devrait être présentée début juin, pour abroger l'article sept de la reforme des retraites, et enfin "peser sur les décrets" : une trentaine doit préciser certaines mesures de la réforme, comme par exemple la prise en compte de la pénibilité de certains métiers dans le report (ou pas) de l'âge légal de départ.
De son côté, Le Figaro met l'accent sur le volet politique de ce 1er-Mai, avec cette une : "l'exécutif mise sur le dialogue social pour sortir de la crise". En page deux, le journal affirme que la CFDT, l'un des principaux syndicats en France, est prête à discuter de l'agenda social du gouvernement, mais le journal rapport surtout l'inquiétude des députés des traces que laissera la réforme. "Colère, violence, désintérêt : qu'ils aient été opposés ou défenseurs de la réforme, une grande majorité des élus se mettent d'accord sur un point : plus que le fond du texte, c'est la méthode employée pour l'adopter qui va rester".
Car justement, ce défilé massif du 1er-Mai a été marqué par des violences en marge des cortèges : plus de 110 gendarmes blessés, et 291 arrestations (sur au moins 800 000 manifestants). "Des manifestations marquées par la violence", c'est tout ce que retient Le Parisien / Aujourd'hui en France sur sa une. Tandis que le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin dénonce une violence "rare", plusieurs pays de l'ONUdont la Suède, la Norvège, et le Danemark, ont critiqué "les violences policières" lors des manifestations, en France. Le Lichtenstein réclame même "une enquête indépendante" sur le sujet.
The Guardian se demande alors "est-ce que la France est elle vraiment devenue une enfer ?" Alexander Hurst, écrivain britannique vivant à Paris et enseignant à Sciences Po, raconte à la fois comment ses parents pensent qu'il vit dans "un enfer" avec les images qu'ils reçoivent des manifestations, des affrontements et des poubelles brûlées, mais aussi comment ses étudiants français perçoivent le pays de façon beaucoup plus négative que ce qu'il est en réalité, c'est à dire dans les chiffres. Car selon lui, la France bas du tableau au classement des pays les plus inégalitaires, où le taux de pauvreté est parmi les plus faibles chez les personnes âgées, et où espérance de vie parmi les plus longues.
"À Ménaka, les Maliens vivent dans la psychose"
C'est le titre d'un reportage de La Croix, qui nous emmène dans cette région à l'est du Mali, qui fait partie de la zone dite "des trois frontières", où s'affrontent pour son contrôle les jihadistes du groupe État islamique et du Jnim, affilié à Al Qaïda.
Selon La Croix, c'est Daesh qui contrôle désormais toute la région de Ménaka, sauf sa capitale, qui a vu affluer ces deux dernières semaines 11 000 réfugiés de la ville voisine de Tidarmène. Lors d’une récente visite dans la ville, El-Ghassim Wane, chef de la mission onusienne au Mali (Minusma), a confié "avoir vécu une expérience bouleversante en écoutant des déplacés supplier pour avoir de l’eau potable". Le journal décrypte : "Selon un expert ayant requis l’anonymat, Daesh prend des localités sans les occuper. Le groupe privilégie la mobilité, qui lui permet d’être moins exposé au risque d’une contre-offensive de son rival ou à des frappes aériennes de l’armée."
"Le "parrain" de l'IA quitte Google"
Et c'est The New York Times qui titre sur cette nouvelle à la fois surprenante et inquiétante : celui qui est largement considéré comme "le parrain", un pionnier de l'intelligence artificielle, Geoffrey Hinton, a démissionné de son poste chez Google, pour pouvoir s'exprimer librement, et alerter sur les dangers de l'intelligence artificielle.
Le chercheur britannique, âgé de 75 ans, a participé à la création de la technologie d'intelligence artificielle générative que l'on retrouve par exemple dans ChatGPT. Il confie : "Je me console avec l'excuse normale : si je ne l'avais pas fait, quelqu'un d'autre l'aurait fait", ou encore "Il est difficile de voir comment vous pouvez empêcher les mauvais acteurs de l'utiliser pour de mauvaises choses".
Alors de quoi le Docteur Hinton a-t-il peur exactement ? De la désinformation, du chômage de masse, mais aussi de l'utilisation de l'intelligence artificielle sur les champs de bataille. Car, dit-il, ces technologies, en apprenant par elles-mêmes, pourrait finir par adopter un comportement "inattendu", et créer une menace pour l'humanité.