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Accord entre Fox News et Dominion dans l'affaire de diffamation sur la présidentielle de 2020

La chaîne américaine Fox News a trouvé un accord de dernière minute avec l'entreprise de machines de vote électronique qui lui réclamait de lourds dommages-intérêts pour diffamation lors de l'élection présidentielle de 2020, a annoncé mardi le juge chargé de l'affaire. 

C'est un accord de dernière minute. Fox News et l'entreprise Dominion Voting Systems ont trouvé un accord, mardi 18 avril, alors que le procès pour diffamation lors de l'élection présidentielle américaine de 2020 allait débuter.

"Les parties ont résolu leur litige", a annoncé le juge Eric Davis aux jurés, au tout début du procès devant la cour supérieure de l'Etat du Delaware (est). Il n'a donné aucun détail, notamment financier, alors que l'entreprise Dominion Voting Systems réclamait encore mardi matin 1,6 milliard de dollars de dommages-intérêts à la chaîne préférée des conservateurs américains.

Il n'a donné aucun détail, notamment financier, alors que l'entreprise demandait encore mardi matin 1,6 milliard de dollars de dommages-intérêts à la chaîne préférée des conservateurs américains.

Quels que soient les termes financiers, un accord évite ainsi à la perle de l'empire médiatique de Ruper Murdoch de subir "le procès en diffamation du siècle" comme l'a qualifié le New York Times. Et à Rupert Murdoch, 92 ans, la perspective de devoir témoigner à la barre.

Le juge Eric Davis avait reporté l'audience de lundi à mardi, un délai qui laissait supposer des négociations de dernière minute entre, d'un côté, la chaîne et sa maison mère Fox Corporation et, de l'autre, l'entreprise Dominion Voting Systems.

La procédure a déjà donné lieu à un déballage embarrassant pour Fox News, avec la publication d'échanges de courriels ou de SMS montrant que des vedettes de la chaîne, et même Rupert Murdoch, ne croyaient guère, en novembre 2020, au scénario d'une élection truquée, pendant que les accusations faisaient florès à l'antenne.

"Le méchant"

Le procès était très attendu aux États-Unis, où il était vu comme un test pour les limites de la liberté d'expression, garantie par le premier amendement de la Constitution, tout autant que pour la lutte contre la désinformation.

Au total, l'entreprise Dominion Voting Systems, qui opérait dans 28 États durant l'élection de 2020, réclamait 1,6 milliard de dollars de dommages et intérêts devant ce tribunal civil.

Accord entre Fox News et Dominion dans l'affaire de diffamation sur la présidentielle de 2020

Une somme faramineuse mais à la hauteur, selon l'entreprise, du préjudice pour avoir été présentée sur la chaîne la plus regardée du câble américain comme "le méchant" d'une "histoire inventée de toutes pièces" après la présidentielle de novembre 2020 perdue par Donald Trump, écrit-elle dans sa plainte.

Dans une ambiance tendue, le républicain accusait sans preuves le camp Biden de fraudes en tout genre. Et ses conseillers, Rudy Giuliani et Sidney Powell, pointaient quasi quotidiennement du doigt Dominion sur les plateaux de Fox News.

Durant la phase préparatoire, le juge Eric Davis a jugé "clair comme de l'eau de roche qu'aucune affirmation sur Dominion lors de l'élection de 2020 (n'était) vraie". Dominion pointait vingt extraits qu'il jugeait diffamatoires.

"Vraiment fou"

Incontournable dans le camp conservateur, et régulièrement accusée de se faire l'écho de théories conspirationnistes, Fox News jouait gros et voulait faire du procès un cas emblématique de la liberté de la presse.

Pour la chaîne, il était légitime de donner la parole au camp Trump quand il contestait le vote et "essentiel pour la recherche de la vérité" de laisser s'exprimer toutes les parties.

Mais Dominion Voting Systems s'appuyait sur les discussions internes pour soutenir que Fox News mentait à dessein, pour ne pas perdre ses téléspectateurs acquis à Donald Trump.

Accord entre Fox News et Dominion dans l'affaire de diffamation sur la présidentielle de 2020

Un "truc vraiment fou. Et dommageable", écrivait ainsi le 19 novembre 2020 le grand patron, Rupert Murdoch, dans un courriel intitulé "en train de regarder Giuliani !", à la patronne de Fox News, Suzanne Scott. "Il faut la virer", disait aussi l'une des vedettes de la chaîne, Tucker Carlson, à la vision d'un tweet d'une journaliste de la chaîne balayant les accusations de fraude.

"Cela nuit considérablement à l'entreprise. Le cours de l'action est en baisse. Ce n'est pas une blague", ajoutait-il.

Avec AFP