Deux élus démocrates du Tennessee, qui avaient manifesté il y a une semaine pour un meilleur encadrement des armes à feu ont été exclus du parlement de cet Etat. Une mesure rare dénoncée comme un acte raciste et condamné par la Mason Blanche. La vice-présidente, Kamala Harris est attendu sur place vendredi.
La polémique enfle aux États-Unis après l'exclusion de deux jeunes élus noirs du Tennessee ayant manifesté au sein du parlement local pour réclamer un encadrement plus strict des armes à feu, une mesure dénoncée vendredi 7 avril comme raciste et qui a ravivé chez certains les plaies pas si anciennes de la ségrégation.
Cette sanction extrêmement rare, que la Chambre des représentants de cet État du Sud a appliquée aux deux Afro-Américains démocrates mais pas à une troisième élue blanche, a été critiquée jusqu'à Washington, où le président Joe Biden l'a jugée "choquante" et "antidémocratique".
La vice-présidente, Kamala Harris, est attendue à Nashville pour rencontrer "des élus locaux, des jeunes et des militants (...) qui ont exigé de leurs élus qu'ils prennent des mesures significatives contre la violence par arme à feu", selon un responsable de la Maison Blanche. Elle va également réitérer un appel au Congrès à bannir les fusils d'assaut.
D'après le quotidien USA Today, la vice-présidente va s'entretenir avec les trois élus démocrates visés jeudi par un vote de leurs collègues républicains pour ne pas avoir respecté le décorum de l'assemblée.
Mégaphone au Capitole
Le 30 mars, quelques jours après une tuerie dans une école chrétienne de Nashville, Justin Jones, Justin Pearson et Gloria Johnson avaient rejoint des centaines de manifestants dans l'enceinte du parlement pour exiger une régulation plus stricte des armes à feu.
Les protestataires étaient entrés dans le Capitole du Tennessee pour interpeller les élus réunis en session.
As a student horrified by older generations' refusal to get rid of assault weapons killing my peers, I’m furious at WTF is happening in Tennessee.
3 Democrats protest in favor of gun control and Tennessee House Republicans expel them.
3 Democrats protest so kids won’t get… pic.twitter.com/Bit4ochbQr
Justin Jones et Justin Pearson avaient notamment utilisé un mégaphone pour inviter les manifestants à crier des slogans tels que "Le pouvoir au peuple" et "Pas de paix sans actes", selon plusieurs médias.
Jeudi, leurs collègues républicains les ont sanctionnés.
"Hier, on a eu l'impression d'être en plein dans un procès de l'époque Jim Crow", a lancé lors d'une conférence de presse vendredi Jesse Chism, le vice-président du groupe parlementaire noir à l'assemblée du Tennessee, en allusion aux lois ségrégationnistes en vigueur pour certaines jusqu'au milieu du XXe siècle.
Un "précédent dangereux pour la nation"
Pour Gloria Johnson, l'élue qui a échappé de justesse à l'exclusion, les motivations étaient claires. "Je suis une femme blanche de 60 ans et eux sont deux jeunes hommes noirs", a-t-elle affirmé.
Justin Jones et Justin Pearson ont livré des plaidoyers passionnés contre leur exclusion, qui leur ont valu d'être salués sur les réseaux sociaux, où une photo d'eux levant le poing est devenue virale.
C'est un "précédent dangereux pour la nation", a dit Justin Jones à la chaîne MSNBC. "Si vous ne m'aviez pas dit que ça m'arrivait à moi, j'aurais pensé qu'on était en 1963, pas 2023. Parce que ce que l'on est en train de voir, c'est une super-majorité principalement blanche qui détricote la démocratie", a-t-il ajouté, affirmant que le ministère de la Justice devait examiner les conditions de l'exclusion.
Avec AFP