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Hervé Renard, globe-trotter du football, pose ses valises chez les Bleues

Après avoir quitté la sélection masculine d'Arabie saoudite, Hervé Renard a pris officiellement jeudi les rênes de l'équipe de France féminine de football. Un challenge inédit pour cet entraîneur qui aura la lourde charge de mener les Bleues à la Coupe du monde cet été puis aux JO-2024 à Paris. 

C'était un secret de Polichinelle avec son départ d'Arabie saoudite. Hervé Renard a été officiellement intronisé 9e sélectionneur de l'histoire des Bleues jeudi 30 mars. À la tête de l'équipe de France féminine de football, il succède à Corinne Diacre, évincée après une fronde de plusieurs joueuses, et aura la lourde tâche de mener son équipe vers un premier titre.  

Alors que bruissaient les noms de plusieurs entraîneurs et entraîneuses prestigieuses du football féminin (Gérard Prêcheur, Sonia Bompastor, Sandrine Soubeyrand), la FFF fait finalement fait le choix du clinquant, avec un entraîneur charismatique bien que dépourvu d'expérience avec des équipes féminines.  

"On a la chance de jouer la Coupe du monde dans cinq mois. L’année d’après il y aura les Jeux olympiques en France et peut-être l’Euro féminin encore l’année d’après. Il y a là un cycle extraordinaire à venir et je pense qu’il faut être très très ambitieux. Donc il faut changer les habitudes, sortir des sentiers battus et se donner les moyens d’aller chercher cette Coupe du monde en Australie et en Nouvelle-Zélande", argumentait Jean-Michel Aulas, membre du Comex pour défendre l'arrivée d'Hervé Renard, dans une interview récente. 

"On a la chance de jouer la Coupe du monde dans cinq mois. L’année d’après il y aura les Jeux olympiques en France et peut-être l’Euro féminin encore l’année d’après. Il y a là un cycle extraordinaire à venir et je pense qu’il faut être très très ambitieux. Donc il faut changer les habitudes, sortir des sentiers battus et se donner les moyens d’aller chercher cette Coupe du monde en Australie et en Nouvelle-Zélande", argumentait Jean-Michel Aulas, membre du Comex pour défendre l'arrivée d'Hervé Renard, dans une interview récente. 

Globe-trotter du football 

En tant que joueur, Hervé Renard n'a jamais réellement connu le haut-niveau. Ce défenseur de métier n'a même disputé qu'un seul match de Ligue 1 (à l'époque Division 1). Lorsqu'il raccroche les crampons, il monte une entreprise de nettoyage de villas sur la Côte d'Azur et commence à entraîner le modeste club amateur de Draguignan où il a terminé sa carrière.  

C'est la rencontre avec Claude Le Roy qui va faire basculer son destin. Le légendaire "sorcier blanc" lui propose de devenir son adjoint en Chine au Guizhou Renhe. Hervé Renard passe ses diplômes d'entraîneur, fait un détour par le Vietnam, puis rejoint à nouveau son mentor lorsque celui-ci pose ses valises à Cambridge en D4 anglaise. En 2008, Claude Le Roy lui fait découvrir l'Afrique   : le duo emmène le Ghana sur la troisième marche du podium à la CAN-2008. 

C'est sur ce continent qu'il se taillera sa réputation   : avec la Zambie, il écrit l'histoire. Lors de son premier passage (2008-2010), il les emmène en quart de finale. Lors de son deuxième (2011-2013), il permet au pays d'Afrique australe de remporter la première CAN de son histoire. Trois ans plus tard, il récidive avec la Côte d'Ivoire à la CAN-2015. Il qualifie sa sélection suivante, le Maroc, pour la Coupe du monde 2018.  

Reste que pour le moment, Hervé Renard n'a jamais été prophète en son pays. Ses deux derniers passages en France se sont terminés en queue de poisson   : son année à Sochaux (2013-2014) se  conclut  sur une relégation et il est limogé après six mois à Lille (2015) avec un maigre bilan de deux victoires.  

Un bosseur et un meneur 

Gaël Mahé, agent Fifa  qui a connu  Hervé Renard du temps où il était l'adjoint de Claude Le Roy avec le Ghana (2007-2008), décrit l'entraîneur comme "une personnalité à la fois rayonnante et charismatique". Il le voit comme "un technicien bûcheur, devenu aujourd'hui l'entraîneur français en poste à l'étranger le plus emblématique ".

Hervé Renard est également un meneur incontesté. Son dernier exploit en date au Mondial-2022 au Qatar l'a prouvé. Alors que son équipe, l'Arabie saoudite, est menée 1 à 0 face à l'Argentine de Lionel Messi, il mène une causerie de haut vol à la mi-temps. 

"Les gars, qu’est-ce qu’on fait ici   ?" C’est ça le pressing   ? Le pressing, ça ne veut pas dire qu’il faut jouer haut   !", reproche-t-il tout en faisant les 100 pas. Face au danger Messi et à l'attentisme de ses joueurs, il assène   : "Prenez vos téléphones et faites des photos avec lui si vous voulez   !" 

Passé la séquence reproches, il remobilise son équipe   : "Avec le ballon, vous avez été bons. Vous avez vu ce que vous avez fait   ? Vous ne sentez pas quelque chose   ?, leur demande-t-il. Revenus sur la pelouse, ses hommes ont fini  par  renverser les futurs champions du monde, signant la première surprise de la Coupe du monde (2-1). 

Un adjoint chevronné pour l'épauler 

Mais  le temps presse déjà pour Hervé Renard : il ne reste que quatre matches de préparation – contre la Colombie le 7 avril, le Canada le 11 avril, l'Irlande le 6 juillet et l'Australie le 14 juillet – avant l'entrée en lice des Bleues au  m ondial le 23 juillet à Sydney contre la Jamaïque . Hervé Renard devra donc se mettre au diapason  d'un monde qu'il connaît peu. 

Le 9e sélectionneur de l'histoire des Bleues pourrait être aidé pour cette mission par un staff plus rôdé que lui au football féminin, un atout précieux tant dans la préparation physique que dans l'étude des adversaires.  É ric Blahic, un temps évoqué pour devenir sélectionneur, pourrait tenir ce rôle. L'ancien adjoint de Corinne Diacre, qui reste apprécié de plusieurs joueuses, est revenu avec insistance dans les débats des derniers jours. 

La priorité de Renard, avant l'annonce de la liste attendue en fin de semaine pour les deux prochains matches amicaux, sera de convaincre les frondeuses de revenir en sélection.  

La capitaine Wendie Renard – aucun lien de parenté – et les attaquantes Marie-Antoinette Katoto et Kadidiatou Diani avaient clairement annoncé leur mise en retrait des Bleues, conditionnant leur retour à de "profonds changements" dans le "management". Il pourrait également choisir de rappeler l'attaquante lyonnaise Eugénie Le Sommer ou la gardienne du PSG Sarah Bouhaddi, longtemps écartées par Corinne Diacre. 

Le "bûcheur" a du pain sur la planche. "Il est temps pour moi de voler vers un nouvel horizon", a-t-il écrit sur Twitter pour annoncer son départ de la sélection saoudienne. 

Having been the coach of National team of Saudi Arabia is a great pride for me. Since August 2019, I had the chance to be an integral part of the life of this beautiful country. I have seen this team grow alongside me and achieve a fabulous World Cup
1/2 pic.twitter.com/gjEMWXgVSG

— Hervé Renard (@Herve_Renard_HR) March 28, 2023