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Bola Tinubu, du parti au pouvoir au Nigeria, a pris une légère avance dans la course présidentielle, après un décompte encore partiel. L'outsider Peter Obi a toutefois créé la surprise en remportant l'État stratégique de Lagos. Face au retard dans le décompte et aux défaillances dans le transfert électronique des résultats, les partis des deux candidats de l'opposition ont dénoncé mardi un "simulacre" et réclamé l'annulation du scrutin.

Les résultats complets de la présidentielle au Nigeria se faisaient toujours attendre mardi 28 février. Bola Tinubu, du parti au pouvoir, semble prendre une légère avance, devant Atiku Abubakar, son principal rival, après un décompte encore partiel mais déjà contesté par l'opposition, qui réclame l'annulation du scrutin.

Devancé au niveau national, l'outsider Peter Obi a toutefois créé la surprise lundi matin en remportant (de très peu) le plus grand nombre de voix dans l'État stratégique de Lagos, la bouillonnante capitale économique de 20 millions d'habitants, et pourtant fief de Bola Tinubu.

Le "parrain de Lagos", comme est surnommé Bola Tinubu du fait de son immense influence politique dans la mégapole qu'il gouverna de 1999 à 2007, n'a pas encore commenté les résultats nationaux partiels. Mais il a cependant reconnu sa défaite à Lagos dans un communiqué, appelant aussi au calme après des éruptions de violences.

"Il ne faut pas exagérer l'importance" de la victoire d'Obi à Lagos, selon Amaka Anku, analyste du groupe Eurasia. "Ce qui est important, c'est de voir ce que fait Tinubu dans le Nord – jusqu'à présent, il semble qu'il se débrouille bien – et ailleurs dans (ses fiefs du) Sud-Ouest."

14 États sur 36 comptabilisés

Plus de 87 millions d'électeurs ont voté samedi pour choisir parmi 18 candidats la personne qui aura la lourde tâche pendant quatre ans de redresser le pays le plus peuplé d'Afrique, plombé par une économie en berne, les violences récurrentes de groupes armés et de bandits, ainsi qu'un appauvrissement généralisé de la population.

Les Nigérians élisaient un successeur au président Muhammadu Buhari, 80 ans, qui se retire après deux mandats (comme le veut la Constitution), mais aussi leurs députés et sénateurs.

Lundi soir, lorsque la Commission électorale a ajourné le décompte pour le reprendre mardi à 10 h GMT, elle avait jusque là annoncé les résultats officiels de la présidentielle dans 14 États sur les 36 du pays, outre la capitale fédérale Abuja. Et Bola Tinubu, de l'APC, le parti du président sortant, menait avec plus de 3,8 millions de voix, contre 3 millions de voix pour Atiku Abubakar, le candidat du PDP, le principal parti d'opposition.

Les deux devançaient l'outsider de cette présidentielle, Peter Obi, dont la popularité auprès de la jeunesse, qui le voit comme intègre et compétent, a pris tout le monde de court : le candidat, soutenu par le Parti travailliste (LP), avait jusqu'ici remporté 1,6 million de voix. Toutefois, ces résultats ne sont absolument pas finaux, puisque la grande majorité des États restaient encore à être annoncés. Et notamment des États-clés comme Kano (Nord), Kaduna (Nord-Ouest) et Rivers (Sud-Est).

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Accusations de fraude

L'annonce des résultats complets devrait prendre du temps. Jusque là, Bola Tinubu a remporté six États (Ekiti, Ondo, Kwara, Oyo, Ogun, Jigawa), tandis qu'Atiku Abubakar en a gagné cinq (Osun, Yobe, Katsina, Adamawa, Gombe) et Peter Obi, trois (Lagos, Enugu et Nasarawa).

Le vote de samedi s'est globalement déroulé dans le calme, malgré quelques incidents sécuritaires et des couacs logistiques. Mais des retards dans le décompte et d'importantes défaillances dans le transfert électronique des résultats (expérimenté pour la première fois au niveau national) ont alimenté les inquiétudes et accusations de fraude.

Les deux principaux partis d'opposition ont réclamé mardi l'annulation du scrutin dénonçant un "simulacre" et des "manipulations massives des résultats".

"L'élection est irrémédiablement compromise et nous avons totalement perdu confiance dans l'ensemble du processus", ont déclaré lors d'une conférence de presse les représentants du PDP et du LP, demandant son "annulation" et l'organisation d'un "nouveau scrutin".

Cette course présidentielle est l'une des plus serrées que n'ait jamais connues le Nigeria. Et pour la première fois depuis le retour à la démocratie en 1999, le pays pourrait connaître un deuxième tour. Car pour être élu dès le premier tour, le vainqueur doit obtenir, outre la majorité des suffrages exprimés, au moins 25 % des voix dans les deux tiers des 36 États de la fédération auxquels s'ajoute le territoire d'Abuja.

Les voix de nombreux États du Nord n'ont pas encore été comptabilisées. Bola Tinubu, 70 ans, et Atiku Abubakar, 76 ans, tous deux musulmans, bénéficient d'une vaste assise dans cette région. Tandis que Peter Obi, un chrétien de 61 ans, pourrait compter sur les votes du Sud-Est, sa région natale.

Avec AFP

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