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Guerre en Ukraine : des psychologues face à des vies brisées par des crimes sexuels

En Ukraine, des dizaines de psychologues pansent des plaies invisibles. Celles femmes victimes de crimes sexuels. Au-delà de ces crimes de guerre particuliers, ils découvrent des habitants traumatisés par la guerre, cherchant désespérément une oreille attentive. Mélina Huet et Luke Shrago ont accompagné ces psychologues dans leur mission. Ils lèvent le voile sur des vies brisées par la violence.

À Zahal'tsi, village de la région de Kiev, l’armée russe est entrée le 20 mars 2022, occupant la commune pendant une dizaine de jours. Les stigmates de la guerre sont partout : sur ces portes criblées de balles, sur ces bâtiments éventrés. 

Dans un dispensaire plongé dans la pénombre, des femmes attendent de passer des examens médicaux. Mais les associations rencontrées ici par l'équipe de France 24 en profitent pour tenter de recueillir la parole des femmes.

Babouchka Olena évoque sobrement les traumatismes qui l'empêchent de trouver le sommeil. D'abord gênée, inquiète, elle est encouragée par les paroles bienveillantes d'Iryna Galkovska, psychologue du projet Assisto mené par la fondation Andreev Family. Elle finit par raconter l'horreur vécue par ses proches aux mains de soldats russes ivres.

Mettre des mots sur un cauchemar

Lors de ces entretiens, Iryna tente également de repérer les femmes victimes de violences sexuelles – ou, a minima, de faire passer le mot afin qu’elles se manifestent d’elles-mêmes. "Ce sont ceux qui ont commis ces crimes qui doivent avoir honte et pas les femmes qui en sont victimes".

Vasyl, chef du centre régional d’aide sociale et psychologique de Kiev, va directement au contact des habitants pour enquêter sur les violences sexuelles et sensibiliser la population. Mais il affirme que 95 % des appels reçus viennent d’Ukrainiens qui ont tout simplement besoin de se confier, de mettre des mots sur un cauchemar. 

Sous l’égide de l’organisation internationale Women for Women, Vasyl et Iryna aident actuellement 33 femmes sur les 1500 qu’ils ont accompagnées depuis août. Les polytraumatismes laissés par des mois d’occupation et un an de guerre à grande échelle sont déjà une question essentielle pour la société ukrainienne.