logo

Une professeure meurt en classe poignardée par un élève, une enquête ouverte pour "assassinat"

Une enseignante d'un établissement privé de Saint-Jean-de-Luz a été mortellement poignardée mercredi matin par un élève. Le procureur de la République de Bayonne a annoncé l'ouverture d'une enquête pour "assassinat".

"Il s'est approché d'elle et lui a planté un grand couteau dans la poitrine, sans rien dire" : une professeure d'espagnol d'un collège-lycée privé de Saint-Jean-de-Luz, dans les Pyrénées-Atlantiques, a été tuée par un élève mercredi 22 février dans une salle de cours, un drame rarissime en France.

"On ne savait pas comment réagir, il y a un élève qui a ouvert la porte et on est tous partis. Moi je me suis enfuie, je suis sortie de l'établissement et le père d'une copine est venu me récupérer, je ne me sentais pas en sécurité dans le lycée", a ajouté Inès, 16 ans, qui se trouvait dans la classe de seconde au moment des faits.

L'auteur présumé de l'agression, lui aussi âgé de 16 ans et arrêté après les faits, a été placé en garde à vue, a indiqué le parquet. Il n'était pas connu des services de police, ni de justice. Une enquête a par ailleurs été ouverte pour "assassinat". 

La victime, que les secours n'ont pu ranimer, est une professeure de 52 ans, selon le parquet. "Il s'agit d'une professeure d'espagnol qui était dans cet établissement depuis longtemps. Elle était consciencieuse", a déclaré à l'AFP Serge Hastoy, délégué FEP-CFDT du Pays-Basque.

Quand les policiers sont arrivés vers 09 h 50, l'agresseur "avait été désarmé, la scène était figée et les élèves étaient confinés", a indiqué à l'AFP une source proche du dossier, précisant qu'il "avait en sa possession une très grosse lame, d'au moins 10 centimètres". "Il n'y a pas de motifs terroristes ou de rancœur derrière les raisons de son geste qui semble plus ressembler à un coup de folie. L'élève tenait effectivement des propos incohérents", a ajouté cette source.

"Je ne connais pas vraiment ce garçon, on est juste en cours d'espagnol ensemble mais il n'y avait jamais eu de problème entre lui et la professeure en classe", a précisé Inès.

Une minute de silence

Une minute de silence sera respectée jeudi à 15 h "dans tous les établissements scolaires" de France en hommage à l'enseignante, déclaré le ministre de l'Education nationale Pap Ndiaye lors d'une conférence de presse. "C'est un jour triste pour l'Education nationale, c'est un jour triste bien sûr pour cet établissement", a-t-il ajouté, accompagné de son homologue de la Fonction publique Stanislas Guerini. 

Le collège-lycée catholique Saint-Thomas d'Aquin, où se sont produits les faits, est un établissement du centre de Saint-Jean-de-Luz, d'un peu plus de 1 100 élèves. "C'est un établissement classique, sans problématiques particulières, dans lequel les enseignants et les élèves se sentent bien," a précisé Serge Hastoy, du FEP-CFDT.

Après avoir été confinés durant environ deux heures dans leurs salles de cours, les élèves sont sortis de l'établissement à la mi-journée, à l'exception de ceux qui étaient en cours avec l'enseignante décédée, qui ont quitté les lieux deux heures plus tard, a constaté une correspondante de l'AFP.

C'est la première fois qu'un enseignant est tué dans ses fonctions en France depuis l'assassinat de Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie décapité le 16 octobre 2020 par un jeune homme islamiste radicalisé. Sa mort avait suscité une vive émotion parmi les 860 000 enseignants du pays.

Les agressions sont fréquentes mais l'AFP a recensé moins d'une dizaine de meurtres sur les quatre dernières décennies. En juillet 2014, une institutrice de 34 ans avait été poignardée à mort par la mère d'une élève dans une école d'Albi. En août 1996, alors qu'il se promenait à la feria de Dax, un professeur d'anglais de 51 ans avait été tué par deux jeunes, dont un de ses élèves recalé au baccalauréat. Le 13 septembre dans un lycée de Caen, un lycéen de 15 ans a porté un coup de couteau à la gorge à une professeure qui a été hospitalisée quelques jours.

Avec AFP