
Dans le Sud-Est ukrainien, Orikhiv vit au rythme des bombardements russes. Située à une heure de route de Zaporijjia et à 7 km de la ligne de front, la ville a été en grande partie détruite. Rares sont ceux qui sont restés. Les derniers habitants survivent dans des conditions précaires. Reportage de nos envoyés spéciaux Pauline Godart, Robert Parsons et Raid Abu Zaideh.
Arriver à Orikhiv, c’est entrer dans une ville fantôme. Sur les 14 000 habitants qui y vivaient avant la guerre, un millier à peine sont restés dans cette localité située à seulement 7 km du front. Presque tout a été détruit ou endommagé par les bombardements russes quotidiens.
Dans ce paysage apocalyptique, Valentina, 82 ans, vit avec son fils, Stanislav, retraité. Il n’a pas voulu la laisser seule. Ils passent leurs journées sans eau, sans électricité, ni réseau téléphonique. "Ma santé ne me permet plus de me déplacer beaucoup depuis que j'ai été opérée de la hanche il y a cinq ans, explique la vieille dame. C'est notre terre. J'avais l'habitude de travailler les champs ici. Comment pourrais-je laisser tout cela ? J'ai même construit cette maison, de mes propres mains."
Angoisse permanente
Pour Valentina, l’angoisse est permanente. Son existence est désormais rythmée jour et nuit par le son des bombes. "Que je sois effrayée ou non, cela fait plusieurs jours que je n'arrive pas à dormir. Et le matin, mes mains tremblent et ma tête tourne parce que je n'ai pas fermé l’œil. Mais nous survivons."
Dans leur quartier, seules quelques maisons tiennent encore debout. Presque tous leurs voisins ont fui, à l’exception de cinq d’entre eux. "Nous avons été réveillés à deux heures du matin car les fenêtres et les portes ont été soufflées par une puissante explosion, se souvient Stanislav. Tout était en feu. Nos voisins qui étaient encore là étaient tous dans la rue. Tout a brûlé."
Les rares personnes qui vivent encore dans le quartier savent que leur ville est en danger en cas de nouvelle offensive russe. Mais ils sont attachés à leurs terres, à leurs maisons. Toute leur vie est ici et ils préfèrent prendre le risque de rester.