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Les 193 pays planchent sur une déclaration a minima

Une déclaration politique peu contraignante est actuellement présentée aux 193 pays présents à Copenhague. Elle prévoit de limiter la hausse des températures à 2 degrés et d'accorder 100 milliards de dollars d'aides aux pays en développement.

Une limitation du réchauffement climatique à deux degrés et une enveloppe annuelle de 100 milliards de dollars destinée à aider les pays en voie de développement à s'industrialiser tout en respectant l'environnement : tels sont les deux principaux objectifs cités dans l’accord politique sur le climat concocté par un comité de 26 pays, la nuit dernière, qui est actuellement présenté aux 193 délégations présentes au sommet.

"C’est un texte qui contient de grands principes sur la nécessité de lutter contre les changements climatiques et de financer les pays du Sud", résume Jean-Stéphane Devisse, directeur des programmes de WWF, qui est présent à Copenhague. Cet accord global en chapeaute deux autres plus précis encore en cours de négociation. L’un prolonge le protocole de Kyoto, l’autre énumère les mesures à prendre pour limiter le réchauffement de la planète à deux degrés.

Les délégations semblent donc s'accorder sur un point au moins : une hausse maximale de deux degrés des températures moyennes de la planète par rapport à l’ère pré-industrielle. Reste qu'aucune mention n’est faite de ce qu'implique le respect d'un tel objectif... Il a été question, ces jours derniers, d'imposer une baisse des émissions de gaz à effet de serre de 50 % sur l’ensemble de la planète à l'horizon 2050 - et de 80 % dans les pays qui sont les plus gros pollueurs. "Nous espérions même des objectifs plus précis à moyen terme, pour 2020", reprend Jean-Stéphane Devisse. Mais, selon Reuters, qui s’est procuré une copie de l’accord, le texte présente des "blancs" à l'endroit où doivent se trouver les passages concernant les objectifs de réduction des émission de gaz à effet de serre d'ici 2020. 

Un consensus paraît également avoir été trouvé sur le financement d'un développement "propre" des pays "pré-industrialisés". La déclaration politique prévoit le déblocage d'une enveloppe de 30 milliards de dollars à court terme (2010-2012) et d'un budget de 100 milliards de dollars par an à l'horizon 2020.

En revanche, les négociations achoppent encore sur le moyen de surveiller l’application de l’accord. Plusieurs pays - notamment la Chine - se montrent très réticents à l'idée de faire évaluer leurs politiques environnementales par des organismes internationaux. Le président français Nicolas Sarkozy a confirmé, ce matin, que le refus chinois d’un organisme de contrôle reste l’un des principaux points de blocage.

Les négociations pourraient toutefois bénéficier d’un coup d’accélérateur avec l’arrivée du président américain Barack Obama, vendredi. Sa présence suscite beaucoup d’espoirs. "Nous attendons beaucoup de sa venue et espérons qu’il avancera des chiffres ambitieux. Il faut une impulsion plus forte des États-Unis, ce serait un facteur pour faire bouger les Chinois", avance Elvire Fabry, chercheuse au think-tank "Notre Europe" et co-auteur de l'ouvrage intitulé "Environnement et compétitivité : Une stratégie globale pour l’Europe".

Un webdocumentaire FRANCE 24 - RFI

Jeudi, plusieurs pays ont évoqué la possibilité qu’aucun accord ne soit signé. "Revenir avec un accord vide de sens serait bien pire que revenir les mains vides", a ainsi déclaré le porte-parole de la Maison Blanche. Dans le même temps cependant, le Brésil et la France se sont employés à faire en sorte qu'un accord contraignant soit mis en œuvre. "Si on est là, c'est qu'on avait besoin de nous, sinon ce n'était pas la peine de venir", a relevé le président français Nicolas Sarkozy, avant de clamer : "On court à la catastrophe". La conférence de Copenhague pourrait se prolonger durant le week-end, voire jusqu’à lundi.

L’ensemble de l’accord - si accord il y a... - devra être retravaillé dans le détail par un "comité des sages" constitué de différents groupes de travail qui plancheront sur chacune des thématiques qu'il contient. Son contenu définitif pourrait être adopté lors du prochain rendez-vous international sur le climat, à Mexico, en décembre 2010, avancent certains négociateurs. Une échéance jugée trop lointaine par l’ancien vice-président américain Al Gore, qui plaide pour que la conférence de Mexico soit avancée à juillet prochain...

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Barack Obama à Copenhague
Les 193 pays planchent sur une déclaration a minima
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En direct de Copenhague, nos envoyés spéciaux