
Les économistes de l'Institut national de la statistique (Insee) prévoient un retour fragile de la croissance dans les prochains mois en France. Le taux de chômage poursuivra sa hausse pour atteindre les 9,8 % à la mi-juin 2010.
AFP - La reprise se confirme en France mais sera "laborieuse et fragile" début 2010, la consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance, fonctionnant au ralenti tandis que le chômage continuera à augmenter, selon les prévisions publiées jeudi par l'Insee.
Dans un contexte mondial "modérément porteur", "nous ne prévoyons pas d'accélération de l'économie française d'ici la mi-2010", résume Benoît Heitz, chef de la division synthèse conjoncturelle de l'Insee.
La croissance française progresserait donc sur un rythme lent, semblable à celui enregistré depuis la sortie de récession au second trimestre 2009: une hausse du produit intérieur brut (PIB) de l'ordre de 0,3 à 0,4% par trimestre.
Une performance "modeste" qui placerait la France "dans la moyenne des pays développés", entre ceux qui connaissent une "reprise franche" comme l'Allemagne et les Etats-Unis et ceux qui peineraient à sortir de la récession, à l'instar de l'Italie, de l'Espagne ou du Royaume-Uni, selon M. Heitz.
Si le scénario de l'Insee se réalise, la France aura enregistré une croissance de 1,1% à l'issue du premier semestre 2010. Le gouvernement table pour l'instant officiellement sur une hausse du PIB de 0,75% sur l'ensemble de 2010 mais le Premier ministre François Fillon estime pouvoir atteindre 1,5%.
En 2009, le PIB reculerait de 2,3%, selon les derniers calculs de l'Insee. Un petit peu plus que la prévision officielle (-2,25%) et que ne l'espérait Nicolas Sarkozy qui tablait récemment sur -2,1% à -2%.
"La croissance française reste portée par la consommation, son moteur traditionnel, mais c'est un moteur qui fonctionne au ralenti", explique Sandrine Duchêne, chef du département de la conjoncture de l'Insee.
Jusqu'en 2007, la consommation des ménages français progressait d'environ 2 à 2,5% par an en moyenne. Elle ne devrait augmenter que de 0,7% en 2009, après 0,9% l'année précédente, début de la crise. Au premier semestre 2010, la consommation progresserait de 1,1%.
Parallèlement, le marché du travail continuerait encore de se dégrader, même si le rythme des destructions d'emplois devrait ralentir: 125.000 au premier semestre 2010 après 170.000 au second semestre 2009. Fin juin 2010, le taux de chômage grimperait tout de même à 9,8% de la population active en France métropolitaine, retrouvant ainsi son niveau de 1999.
En raison du chômage, mais aussi d'un retour de l'inflation (+1,0% en rythme annuel fin décembre et +1,5% fin juin 2010) et d'un moindre soutien des prestations sociales, le pouvoir d'achat des ménages devrait peu augmenter: seulement +0,5% en moyenne au premier semestre 2010, contre +1,2% au semestre précédent.
L'investissement devrait connaître un redressement progressif, tant pour les ménges que pour les entreprises, mais il sera loin de renouer avec ses niveaux d'avant la crise.
Après une chute de 9,6% en 2009, l'investissement des Français, principalement constitué d'achats en logements neufs, devrait ainsi encore reculer de plus de 6% au premier semestre 2010.
Le redressement serait plus net pour les entreprises, mais resterait pénalisé par la mollesse de la demande, tant intérieure qu'étrangère. Après une baisse de plus de 7% sur l'ensemble de 2009, l'investissement des entreprises redémarrerait légèrement au début 2010.
Les dernières enquêtes de l'Insee laissent toutefois penser que le moral des industriels "marque le pas" et "le message véhiculé est plutôt celui d'un ralentissement de l'activité", relève Mme Duchêne pour illustrer le "caractère hésitant" du climat économique actuel.