La visite du pape en Afrique subsaharienne s'achève dimanche avec une messe en plein air à Juba, au Soudan du Sud, où il a appelé à "déposer les armes de la haine et de la vengeance" dans ce pays où la guerre civile a fait 380 000 morts et des millions de déplacés internes.
Le pape François a appelé, dimanche 5 février, à "déposer les armes" au Soudan du Sud, lors d'une messe en plein air dans la capitale Juba marquant la fin de sa visite dans ce pays.
Tout au long de sa visite de 48 heures, le pape a multiplié les appels à la paix dans ce pays à majorité chrétienne de 12 millions d'habitants, en proie de 2013 à 2018 à une guerre civile entre les partisans des deux dirigeants ennemis Salva Kiir et Riek Machar, qui a fait 380 000 morts et des millions de déplacés internes.
"Déposons les armes de la haine et de la vengeance (...) ; surmontons ces antipathies et aversions qui, au fil du temps, sont devenues chroniques et qui risquent d'opposer les tribus et les ethnies", a lancé le pape devant quelque 70 000 fidèles.
Avant la messe, le pape a salué et béni la foule lors d'un tour à bord de sa "Papamobile", au rythme des youyous et des tambourins. "Bienvenue au Soudan du Sud !", ont entonné les fidèles dans un chant en anglais à son passage, en agitant des drapeaux du plus jeune État du monde et du Vatican.
Après une prière œcuménique samedi soir, de nombreux fidèles ont passé la nuit au Mausolée John Garang, du nom du chef historique de la rébellion sudiste, mort dans un mystérieux crash d'hélicoptère en 2005 et chantre d'un Soudan fédéral uni, laïque et démocratique. D'autres ont afflué tout au long de la nuit par les routes poussiéreuses de la ville, vêtus de tenues traditionnelles. Certains portaient une croix autour du cou ou une image du pape.
Un "sursaut" pour la paix
Le souverain pontife devait quitter Juba pour Rome vers 11 h 30 (9 h 30 GMT). Dans l'avion, il donnera sa traditionnelle conférence de presse, aux côtés des chefs des Églises d'Angleterre et d'Écosse, représentants des deux autres confessions chrétiennes du Soudan du Sud, avec lesquels il a effectué cette visite.
Dès son arrivée, le pape avait appelé la classe politique à un "sursaut" pour la paix et fustigé le fléau de la corruption.
L'ONU et la communauté internationale accusent régulièrement les dirigeants sud-soudanais de maintenir un statu quo, d'attiser les violences, de réprimer les libertés politiques et de détourner les fonds publics. Les armées personnelles de Salva Kiir et Riek Machar sont également accusées de crimes de guerre.
Malgré un accord de paix signé en 2018 dans ce pays qui a obtenu son indépendance du Soudan en 2011, les violences perdurent. Jeudi, à la veille de l'arrivée du pape, au moins 21 personnes avaient été tuées lors d'un vol de bétail dans le sud du pays.
En 2019, François avait reçu les deux frères ennemis au Vatican et s'était agenouillé pour leur embrasser les pieds en les suppliant de faire la paix, un geste fort qui n'avait pourtant pas été suivi d'avancée concrète.
Avant Juba, François a effectué une visite de quatre jours à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, où il a notamment condamné les "atroces cruautés" des groupes armés dans l'est du pays.
Cette visite est la 40e du pape argentin à l'étranger depuis son élection en 2013, la troisième en Afrique subsaharienne.
Avec AFP