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"Je rêve d'être régularisé" : Moussa est toujours sans-papiers après dix ans de travail en France

En France, les travailleurs sans-papiers occupent un grand nombre de postes, principalement dans l'hôtellerie, la restauration, le bâtiment ou le nettoyage. Tous risquent l'expulsion, malgré des emplois qui pallient un manque de main-d'œuvre. France 24 est allée à la rencontre de Moussa, éboueur sans-papiers travaillant en France depuis dix ans. 

Tous les matins, Moussa* part travailler avec la boule au ventre. Il a beau travailler depuis dix ans en France, il reste sans-papiers.

"Vu ma situation, je n'ai jamais été tranquille depuis que je suis ici, témoigne-t-il anonymement en se rendant à son travail. On ne sait jamais, en cas de contrôle... Tant que tu n'as pas de documents, tu es toujours dans la peur."

La peur constante d'être expulsé vers le Mali, son pays natal qu'il a fui en 2013. "Je me sentais en danger, explique-t-il. Les djihadistes sont venus et voulaient instaurer la charia, la situation était catastrophique. J'ai dit à ma mère qu'il fallait que je quitte le pays pour les aider financièrement et chercher une vie meilleure."

En dix ans de présence en France, il a toujours travaillé. D'abord dans le nettoyage, puis dans le bâtiment, et maintenant dans le ramassage des ordures. Pour se faire embaucher, il a pris les papiers d'un proche, un "alias", qu'il paie 10 % de son salaire. 

Moussa est loin d'être le seul dans son cas dans son entreprise : la moitié est dans la même situation que lui. L'entreprise peine à recruter et a recours à des éboueurs intérimaires pour pallier le manque de personnel. 

"Quand tu es sans-papiers, tu ne pars pas en vacances, décrit Moussa. Tu peux travailler dix heures par jour, au lieu de sept. Pour eux, ce sont des avantages".