![Des experts s'alarment du déclin des oiseaux des jardins qui se confirme en France Des experts s'alarment du déclin des oiseaux des jardins qui se confirme en France](/data/posts/2023/01/28/1674921663_Des-experts-s-alarment-du-declin-des-oiseaux-des-jardins-qui-se-confirme-en-France.jpg)
Bien que les experts constatent une présence plus abondante des oiseaux dans les jardins en hiver, en raison notamment des migrations ou de changements de comportements, la population de volatiles communs de France continue de se dégrader, selon la Ligue pour la protection des oiseaux.
Constater la diversité et le déclin des oiseaux. C'est ce que propose l'Observatoire des oiseaux des jardins, géré par la LPO et le MNHN, le plus important dispositif français de sciences participatives impliquant au grand public, les 28 et 29 janvier prochains. L'opération, lancée en 2012, a pour but de compléter et confirmer les tendances observées dans la nature par les experts.
Car les nouvelles ne sont pas bonnes pour les oiseaux communs. En dépit d'une présence plus abondante dans les jardins français en hiver, en raison des migrations ou de l'évolution de leur comportement, leurs effectifs continuent globalement de reculer depuis dix ans.
Depuis 2012, l'Observatoire des oiseaux des jardins, une vaste opération de science participative menée sous l'égide de la Ligue de protection pour les oiseaux (LPO) et du Muséum national d'histoire naturelle (MNHN), recense parallèlement chaque dernier week-end de janvier et de mai la présence des volatiles les plus communs à partir d'observations de 85 000 particuliers (dont plus de 28 000 en 2022).
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"Une véritable hécatombe"
Son bilan semble à première vue contrasté : en hiver, 49 % des espèces d'oiseaux ressortent en augmentation, comme le choucas des tours, 20 % sont stables et 11 % déclinent (mésanges noires), alors qu'au printemps les tendances s'inversent totalement, avec 41 % d'espèces en régression (accenteur mouchet, hirondelles), 24 % stables et 2 % en progression (huppe fasciée, linotte mélodieuse), selon l'Observatoire. Mais pour le président de la LPO, Allain Bougrain-Dubourg, il ne faut pas s'y tromper. "Le constat est clair, c'est un déclin alarmant, et pour certaines espèces une véritable hécatombe que l'on observe."
Une observation qui corrobore les dernières études en date : en 2021, l'Office français de la biodiversité et le MNHN avaient alerté sur le déclin de 30 % des oiseaux communs en France, se basant sur des observations d'ornithologues professionnels. L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) fait elle état d'une menace de disparition concernant 32 % des oiseaux nicheurs de France.
Comment expliquer des chiffres si opposés entre hiver et printemps ? Tout simplement parce qu'"en hiver, on a plusieurs interférences qui interviennent", explique l'ornithologue Benoît Fontaine.
Parmi elles, l'afflux d'oiseaux migrateurs qui repartent au printemps, comme la fauvette à tête noire dont la présence a augmenté de 57 % ces dix dernières années dans les jardins français. Un phénomène amplifié par le changement climatique. Il a conduit cette espèce qui, autrefois migrait en Espagne, à s'arrêter désormais en France en raison de températures plus clémentes, faisant d'autant gonfler les statistiques.
Les effets de la pollution et du réchauffement climatique
Autre biais, le changement de comportement de certains volatiles qui, touchés par la pollution ou la baisse des insectes liées à l'agriculture intensive, auraient "commencé à exploiter les jardins comme point d'alimentation, à une période où les ressources naturelles viennent à manquer" dans leur milieu d'origine, indique la LPO.
Parmi les espèces les plus emblématiques de ces phénomènes de report, on trouve le chardonneret élégant, espèce menacée, mais qui voit sa présence augmenter de 83 % dans les jardins français.
Comme lui, le moineau domestique, chassé des villes (-73 % à Paris entre 2003 et 2016) ou le rouge-gorge familier (-17 % en 18 ans) restent pourtant stables dans les jardins.
"Les jardins, malgré un écosystème qui leur est propre, ne font que refléter des tendances de fonds", explique Benoît Fontaine.
Des espèces sauvées
Parmi elles, l'explosion de certaines espèces opportunistes, comme les pigeons ramier, passés de la 17e à la 9e place des espèces les plus observées en hiver (+3 places au printemps) et dont la population hexagonale a grimpé de 78 % entre 2000 et 2018.
Même chose pour la perruche à collier, qui entre 2013 et 2022, a vu sa présence décuplée dans les jardins hexagonaux.
À l'inverse, les jardins ne sont parfois que les témoins impuissants de la lente érosion de certains volatiles, comme le martinet noir (-46 %) ou le verdier d'Europe (-46 %), victimes de la dégradation de leurs habitats naturels.
"Pour certaines espèces emblématiques d'oiseaux sauvages, comme les cigognes ou les faucons pèlerins", menacés dans les années 1970, "on a réussi à les sauver grâce à des programmes de conservation. Mais pour les oiseaux de proximité, ce sont tous nos modes de vie qu'il va falloir changer si on veut avoir une chance d'endiguer le déclin", conclut Allain Bougrain-Dubourg.
Avec AFP
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