Au moins dix Palestiniens ont été tués lors d'opérations israéliennes, jeudi et vendredi, en Cisjordanie et à Gaza. La dernière frappe a été présentée comme une réponse à des frappes du Hamas.
Nouvelle flambée de violences au Proche-Orient. Israël a procédé vendredi 27 janvier à des frappes sur la bande de Gaza en réponse à des tirs de roquettes imputés au Hamas, après des opérations israéliennes qui ont tué dix Palestiniens en Cisjordanie.
L'armée israélienne a annoncé avoir mené au moins deux séries de frappes contre la bande de Gaza. Aucune victime n'a été signalée.
Les explosions ont notamment touché la ville de Gaza, ont constaté des journalistes de l'AFP. La branche armée du Hamas a affirmé avoir riposté avec des batteries anti-aériennes et des missiles sol-air.
"Massacre"
Jeudi, neuf Palestiniens avaient été tués à Jénine lors d'un raid décrit par l'armée israélienne comme une opération contre des activistes islamistes dans le camp de réfugiés de cette ville du nord de la Cisjordanie occupée.
Les Nations unies n'ont pas recensé de bilan aussi élevé en une seule opération israélienne en Cisjordanie depuis qu'elles ont commencé à comptabiliser les victimes du conflit israélo-palestinien, en 2005.
Un dixième Palestinien a été abattu jeudi à Al-Ram, près de Ramallah, a indiqué le ministère israélien de la Santé.
Dans l'ensemble, il s'agit de la séquence la plus meurtrière du conflit israélo-palestinien depuis la flambée de violence entre l'armée israélienne et le Jihad islamique à Gaza – pendant laquelle 49 Palestiniens au moins, parmi lesquels des combattants mais aussi des civils dont des enfants, avaient péri en trois jours d'août 2022.
L'Autorité palestinienne a dénoncé "un massacre" et annoncé mettre fin à la coopération sécuritaire avec Israël, une première depuis 2020. Le département d'État américain a dit regretter cette décision, jugeant "très important que les parties maintiennent voire approfondissent leur coordination sécuritaire".
"Désescalade"
Le chef de la diplomatie américaine, Anthony Blinken, doit se rendre lundi et mardi en Israël et Cisjordanie pour insister, selon Washington, sur "la nécessité urgente de prendre des mesures de désescalade".
"Depuis le début de l'année, nous continuons d'observer les niveaux élevés de violence et les tendances négatives qui ont caractérisé 2022", a regretté l'émissaire de l'ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland, jugeant "essentiel de faire baisser immédiatement les tensions".
Selon l'armée israélienne, le raid mené dans le camp de Jénine était une "opération de contre-terrorisme" visant des membres de l'organisation Jihad islamique qui, d'après le ministre de la Défense Yoav Gallant, planifiaient une attaque en Israël.
La ministre palestinienne de la Santé, Mai al-Kaila, a accusé les soldats d'avoir tiré du gaz lacrymogène à l'intérieur de l'unité pédiatrique de l'Hôpital gouvernemental local, ce que l'armée a démenti.
Le directeur de l'hôpital, Wissam Bakr, a indiqué que du gaz lacrymogène avait été tiré "dans le périmètre" de son établissement. "Le gaz a atteint le service pédiatrique, posant un danger pour les enfants, qui ont été transférés vers un endroit sûr loin des affrontements", a-t-il dit à l'AFP.
"Personne n'a tiré du gaz lacrymogène volontairement dans un hôpital (...) mais l'opération se déroulait non loin de l'hôpital et il est possible que du gaz lacrymogène soit entré par une fenêtre ouverte", a affirmé à l'AFP un porte-parole militaire israélien. L'armée avait auparavant rapporté avoir tiré sur plusieurs "terroristes". Aucun soldat n'a été blessé, a-t-elle ajouté.
"La résistance est partout"
Israël "ne cherche pas d'escalade" mais se prépare "à tous les scénarios", a affirmé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, d'après un communiqué.
La diplomatie saoudienne a "vivement" dénoncé "l'incursion" israélienne, que le Qatar a qualifiée de "prolongement des crimes odieux" contre "le peuple palestinien sans défense".
Majeda Obeid, 61 ans, a été tuée alors qu'elle regardait les affrontements par sa fenêtre dans le camp de Jénine, a déclaré sa fille Kefiyat à l'AFP. "Elle a été touchée d'une balle dans le cou et s'est effondrée contre le mur puis au sol", a-t-elle dit, dans le salon familial où du sang recouvre le bord d'un tapis.
"La résistance est partout et est prête pour le prochain affrontement", a commenté Tariq Salmi, porte-parole du Jihad islamique, dans un communiqué.
Peu après minuit (22 h GMT) dans la nuit de jeudi à vendredi, deux roquettes avaient été tirées de la bande de Gaza en direction du territoire israélien, selon des témoins et des sources de sécurité locales. Les deux tirs, non immédiatement revendiqués, ont été interceptés par le système de défense antiaérien, a indiqué un porte-parole de l'armée israélienne.
Avec AFP