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Covid-19 : de plus en plus de pays imposent des tests négatifs aux voyageurs venant de Chine

Depuis que Pékin a levé ses restrictions anti-Covid, le nombre de cas s'envole en Chine et les hôpitaux sont débordés par les personnes contaminées. De plus en plus de pays choisissent d'imposer des tests obligatoires à tous les voyageurs en provenance de l'Empire du milieu, à l'instar de la France et du Royaume-Uni.

Jouer la prudence face au Covid-19. Telle est l’attitude adoptée par la France et le Royaume-Uni qui ont rejoint, vendredi 30 décembre, un nombre croissant de pays dans le monde ayant décidé d'imposer des contrôles aux passagers venant de Chine, après la levée par Pékin de restrictions anti-Covid, une précaution jugée "compréhensible" par l'OMS. 

Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a toutefois estimé de son côté que la mise en place d'un dépistage dans l'UE serait pour l'heure "injustifié", au vu du niveau d'immunité en Europe et de la présence des mêmes variants du Covid-19 qu'en Chine.

Des hôpitaux chinois débordés

Trois ans après l'apparition des premiers cas de coronavirus à Wuhan, la Chine a mis fin le 7 décembre, sans préavis, à sa politique draconienne dite du "zéro Covid". Depuis 2020, celle-ci avait permis à la population d'être largement protégée du virus, grâce à des tests de dépistage généralisés et à un suivi strict des déplacements, mais au prix de confinements et quarantaines obligatoires dès la découverte de cas.

Ces mesures draconiennes, qui tenaient le pays largement isolé du reste de la planète, ont porté un rude coup à la deuxième économie mondiale et provoqué en novembre des manifestations de mécontentement inhabituelles.

Depuis la levée des restrictions, les hôpitaux chinois sont submergés par une déferlante de malades pour la plupart âgés, et vulnérables car peu ou pas vaccinés, tandis que nombre de pharmacies manquent de médicaments contre la fièvre.

Fin des dépistages généralisés

En dépit du rebond épidémique, les autorités vont cesser le 8 janvier les quarantaines obligatoires à l'arrivée en Chine et autoriser les Chinois à voyager à l'étranger, après trois ans de frustrations.

Par précaution, les États-Unis et plusieurs autres pays, dont l'Italie, le Japon ou Israël, ont annoncé qu'ils exigeraient des tests négatifs des passagers provenant de Chine. La Corée du Sud voisine a pris vendredi la même décision, effective jusqu'à "février de l'année prochaine", a indiqué son Premier ministre, Han Duck-soo.

L'Espagne a prévu de son côté d'exiger "un test négatif" ou "un schéma complet de vaccination" pour les voyageurs venant de Chine.

La France, a annoncé le gouvernement, et le Royaume-Uni, selon des médias, ont dans la foulée aussi décidé d'imposer des tests négatifs aux voyageurs venant de Chine.

Vendredi aussi, Israël a "décidé d'ordonner aux compagnies aériennes étrangères d'accepter des citoyens étrangers sur un vol de la Chine vers Israël uniquement si ces derniers ont été testés (négatifs) au Covid", a annoncé le tout nouveau ministre de la Santé, Arié Dery.

Ces mesures sont "compréhensibles" au vu du manque d'informations fournies par Pékin, a estimé le chef de l’OMS. "En l'absence d'informations complètes venant de Chine, il est compréhensible que des pays prennent les mesures dont ils pensent qu'elles protégeront leur population", a-t-il déclaré.

Covid-19 : de plus en plus de pays imposent des tests négatifs aux voyageurs venant de Chine

Illustrant les divisions en Europe sur la réponse à apporter à la nouvelle situation en Chine, l'Allemagne plaide pour sa part en faveur d'une surveillance des variants du Covid dans les aéroports européens, sans aller jusqu'à imposer des tests.

Les autorités sanitaires chinoises ont quant à elles assuré jeudi avoir toujours publié des données "dans une volonté d'ouverture et de transparence", selon des propos cités par l'agence officielle Chine nouvelle.

Vendredi, seuls 5 515 nouveaux cas et un décès ont été annoncés par le Centre chinois pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). Des chiffres qui ne semblent toutefois plus refléter la réalité, les dépistages généralisés n'étant plus obligatoires.

En quête d'une "approche coordonnée" européenne

La Chine maintient ses frontières largement fermées aux ressortissants étrangers depuis 2020.

Le pays ne délivre plus de visas touristiques depuis bientôt trois ans et impose une quarantaine obligatoire à l'arrivée. Cette mesure d'isolement sera levée le 8 janvier mais un test de dépistage de moins de 48 heures sera toujours exigé.

En France, le président Emmanuel Macron a "demandé des mesures adaptées de protection" des Français au gouvernement.

À Bruxelles, une réunion informelle convoquée par la Commission européenne, visant à une "approche coordonnée" des États membres, n'a pas donné lieu à ce stade à une prise de décision.

Les voyageurs chinois compréhensifs

À l'aéroport international de Pékin-Capitale, la plupart des Chinois interrogés jeudi par l'AFP se montraient compréhensifs à l'égard des mesures prises vis-à-vis de la Chine.

"Chaque nation a ses propres inquiétudes et sa manière de se protéger", estime Huang Hongxu. Ce Chinois de 21 ans souligne que la propagation possible de nouveaux variants est une source de préoccupation.

Un voyageur a pour sa part qualifié ces mesures d'"inutiles" auprès de l'AFP. "C'est un peu discriminatoire", souligne Hu, qui n'a pas souhaité donner son nom complet.

En Chine, "notre politique Covid pour les arrivées internationales est appliquée (de la même façon pour tous)", relève le jeune homme de 22 ans. "Pourquoi les autres pays traitent spécialement les arrivées de Chine ?"

Sur le front épidémique, les hôpitaux luttent contre une recrudescence des cas qui touche le plus durement les personnes âgées.

À Shanghai, des journalistes de l'AFP ont vu jeudi des patients masqués être acheminés sur des civières vers un hôpital de la ville. Dans l'établissement, un malade s'est plaint d'avoir attendu quatre heures pour obtenir des médicaments.

Avec AFP