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En France, 100 000 à 300 000 personnes manifestent pour une hausse des salaires

Fonction publique, énergie, transports publics, routiers, agroalimentaire, commerce... De nombreux secteurs, du public comme du privé, avaient déposé des appels à la grève pour la journée de mardi afin de réclamer une hausse des salaires et l'arrêt des réquisitions de grévistes dans les raffineries. Près de 150 points de rassemblement étaient prévus en France. À Paris, le cortège a réuni 70 000 manifestants assure la CGT, seulement 13 000, selon le ministère de l'Intérieur.

Des milliers de personnes sont descendues dans la rue, mardi 18 octobre, en France pour la journée de "mobilisation et grève" interprofessionnelle pour une hausse des salaires et contre les réquisitions de grévistes dans les raffineries.

À Paris, le cortège fort de plus de 70 000 manifestants selon la CGT s'est élancé vers 14 h 15 de la place d'Italie, derrière une banderole appelant à des augmentations et au "respect du droit de grève". 

De son côté, le ministère de l'Intérieur n'a dénombré que 13 000 manifestants dans la capitale et 107 000 dans toute la France. La CGT en revendique 300 000.

Des incidents sont survenus en fin d'après-midi, avec quelques vitrines brisées par des casseurs et des affrontements, notamment à coups de projectiles, entre des manifestants vêtus de noir et les forces de l'ordre. La préfecture de police a fait état de six interpellations. 

Peu avant le départ du cortège, le numéro un de la CGT Philippe Martinez a plaidé pour "un plan Orsec" sur les salaires et promis qu'il y aurait "des suites" à ce mouvement, jugé déjà "plus fort" que lors de la dernière journée d'action du 29 septembre au vu du nombre de champs professionnels appelés à cesser le travail.

À ses côtés, Murielle Guilbert (Solidaires) a pointé un gouvernement "un peu fébrile", estimant comme Benoît Teste (FSU) que le "combat pour les salaires" allait se poursuivre. Frédéric Souillot (FO) a jugé, lui, qu'avec les réquisitions mises en œuvre par le gouvernement pour faciliter la distribution de carburant, un "palier" avait été franchi.

Parmi les pancartes visibles dans le cortège : "Arrête de nous mettre des patrons dans les roues", "Bruno Le Maire passe nous ton salaire" ou encore "Total ment, Borne est au service des super profiteurs". 

Près de 150 points de rassemblement étaient prévus en France, selon la CGT, organisatrice de cette journée avec FO, Solidaires, la FSU et les organisations de jeunesse Fidl, MNL, Unef et la Vie lycéenne.

À Marseille, 2 200 personnes ont manifesté selon la police, qui a compté 2 000 participants à Martigues, au bord de l'étang de Berre, cœur de l'industrie pétrochimique dans les Bouches-du-Rhône.

Entre 1 100 (police) et 1 300 (syndicats) personnes ont répondu à l'appel à Strasbourg, dont Nadine, 45 ans, salariée dans la métallurgie, qui juge "dommage d'en arriver à un point de blocage pour que ça bouge. Mais aujourd'hui si on ne bloque rien, on ne nous entend pas".

Une grève peu suivie dans les transports   

Ils étaient, selon la police, 3 650 au Havre, 1 800 à Montpellier, 2 200 à Lyon, 2 700 à Lille et 2 600 à Rennes, où le cortège scandait : "Ça ne peut plus durer, ça va péter."

Dès le début de matinée, plusieurs lycées étaient bloqués, notamment à Paris. Le ministère de l'Éducation a annoncé un taux de grévistes de 5,67 %, grimpant à 22,94 % dans les lycées professionnels, mobilisés contre la réforme voulue par le gouvernement.

Dans les transports, la grève était modérément suivie à la RATP. Côté SNCF, malgré des perturbations en région parisienne, il n'y avait pas de problèmes majeurs sur le réseau.

En France, 100 000 à 300 000 personnes manifestent pour une hausse des salaires

Interrogé sur une éventuelle poursuite de la grève à la SNCF à l'approche des vacances de la Toussaint, Philippe Martinez a déclaré sur RTL : "Ce sont les salariés en grève qui décideront. Comme chez TotalEnergies."

Les cheminots "sont déterminés", a affirmé sur Twitter le secrétaire général de la CGT-Cheminots, Laurent Brun, pour qui la "tendance" est à la poursuite du mouvement. Mais à la RATP, il ne devrait pas être reconduit mercredi, selon Bertrand Hammache (CGT).

Quarante-huit heures après la "Marche contre la vie chère", le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon est venu en soutien dans une AG de cheminots, Gare de Lyon. "On est dans un moment où toutes les composantes du peuple français (...) doivent faire bloc et former ce front populaire face au gouvernement qui, lui, ne recule devant à peu près rien et qui oppose des 49.3 à répétition", a-t-il déclaré.

Amélioration sur le front des pénuries de carburant

Dans l'industrie pétrolière, d'où est parti le conflit fin septembre, la CGT décidera mardi soir de la suite du mouvement chez TotalEnergies, dans les équipes de raffinage et/ou de dépôt de carburants. 

La Première ministre Élisabeth Borne a fait état mardi d'une "amélioration sensible" avec moins de 25 % des stations-service désormais privées de carburant, au lieu d'un tiers, lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée.

En France, 100 000 à 300 000 personnes manifestent pour une hausse des salaires

Quelque 400 personnes se sont réunies devant la centrale de Gravelines (Nord), plus grande centrale nucléaire française, tandis que la centrale à charbon de Cordemais (Loire-Atlantique) était aussi en grève.

La précédente journée de mobilisation interprofessionnelle, le 29 septembre, avait rassemblé 118 500 personnes dont 13 500 à Paris selon la police (250 000 et 40 000 selon les organisateurs). 

Outre le sujet des salaires et des réquisitions de grévistes, d'autres ingrédients attisent la colère sociale.

Ce sont la perspective d'un 49.3  – "probablement" mercredi, selon le porte-parole du gouvernement Olivier Véran – pour faire adopter le budget à l'Assemblée, le durcissement à venir des règles d'indemnisation des chômeurs ou encore la réforme des retraites attendue pour la fin de l'année.

Avec AFP