Deux agents ont été suspendus de leurs fonctions après avoir été mis en examen pour "vol en réunion". La caméra de surveillance du magasin de téléphonie parisien où ils ont commis leur forfait a permis de les confondre.
AFP - Deux policiers, soupçonnés d'un vol dans une boutique parisienne de téléphonie, ont été suspendus mardi au lendemain de leur mise en examen après avoir été piégés par une caméra de vidéosurveillance.
Les deux policiers, en poste à la douzième section de la Direction du Renseignement de la Préfecture de Police (DRPP, ex-RG) de Paris, chargée de la lutte contre l'immigration clandestine, ont été suspendus par le préfet de police de Paris, a annoncé mardi le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, en marge d'un déplacement à Vélizy (Yvelines).
Ils ont été mis en examen lundi soir pour "vol aggravé en réunion par personne dépositaire de l'ordre public", selon une source judiciaire. Une caméra de vidéosurveillance, mise en ligne sur Internet, les a montrés entrant dans une boutique de téléphonie de la rue Louis-Blanc (Xe), où il y a une forte communauté sri-lankaise, exhibant un brassard de police et leur carte professionnelle.
La tête coiffée d'un bonnet, ils sont passés derrière le comptoir de cette boutique, tenue par un Sri-Lankais, ont procédé à un contrôle d'identité puis se sont servis en cartes téléphoniques avant de quitter le magasin, selon les premiers éléments de l'enquête.
Ils seraient entrés dans le magasin prétextant une perquisition et pourraient avoir dérobé de l'argent, selon la source judiciaire.
A l'issue de leur garde à vue à l'Inspection générale des Services (IGS, "police des polices"), les deux hommes ont été présentés à la justice.
Le parquet avait requis la détention provisoire et n'a pas été suivi par le juge des libertés et de la détention (JLD) qui les a placés sous contrôle judiciaire. Le parquet de Paris a annoncé mardi soir avoir fait appel de la décision du JLD.
Selon le parquet, il s'agit d'une "affaire complexe qui a nécessité l'ouverture d'une information judiciaire" avec la désignation du juge d'instruction Alain Nguyen Thé. "Des confrontations vont être organisées prochainement", a-t-on ajouté de source judiciaire.
Une source policière a ajouté que l'IGS travaillait sur d'autres vidéos "de même type", apparemment prises dans le même secteur et dont il reste à déterminer elle impliquent des policiers.
Le parquet a précisé que ce genre de faits impliquant des policiers "est très rare". Ce que confirme Patrice Ribeiro, du syndicat Synergie/Officiers, qui a déclaré que "s'il y a faute, il faut sanctionner sans état d'âme".
La dernière affaire connue remonte à fin 2008. Un policier de l'Office central de répression de la grande délinquance financière avait été soupçonné d'avoir détourné quelque 10.000 euros lors d'une perquisition dans un cercle de jeux parisien puis mis en examen, sous contrôle judiciaire, et suspendu. Il avait aussi été piégé par une bande vidéo du cercle.
La procédure a d'ailleurs été cassée récemment à la suite de cette affaire sur demande des avocats de l'établissement.