
A l'occasion de la Journée nationale des étudiants, des opposants au président Ahmadinejad ont manifesté par milliers dans les rues autour des universités de Téhéran. Des heurts ont eu lieu avec la police.
AFP - L'opposition au président iranien Mahmoud Ahmadinejad est à nouveau descendue dans la rue lundi, bravant l'interdiction de manifester malgré un très important dispositif policier qui a utilisé des gaz lacrymogènes contre les rassemblements et procédé à des arrestations.
Des milliers de manifestants se sont rassemblés dans plusieurs universités de Téhéran, mais également à l'extérieur des campus, où toute manifestation avait été interdite par les autorités à l'occasion de la "journée nationale des étudiants".
Ces rassemblements autour des universités ont entraîné de nombreux heurts avec les forces de l'ordre, selon les témoignages recueillis par l'AFP. Le calme est revenu en fin d'après-midi.
Les Etats-Unis ont réagi en dénonçant "le harcèlement permanent, la détention arbitraire et la condamnation de personnes ayant participé à des manifestations pacifiques", ce qui démontre, selon Washington, "un mépris pour les droits consacrés par la constitution iranienne".
Londres a pour sa part exhorté Téhéran à "respecter les libertés de leurs propres citoyens, et non pas les étouffer".
Les autorités iraniennes avaient interdit aux médias étrangers accrédités à Téhéran de couvrir ces manifestations, retirant leurs cartes de presse pour 48 heures à tous les journalistes travaillant pour ces médias.
Plusieurs groupes d'opposition contestant la réélection du président Ahmadinejad en juin avaient appelé à profiter de cette journée, qui marque la mort de trois étudiants au cours d'une manifestation anti-américaine sous le régime du Chah en 1953, pour réaffirmer leur rejet du gouvernement actuel.
Des manifestations ont eu lieu à l'intérieur de plusieurs universités, notamment l'Université de Téhéran, en centre-ville, totalement encerclée par la police et où des groupes ont scandé "Mort au dictateur" ou "Ya Hossein, Mir Hossein", selon des témoins.
Ce cri de ralliement associe le nom de l'imam Hossein, vénéré par les chiites iraniens, à celui de l'ancien Premier ministre Mir Hossein Moussavi, candidat présidentiel en juin et devenu un chef de file de l'opposition.
A l'extérieur de l'université, la police a utilisé à plusieurs reprises des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, pourchassés ensuite dans les rues adjacentes par des bassidjis en civil, parfois armés de pistolets électriques de type "taser", selon des témoignages recueillis par l'AFP.
Les forces de l'ordre ont procédé à des interpellations, selon des témoins.
L'agence officielle Irna a annoncé l'arrestation d'un responsable étudiant connu, Majid Tavakoli, accusé d'être "le chef des émeutiers". M. Tavakoli a déjà passé plus d'un an en prison sous l'accusation d'avoir insulté le guide suprême Ali Khamenei.
Dans un communiqué, Amnesty International a condamné un "usage excessif" de la force par la police et demandé la libération des personnes arrêtées pour avoir simplement pris part aux manifestations.
La présidentielle de juin aux résultats contestés, qui a provoqué d'importantes divisions au sein du régime, a entraîné des manifestations à répétition en Iran.
Elles ont été sévèrement réprimées par les autorités qui ont arrêté des milliers d'opposants, dont plusieurs personnalités réformatrices condamnées ensuite à de lourdes peines de prison.
Des députés conservateurs ont appelé lundi les dirigeants de l'opposition à "cesser leur entêtement politique et d'éviter ainsi d'être la cible de la colère révolutionnaire du peuple".
Mais Mir Hossein Moussavi a de nouveau critiqué le pouvoir: "Si vous imposez le silence dans les universités, que pouvez-vous pour la société?", a-t-il lancé.
Un autre dirigeant réformateur, Mehdi Karoubi, a affirmé que la répression n'était "pas la solution, ni aujourd'hui, ni demain".
Une figure du clergé conservateur, le grand ayatollah Nasser Shirazi, a appelé à "l'ouverture d'un dialogue" avec l'opposition.