Le procès de la star américaine du basket féminin Brittney Griner a débuté vendredi en Russie avant d'être ajourné au 7 juillet. Elle est accusée de contrebande de drogue. L'affaire, jugée à huis clos partiel, a une forte connotation politique en pleine crise russo-américaine.
Nouveau bras de fer américano-russe. La star américaine du basket féminin Brittney Griner est jugée à huis clos partiel en Russie pour contrebande de drogue. Une affaire qui prend une tournure particulière avec le conflit en Ukraine et les tensions croissances entre Washington et Moscou.
À l'ouverture du procès, vendredi 1er juillet, le procureur a indiqué que la quantité sous forme solide aurait représenté moins d'un gramme de cannabis. Une représentante des douanes a déjà témoigné. La joueuse de basket risque néanmoins jusqu'à 10 ans de prison. Dans l'après-midi, le procès a été ajourné au 7 juillet.
Le huis clos partiel, avec une présence limitée des médias dans la salle d'audience, a été décidé à la "demande de la défense, à la demande de Griner elle-même", a précisé Polina Vdovtsova, la porte-parole du tribunal de Khimki, une ville en banlieue de Moscou. Elle est arrivée au tribunal menottée, vêtue d'un t-shirt à l'effigie du musicien américain Jimi Hendrix.
La joueuse des Phoenix Mercury était venue en Russie en février pour y jouer durant l'intersaison américaine, pratique courante des basketteuses qui gagnent à l'étranger parfois plus que chez elles.
C'est à son arrivée à l'aéroport moscovite de Cheremetievo que la double médaillée d'or olympique avec les États-Unis (2016, 2020) a été arrêtée en possession, selon l'accusation, de vapoteuses et d'un liquide à base de cannabis.
Les autorités américaines avaient dans un premier temps fait profil bas sur son cas qui n'a été révélé au grand public que le 5 mars.
Une détention "injuste" pour les Américains
Sur fond de dégradation continue des relations russo-américaines, en particulier avec le conflit en Ukraine, les plus hautes autorités à Washington se sont ensuite saisies de l'affaire et ont déclaré que la Russie détenait "injustement" la star de 2 m 03, âgée de 31 ans.
Son cas est entre les mains de l'envoyé spécial des États-Unis en charge des personnes prises en otage.
"L'ambassade des États-Unis et le pays se soucient profondément de cette affaire", a déclaré à l'extérieur du tribunal la représentante de l'ambassade américaine, Elisabeth Rood.
Brittney Griner "m'a dit de transmettre que le moral est bon et qu'elle garde la foi", a-t-elle ajouté.
L'avocat de la défense, Alexandre Boïkov a indiqué pour sa part lors d'une pause que la prévenue ne s'était pas encore exprimée au procès.
Il a assuré par ailleurs qu'elle n'avait pas "de plainte concernant ses conditions de détention".
Au regard de la jurisprudence russe dans des affaires similaires, la jeune femme peut s'attendre à une sentence lourde, à purger dans une colonie pénitentiaire russe.
Accusations mutuelles
Américains et Russes s'accusent mutuellement de détenir leurs ressortissants respectifs à des fins politiques. Plusieurs échanges de prisonniers ont eu lieu par le passé.
En avril, l'ex-Marine américain Trevor Reed, condamné à neuf ans de prison en Russie pour violences, a été échangé contre un pilote russe, Konstantin Iarochenko, incarcéré aux Etats-Unis depuis 2010 pour trafic de drogues.
D'autres échanges de ce type feraient l'objet de pourparlers.
Parmi les noms les plus évoqués reviennent celui de Paul Whelan, un Américain condamné à 16 ans de prison pour espionnage et qui clame son innocence, et du célèbre trafiquant d'armes russe Viktor Bout, arrêté en Thaïlande en 2008 et qui purge une peine de 25 ans de prison aux États-Unis.
Un cas similaire à celui de Brittney Griner s'est lui soldé par un accord diplomatique entre Moscou et Israël.
En janvier 2020, le président russe Vladimir Poutine avait gracié l'Israélo-Américaine Naama Issachar, emprisonnée en Russie pour "trafic de drogue", à l'occasion d'une rencontre à Moscou avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui était reparti avec la jeune femme.
Naama Issachar avait été arrêtée en avril 2019 au cours de son transit à l'aéroport Cheremetievo de Moscou lors d'un vol entre l'Inde et Israël avec correspondance dans la capitale russe. Neuf grammes de cannabis avaient été retrouvés dans son bagage enregistré.
Aucune contrepartie en faveur de la Russie n'avait alors été annoncée.
Avec AFP