La commission parlementaire en charge de l'enquête sur l'assaut du Capitole a examiné, jeudi, comment Donald Trump avait fait pression sur le ministère de la Justice pour que ce dernier déclare officiellement que l'élection présidentielle de 2020 avait été truquée.
La commission d'enquête parlementaire sur l'assaut du Capitole s'est attaquée jeudi 23 juin aux tentatives "éhontées" de Donald Trump de pousser le ministère de la Justice à soutenir ses fausses allégations de fraude électorale autour de la présidentielle remportée par Joe Biden.
Au cours de cette cinquième audition publique, les neuf élus – sept démocrates et deux républicains répudiés par leur parti – ont détaillé les pressions exercées par Donald Trump sur le ministère et ses efforts pour nommer à sa tête l'un de ses fidèles prêt à "une ingérence dans les résultats d'une élection présidentielle".
"Donald Trump ne voulait pas simplement que le ministère de la Justice enquête. Il voulait que le ministère de la Justice l'aide à légitimer ses mensonges et déclare sans fondement que l'élection était truquée", a noté le président de la Commission, Bennie Thompson.
Les élus sont revenus sur les tensions au sein du ministère les jours précédant le 6 janvier 2021, lorsque le président battu avait été confronté à une révolte interne, tandis qu'il tentait d'installer l'un de ses proches à la tête de l'institution. "C'était une tentative éhontée d'utiliser le ministère de la Justice pour faire progresser les intérêts politiques personnels du président", a ajouté Bennie Thompson.
"Dites juste que l'élection était truquée"
L'ancien ministre adjoint par intérim, Richard Donoghue, a témoigné pour sa part avoir dit à de nombreuses reprises à l'ancien président américain que ses accusations de fraude électorale étaient infondées.
Donald Trump a simplement répété avoir gagné l'élection présidentielle. "Le président a dit : 'Dites juste que l'élection était truquée et laissez le reste entre mes mains et celles des élus républicains'", a raconté Richard Donoghue, en se basant sur ses notes prises lors d'une conversation téléphonique avec Donald Trump et l'ex-ministre par intérim Jeffrey Rosen.
Voyant que les plus hauts responsables du ministère de la Justice refusaient de plier, le président battu a tenté d'installer l'un de ses proches à la tête de l'institution. Jeffrey Clark, un fonctionnaire de rang intermédiaire ayant adopté les théories poussées par le président sur une élection truquée, devait annuler les conclusions du ministère – qui n'avait trouvé aucune preuve de fraude ayant pu changer l'issue du scrutin de novembre.
Jeffrey Clark devait aussi intervenir au nom du ministère pour refuser de certifier le résultat de l'élection dans l'État clé de Géorgie, où Joe Biden l'avait emporté avec seulement 12 000 voix d'avance.
"Des faits, des preuves et des lois"
La Commission a appris que Jeffrey Clark avait préparé une lettre destinée aux élus de Géorgie, dans laquelle il affirmait que le ministère avait découvert des preuves de fraudes massives en Géorgie, ce qui était faux. Mais les autres responsables du ministère de la Justice ont refusé de signer cette lettre et l'un des conseillers juridiques de la Maison Blanche, Eric Herschmann, a révélé avoir dit à Jeff Clark qu'envoyer cette lettre aurait été "un crime".
Donald Trump a annoncé à Jeffrey Rosen et Richard Donoghue qu'on lui conseillait de les limoger et de nommer Jeffrey Clark ministre par intérim. "Je lui ai répondu […] Monsieur le Président, il faut que vous ayez les responsables qui vous conviennent, mais vous devez comprendre que le ministère de la Justice fonctionne sur la base de faits, de preuves et de lois. Et ça, ça ne changera pas", a raconté Richard Donoghue.
L'ancien ministre adjoint a aussi expliqué avoir prévenu Jeffrey Clark que ses efforts pour justifier les allégations de fraude "n'étaient rien moins qu'une ingérence du ministère de la Justice dans les résultats d'une élection présidentielle".
Jeffrey Rosen, Richard Donoghue, Steven Engel, un haut responsable du ministère, et Pat Cipollone, avocat de la Maison Blanche, ont menacé de démissionner lors d'une réunion avec le président le 3 janvier, avertissant qu'ils emmèneraient avec eux les meilleurs procureurs fédéraux à travers le pays. Donald Trump a renoncé à nommer Jeffrey Clark, qui a refusé de témoigner devant la commission d'enquête.
La commission d'enquête a annoncé mercredi que deux sessions supplémentaires auraient lieu en juillet. Le Congrès interrompt ses travaux le 4 juillet pour deux semaines.
Avec AFP