Plusieurs centaines de personnes ont manifesté, samedi, au Tchad, pour protester contre la présence française sur le territoire et dénoncer le soutien de Paris à l'actuel président de transition, Mahamat Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis la mort de son père en février 2021.
"La France, dégage !" Plusieurs centaines de personnes ont manifesté, samedi 14 mai, à N'Djamena, contre la présence de la France au Tchad, qu'elles accusent de soutenir la junte militaire au pouvoir, a constaté un journaliste de l'AFP.
Des manifestants ont brûlé au moins deux drapeaux de l'ancienne puissance coloniale et vandalisé plusieurs stations service Total, "symbole" de la France, arrachant des pompes et emportant certains produits exposés, selon la même source.
Cette manifestation, organisée par la plateforme d'opposition de la société civile Wakit Tamma, avait été autorisée par les autorités. Un fort dispositif policier entourait le cortège et était déployé dans la ville.
Le 20 avril 2021, l'armée annonçait que le président tchadien Idriss Déby Itno, à la tête d'un pouvoir très autoritaire depuis 30 ans, avait été tué au front contre une énième rébellion. Le même jour, son fils Mahamat Idriss Déby Itno était proclamé par l'armée "président de transition" à la tête d'une junte composée de quinze généraux. Il promettait des "élections libres et démocratiques" après une transition de 18 mois, au terme d'un Dialogue national inclusif avec les oppositions politique et armées.
Il était aussitôt adoubé par la communauté internationale, France, Union européenne (UE) et Union africaine (UA) en tête, alors que les mêmes sanctionnent des militaires putschistes ailleurs en Afrique, notamment parce que son armée est indispensable dans la guerre contre les jihadistes au Sahel.
Vers une prolongation de la transition
Lors de la marche samedi, plusieurs élèves et collégiens sur des motos ont rejoint les manifestants entonnant en chœur "La France dehors".
"Je manifeste parce que la France veut encore nous imposer le système Deby", a lancé un jeune lycéen bandeau blanc sur la tête. "Si nous continuons à souffrir aujourd'hui depuis l'indépendance, c'est par la faute de la France qui nous empêche d'être réellement indépendants" renchérit Idriss Moussa, un enseignant arabophone.
"Nous nous réjouissons que les Tchadiens prennent de plus en plus conscience de notre lutte et nous rejoignent" a indiqué à l'AFP Me Max Loalngar, coordinateur de Wakit Tamma. "La France installe des dictateurs sur notre tête. Nous demandons juste que notre peuple soit respecté".
En juin 2021, le chef de l'État tchadien a envisagé une prolongation de la transition et annoncé, le 1er mai, le report du dialogue national, à la demande du Qatar, médiateur d'un "pré-dialogue" qui piétine depuis deux mois à Doha entre la junte et les innombrables groupes rebelles.
La présidence française avait réagi en se disant "attachée" à un dialogue dans les "meilleurs délais possibles", puis en proposant quelques jours plus tard l'aide de la France.
Le 6 avril, la plateforme d'opposition Wakit Tamma avait annoncé la suspension de ses pourparlers avec la junte en dénonçant notamment "une communauté internationale qui s'obstine à soutenir vaille que vaille un régime illégal et illégitime".
Avec AFP