Ranil Wickremesinghe a prêté serment jeudi en tant que nouveau Premier ministre du Sri Lanka. Il remplace le frère du président, forcé à quitter ses fonctions mardi après de violentes manifestations contre la grave crise économique que traverse le pays.
Au Sri Lanka, le président Gotabaya Rajapaksa a nommé un nouveau chef de gouvernement, alors que le pays traverse une crise économique aiguë. Le politicien Ranil Wickremesinghe a prêté serment, jeudi 12 mai, en tant que nouveau Premier ministre du Sri Lanka. Ce dernier remplace ainsi, le frère du président Gotabaya Rajapaksa, qui avait démissionné lundi après de violentes manifestations antigouvernementales.
Le pays de 22 millions d'habitants, en proie à la pire crise économique depuis l'indépendance en 1948, manque de dollars pour financer l'importation de produits de première nécessité (denrées alimentaires, carburant, médicaments). Les pénuries généralisées ont provoqué des manifestations quotidiennes dans tout le pays.
Mercredi soir, durant sa première déclaration au pays depuis le début des manifestations, Gotabaya Rajapaksa, 72 ans, s'était engagé à constituer un gouvernement d'union. Il avait alors promis de "nommer un Premier ministre qui dirigera une majorité au Parlement et inspirera la confiance au peuple".
Son frère, Mahinda Rajapaksa, avait démissionné lundi du poste de Premier ministre après que ses partisans, armés de bâtons et de matraques, ont attaqué des manifestants pacifiques qui protestaient depuis plusieurs semaines.
Cinq fois Premier ministre
Ranil Wickremesinghe était pressenti pour prendre les fonctions de Premier ministre qu'il a déjà occupées à cinq reprises depuis 1993. Il est le seul député du Parti national uni (UNP) depuis sa déroute aux élections législatives d'août 2020. Gotabaya Rajapaksa avait alors remporté une majorité des deux tiers à l'Assemblée.
Il devra former un "gouvernement d'union" bénéficiant du soutien de tous les partis siégeant au Parlement comptant 225 députés. Depuis le flux de défections subies en avril par le camp présidentiel, aucun groupe politique ne jouit d'une majorité absolue.
Ranil Wickremesinghe a travaillé en étroite collaboration avec Gotabaya Rajapaksa ces deux derniers mois, à remanier le ministère des Finances et de la Banque centrale en vue de réformes fiscales et monétaires radicales, a affirmé cette source.
Selon des responsables, c'est dans ce cadre que le gouverneur de la Banque centrale, Nandalal Weerasinghe, à peine nommé, avait annoncé le 12 avril le défaut de paiement de la dette extérieure de 51 milliards de dollars du Sri Lanka.
C'est encore dans ce cadre qu'il a presque doublé les taux d'intérêt et permis à la dévaluation de la roupie afin d'assurer une meilleure liquidité des devises étrangères dans les banques commerciales.
L'économie au bord du gouffre
Mercredi, quelques heures avant l'allocution présidentielle, Nandalal Weerasinghe avait averti que l'économie était en passe d'atteindre un point de non retour.
"S'il n'y a pas de gouvernement dans les deux prochains jours, l'économie s'effondrera et personne ne pourra la sauver", avait-il prévenu.
Le principal parti d'opposition, le SJB, avait été initialement invité à diriger un nouveau gouvernement, mais son chef, Sajith Premadasa, refuse de gouverner sous l'autorité du président dont il réclame la démission préalable.
Une douzaine de députés du SJB se sont engagés à soutenir Nandalal Weerasinghe, considéré comme un réformiste pro-occidental, partisan du libre-échange.
"Nous avons perdu trop de temps au Parlement sans aborder la question centrale de l'économie", a jugé Harin Fernando, député de l'opposition. Selon lui, le pays avait "besoin d'au moins 85 millions de dollars par semaine pour financer les importations essentielles".
Le Sri Lanka est actuellement en pourparlers avec le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir un éventuel renflouement.
Avec AFP