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"Otoniel", le plus grand narcotraficant de Colombie, extradé vers les États-Unis

Le plus grand narcotrafiquant de Colombie, "Otoniel", chef du Clan del Golfo, a été extradé mercredi vers les États-Unis où il est réclamé par un tribunal de New-York, a triomphalement annoncé le président colombien Ivan Duque.

C'est une victoire dans la guerre contre la drogue menée par la Colombie. Le plus grand narcotrafiquant du pays, Dairo Antonio Usuga, alias "Otoniel", a été extradé mercredi 4 mai vers les États-Unis où il est réclamé par un tribunal de New York, a annoncé fièrement le président colombien Ivan Duque. Il a ajouté que le chef du Clan del Golfo "ne peut être comparé qu'à Pablo Escobar", célèbre narcotrafiquant co-fondateur du Cartel de Medellin, abattu par la police en 1993.

Quiero informar que fue extraditado Dairo Antonio Úsuga alias 'Otoniel'; el narcotraficante más peligroso del mundo, asesino de líderes sociales y policías, abusador de niños, niñas y adolescentes. Hoy triunfan la legalidad, el Estado de Derecho, la #FuerzaPública y la justicia. pic.twitter.com/K66UhJuWkE

— Iván Duque ???????? (@IvanDuque) May 4, 2022

"Il s'agit du trafiquant de drogue le plus dangereux du monde, du meurtrier de leaders sociaux et de policiers, d'un violeur d'enfants et d'adolescents. Aujourd'hui, la légalité, l'État de droit, la force publique et la justice triomphent", s'est félicité le chef de l'État colombien.

"Otoniel", âgé de 50 ans, avait été arrêté le 23 octobre dans le nord-ouest du pays lors d'une vaste opération militaire. Il est poursuivi pour trafic de drogue depuis 2009 devant un tribunal de New York et sa tête était mise à prix 5 millions de dollars par les États-Unis.

Les médias locaux ont diffusé les images d'un convoi d'imposants véhicules blindés, escortés de policiers lourdement armés, se rendant vers l'aéroport de Bogota. La présidence a également publié des photos d'"Otoniel", menotté et veste grise, à bord d'un jet, peu avant le décollage de l'appareil. 

Une peine aux États-Unis, puis en Colombie

Des proches des victimes d'Otoniel avaient demandé une "suspension" de l'extradition, estimant que cette procédure allait "soustraire à la justice un chef paramilitaire qui a commis des crimes contre l'humanité dans notre pays". Ils invoquaient leur droit de connaître la vérité et de recevoir des réparations.

Mais la justice colombienne a finalement donné son feu vert à son extradition, a indiqué à l'AFP l'équipe de défense de Dairo Antonio Usuga.

Toutefois, une fois sa peine accomplie aux États-Unis, le chef du Clan del Golfo "reviendra en Colombie payer pour tous ses crimes commis dans notre pays", a assuré le chef de l'État colombien. Il a aussi "remercié" la Cour suprême, le Conseil d'État ainsi que la JEP (une juridiction spéciale enquête sur le conflit armé en Colombie) "pour avoir évité les manipulations intentionnelles de ce criminel pour tenter d'éviter cette extradition".

Des incidents durant la détention

La détention sous haute surveillance à Bogota du baron de la drogue a été marquée par plusieurs incidents et polémiques.

Des enregistrements de ses témoignages devant la Commission de la vérité, instance qui enquête sur les violations des droits humains pendant le conflit armé en Colombie jusqu'à la signature de l'accord de paix de 2016, ont été volés par des inconnus.

La police colombienne avait également interrompu une audition d'"Otoniel", disant soupçonner une tentative d'évasion.

De son côté, le média en ligne indépendant Cambio avait estimé que certains voulaient faire taire le narcotrafiquant, qui aurait déclaré durant ses auditions que l'armée continuait à travailler en complicité avec des paramilitaires d'extrême droite dans certaines régions du pays.

Selon la presse, citant un document de la JEP, "Otoniel" aurait mis en cause 63 personnes, prétendument liées au Clan de Golfo, dont un ancien ministre, un ancien directeur national des services de renseignements, six anciens gouverneurs et quatre anciens membres du Parlement. D'après ses avocats, le baron de la drogue a affirmé également avoir organisé sa reddition.

En cinq décennies de guerre contre la drogue soutenue par les États-Unis, la Colombie a tué ou capturé plusieurs barons de la drogue, le plus connu du grand public étant Pablo Escobar auquel une série télévisée à été dédiée.

Mais le pays reste premier producteur mondial de cocaïne et les États-Unis le principal marché, tandis les violences liées au trafic perdurent.

Avec AFP