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LFI et EELV concluent un accord historique pour les législatives

La France insoumise et Europe Écologie-Les Verts ont conclu, dans la nuit de dimanche à lundi, un accord historique pour les législatives de juin, tandis que les négociations avec le Parti socialiste et le Parti communiste se poursuivent.

LFI et EELV concluent un accord historique pour les législatives

C'est l'apothéose d'un 1er-Mai où les partis de gauche se sont croisés dans le défilé parisien. Le Conseil fédéral d'Europe Écologie-Les Verts (EELV) a validé, dans la nuit de dimanche 1er à lundi 2 mai, l'accord avec La France insoumise (LFI) pour les législatives de juin.

Le texte, négocié au cours des deux dernières semaines, a été approuvé par 84 voix pour, 10 contre, 8 bulletins blancs et une personne qui n'a pas participé au vote. Cet accord attribue notamment 100 circonscriptions pour le pôle écologiste, selon des sources proches des négociations.

Communiqué de presse : accord entre la France insoumise et EELV pour les prochaines élections législatives#Legislatives2022

Lien vers la déclaration commune : https://t.co/bnRbOcxYIx pic.twitter.com/tArhbJ9ok1

— EELV (@EELV) May 1, 2022

Excepté le petit mouvement Générations ayant signé un accord avec LFI dès jeudi, les négociations entre LFI et EELV étaient les plus avancées des discussions bilatérales engagées par les Insoumis avec chacune des forces de gauche, après les 22 % de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle.

Derniers compromis

Le week-end a permis de faire les derniers compromis, autour du rapport à l'Europe ("désobéissance" mais seulement à certaines règles économiques et budgétaires si besoin), du label commun ("Nouvelle Union populaire écologique et sociale") ou encore sur le partage des circonscriptions, sujets les plus âprement débattus.

En cas de majorité à l'Assemblée nationale, "le Premier ministre serait issu du plus grand groupe à l'Assemblée, soit Jean-Luc Mélenchon", stipule l'accord.

Les négociations n'ont pas été un long fleuve tranquille. Encore mercredi, le chef des écologistes, Julien Bayou, taclait en conférence de presse les négociateurs insoumis jugés trop durs en affaires. De leur côté, les Insoumis pointaient les "divergences internes" supposées de EELV.

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L'aboutissement de l'accord est historique. LFI et EELV constituent les deux forces de gauche en dynamique depuis plusieurs années, la première aux présidentielles de 2017 et 2022, la seconde lors des élections intermédiaires depuis les européennes de 2019.

Un accord de LFI avec le Parti socialiste serait tout aussi historique, tant la brouille était profonde depuis le départ de Jean-Luc Mélenchon de Solférino en 2008. Mais il devra attendre. Les négociations ont commencé plus tardivement et allaient se poursuivre logiquement dimanche soir.

"Comme objectif la victoire"

"Si les discussions ne se finissent pas cette nuit, alors ça ne se terminera jamais", a lancé dans le défilé parisien de la Fête du Travail le chef de LFI, Jean-Luc Mélenchon. "Ça avance, soyez certains que nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que ça avance", a assuré Jean-Luc Mélenchon, acclamé par les manifestants à son arrivée place de la République. "Le sujet, c'est de savoir si, oui ou non, nous nous donnons comme objectif la victoire."

Accord entre la France Insoumise et EELV pour les prochaines élections législatives - Communiqué de pressehttps://t.co/qed3zAV56G

— La France insoumise (@FranceInsoumise) May 1, 2022

Un accord cette nuit ? "Cette nuit, moi, je dors", a répondu à quelques dizaines de mètres de là Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS : "Il n'y a pas de 'deadline', il faut réussir. On voit bien qu'on n'est plus si loin que ça d'un accord. On continuera de parler ce soir."

Quelques minutes plus tard, Olivier Faure et Jean-Luc Mélenchon se sont serré la main, avant d'engager une brève conversation devant les caméras aux cris d'"Union populaire !" dans la foule.

Le socialiste Olivier Faure négocie avec LFI sous la pression d'une opposition interne de plus en plus véhémente. Son prédécesseur à la tête du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a publié dimanche une lettre ouverte évoquant notamment les velléités de LFI de "sortir des traités européens", ramener la retraite à 60 ans et lancer des "dépenses vertigineuses impraticables", tous points qu'Anne Hidalgo avait vivement critiqués pendant la campagne présidentielle.

Le PS avait aussi reproché à Jean-Luc Mélenchon ses critiques envers un soutien à l'Ukraine envahie par la Russie, et son rejet de l'Otan.

EELV et le PS accusés de "renier" leurs convictions 

Dès lundi, les membres de la majorité LREM ont critiqué lundi l'accord scellé entre LFI et EELV et les discussions qui se poursuivent avec le PS. Selon les marcheurs, ces signes de rapprochement avec les Insoumis actent le reniement des convictions de ces deux partis.

"Incroyable tous ces gens prétendument pétris de principes, prêts à abandonner toute conviction (...) pour une poignée de circonscriptions. Et ils veulent gouverner notre pays ?", a lancé sur Twitter le député LREM Sacha Houlié.

Incroyable tous ces gens prétendument pétris de principes, prêts à abandonner toute conviction - et notre indépendance énergétique - pour une poignée de circonscriptions.

Et ils veulent gouverner notre pays ? https://t.co/FhOQokbHpW

— Sacha Houlié (@SachaHoulie) May 2, 2022

"Ce qui attend les partis, notamment le Parti socialiste, s'ils acceptaient cette alliance, c'est tout simplement une disparition de leurs idées, et aussi une disparition de leur parti politique", a prédit sur RFI Aurore Bergé, présidente déléguée du groupe LREM à l'Assemblée nationale, alors que LFI discute toujours avec le PS et le PCF.

"Europe Écologie – Les Verts n'a désormais d'Europe plus que le nom", a estimé pour sa part Fabienne Keller, députée européenne Renew/LREM et vice-présidente d'Agir. "Pour quelques circonscriptions aux législatives, le parti renie son engagement européen historique et s'allie à un populiste europhobe", a-t-elle dénoncé sur Twitter.

LFI et EELV concluent un accord historique pour les législatives

Avec AFP