Au cours d'une visite officielle, le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a conclu une vingtaine d'accords avec la France. Un contrat entre l'opérateur électrique français EDF et le géant gazier russe Gazprom a notamment été signé.
En visite officielle en France pour deux jours, le Premier ministre russe Vladimir Poutine a paraphé une vingtaine d’accords de coopération entre de grandes entreprises russes et françaises, notamment dans le domaine énergétique. Dans cette perspective, une mission intergouvernementale à laquelle ont assisté de nombreux patrons des deux pays s'est déroulée à Rambouillet, en région parisienne.
Vladimir Poutine, qui connaît le dossier gazier sur le bout des doigts, a notamment convaincu EDF de participer, à hauteur de 10 % environ, au financement du projet de gazoduc South Stream, qui vise à faire transiter le gaz russe via le sud de l’Europe. L'opérateur électrique français pourra ainsi se passer de son concurrent GDF-Suez pour approvisionner ses centrales thermiques.
D’âpres négociations ont également été entamées entre le géant russe Gazprom et GDF-Suez avec, cette fois, en ligne de mire, l’entrée du français dans le capital de North Stream, un autre projet de gazoduc russe qui vise, lui, à relier la Russie à l'Europe de l'Ouest via la mer Baltique. Le contrat, qui prévoit une participation de GDF-Suez à hauteur de 9 %, devrait être finalisé avant la fin de l’année.
"On ne peut pas sous-estimer l’importance du pas que la France réalise aujourd’hui vers une plus grand sécurité énergétique", commente Alexei Piller, le président de Gazprom, dans une tribune publiée par le quotidien français Le Figaro consacrée au contrat entre Gazprom et EDF. En raison de factures impayées par Kiev, la Russie avait réduit ses livraisons de gaz à l'Ukraine en janvier dernier, coupant du même coup l'approvisionnement de plusieurs pays européens, alors traversés par une vague de froid. "L’épisode regrettable [de janvier dernier] a montré à quel point il est important de créer de nouveaux gazoducs vers l’Europe afin de réduire les risques liés au transit [du gaz]", poursuit-il.
D’autres pays européens - l’Allemagne et l’Italie notamment - ont déjà apporté leur soutien aux deux projets de gazoducs russes, dont les tracés évitent soigneusement l’Ukraine et ses vicissitudes politiques et financières.
Entre émancipation et dépendance
Si, officiellement, la France affirme toujours approuver le projet Nabucco soutenu par l'Union européenne (UE) - un gazoduc contournant le territoire russe jusqu'en Asie centrale, qui doit permettre aux Vingt-Sept de s'émanciper de la Russie pour leurs approvisionnements en gaz -, la signature de ces accords relativise l'enthousiasme de Paris pour ce nouveau tuyau.
En parvenant à attirer plusieurs pays européens dans les projets North Stream et South Stream, la Russie semble en effet parvenir à imposer sa nouvelle stratégie gazière à l'UE et à affaiblir le projet Nabucco.
Alors que Paris s’apprête par ailleurs à finaliser la vente de plusieurs navires de guerre à Moscou, d’autres accords économiques ont également été entérinés ce vendredi à Rambouillet. Le constructeur automobile français Renault s'est engagé à aider à la restructuration du Russe Avtovaz en lui apportant une aide en nature équivalente à 240 millions d’euros pour moderniser ses chaînes de montage.