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Le thon rouge en sursis

Les pays membres de l'organisation internationale chargée de gérer la pêche du thon rouge ont décidé de baisser de 40 % le poids des prises autorisées en 2010 pour lutter contre l'extinction de l'espèce. Au Japon, les pêcheurs crient au scandale.

Les invités de ce Focus sont Nathalie Tourret, correspondante de FRANCE 24 au Japon, et François Chartier, chef de campagne Océans à Greenpeace.

Environ 80 % du thon rouge pêché dans l’océan Atlantique et la mer Méditerranée arrivent chaque jour au Japon. Tous les matins, sur le marché de Tsukiji, à Tokyo, chaque pièce est vendue aux enchères. Elles sont ensuite servies dans les restaurants. Chef cuisinier dans un établissement qui sert 60 à 70 clients par jour, Shigeru Izumiyama déplore la baisse des quotas de pêche : "C’est comme pour la baleine, ce sont les Japonais qui sont visés. On dit que c’est pour protéger l’espèce, mais on a bien vu que les baleines se reproduisent. En fait, il y a une volonté politique certaine derrière ces restrictions."

Au Japon, les considérations environnementales sont reléguées au second plan. Et l’extinction possible de l’espèce ne modifie en rien les habitudes des consommateurs. "Lorsque je mange des sushis de thon rouge, je ne me demande pas si l’espèce va disparaître, explique un client. Ce qui compte, c’est de savoir si le thon est bon ou pas, et s’il est cher ou pas."

Pour l'heure, les prix du thon rouge restent très abordables dans le pays, et la baisse des quotas de pêche ne devrait pas les faire grimper dans l’immédiat. Le pays a, en effet, pris les devants : il dispose de 24 600 tonnes de stocks de thon rouge, l'équivalent de deux fois la quantité qui pourra être pêchée dans l’Atlantique en 2010. 

Responsable de la campagne Océans chez Greenpeace Japon, Wakao Hanaoka déplore cette situation. "Comment voulez-vous que les Japonais prennent conscience de la possible extinction de l’espèce si vous trouvez partout du thon rouge à des prix abordables ?", s’emporte-t-il.

Les défenseurs de l’environnement accusent le gouvernement japonais de se laisser influencer par le lobby local de l’industrie de la pêche. Les autorités japonaises s’en défendent et se disent satisfaites du compromis trouvé au Brésil, lundi 16 novembre. Les pays membres de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA) ont alors décidé de réduire les quotas de pêche mondiaux de thon rouge de 40 % en 2010. "Ce qui nous semblait important, c’était la cohérence entre les recommandations scientifiques et la décision prise. Nous estimons que cette cohérence est atteinte", assure Masanori Miyahara, le négociateur japonais auprès de la CICTA.

Plus que toute autre chose, les autorités nippones craignent une suspension totale de la pêche dans l’Atlantique et en Méditerranée. Les importations japonaises de thon rouge seraient alors réduites de moitié...
 

Tags: Environnement,