À la une de la presse, ce jeudi 24 février, l’opération militaire lancée par la Russie contre l’Ukraine, après des semaines d’activité diplomatique, et malgré l’adoption de nouvelles sanctions occidentales contre Moscou.
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À la une de la presse, l’opération militaire lancée cette nuit par la Russie contre l’Ukraine, où des explosions ont été entendues dans plusieurs villes du pays, notamment dans la capitale, Kiev.
"La Russie attaque l'Ukraine", annonce The Washington Post, qui cite le discours de Vladimir Poutine, quelques minutes avant le début des opérations : "La situation nous oblige à prendre des mesures décisives et rapides", a déclaré le président russe, en ajoutant que Moscou procéderait à la "démilitarisation et à la dénazification" de l'Ukraine.
"Des semaines de diplomatie intense et l'adoption de sanctions occidentales n'ont pas réussi à dissuader Poutine, qui a massé entre 150 000 et 200 000 soldats le long des frontières ukrainiennes", annonce The Moscow Times, qui cite, lui, la réaction du président américain Joe Biden : "Le président Poutine a choisi une guerre préméditée, qui entraînera des pertes de vies humaines et des souffrances humaines catastrophiques".
Le secrétaire général de l'Onu, implore, lui, Moscou de cesser son attaque, "au nom de l’humanité". A l’occasion de l'ouverture d'une réunion de l'Assemblée générale, Antonio Guterres a prévenu, hier, que le monde faisait face à "un moment de péril" - une déclaration à la une du journal britannique The Independent, qui précise, sur son site, que le président russe a menacé cette nuit quiconque "tenterait d’interférer" dans le conflit : "Ils doivent savoir que la réponse de la Russie sera immédiate et conduira à des conséquences encore jamais connues".
Côté ukrainien, le gouvernement a déclaré l’état d’urgence dans tout le pays, demandé à tous ses ressortissants de quitter la Russie et annoncé la mobilisation de ses réservistes, au moment-même où Vladimir Poutine participait, lui, à une cérémonie de dépôt de gerbe sur la tombe du soldat inconnu, à l’occasion de la "Journée du défenseur de la patrie", une image très symbolique à la une du Guardian.
Guardian front page, Thursday 24 February 2022: State of emergency in Ukraine as US warns Putin ready to invade pic.twitter.com/E7ttE9gUGd
— The Guardian (@guardian) February 23, 2022Le rédacteur en chef du site d’information Tsenzor, qui dit se trouver "près de Donetsk", à l’est du pays, enjoint ses compatriotes à ne pas avoir peur : "L’Ukraine va gagner !", veut croire Youri Butusov, qui évoque "l’un des moments les plus sombres de l'histoire de l’Ukraine". "J’entends la guerre, écrit-il, mais nous sommes unis par une confiance commune. L'Ukraine s’est forgée dans la lutte pour le liberté. L’Ukraine deviendra plus forte dans la lutte pour la liberté".
L’opération lancée par le Kremlin en Ukraine est perçue par une partie de la presse internationale comme le signe d’une "radicalisation" de Vladimir Poutine. Le quotidien français La Croix parle d’une "fuite en avant" et s’alarme de la "vision victimaire" dans laquelle le patron du Kremlin semble s’être "enferré". Le journal cite l’analyse de Tatiana Jean, directrice du centre Russie de l'Institut français des relations internationales, sur les discours très violents de Vladimir Poutine, ces derniers jours : "On a l’impression que l’émotion, la rancune et la haine envers l’Ukraine et la volonté de réparer les injustices historiques (supposées) pèsent bien plus que le calcul coût/bénéfices", pour le président russe, ce qui prouverait "à quel point il (serait) le seul maître à bord".
The Spectator s’interroge, lui, sur les buts poursuivis par "Vlad l’envahisseur", représenté par Morten Morland dans l’uniforme, trop grand pour lui, de l’armée soviétique. Jusqu’où le président russe est-il prêt à aller ? A-t-il, en réalité, "perdu le contrôle", après tant d’années passées au pouvoir ? Le magazine conservateur britannique se demande si le président russe n’a pas fini par "perdre ses instincts politiques" au fil des années - une évolution "dangereuse", selon The Spectator.
???? This week’s cover:
Vlad the Invader: Niall Ferguson and Timothy Garton Ash on Putin’s next move
✍️ In the mag:
• Douglas Murray on Justin Trudeau
• James Forsyth on the cost of sanctions
• Helen Barrett defends the Millennium Domehttps://t.co/lxkO73UObX pic.twitter.com/DaxCaRhjUZ
En Russie, Izvestia, proche du Kremlin, martèle que l’intervention de l’armée russe fait suite à "l’aggravation de la situation militaire" dans les territoires séparatistes prorusses du Donbass, dont les chefs se seraient tournés vers le Kremlin pour "repousser l’agression" du gouvernement ukrainien. "L'armée russe n'a pas effectué de tirs de missiles aériens ou d'artillerie sur les villes d'Ukraine", assène le quotidien, en citant "le ministère de la Défense de la Fédération de Russie".
"L'Ukraine veut armer tous ceux qui peuvent tenir une arme à la main", contre les séparatistes : sans surprise, le site nationaliste Svobodnaya Pressa reprend telle quelle la propagande diffusée par le Kremlin sur une supposée attaque massive et imminente de l'Ukraine contre les séparatistes. Le site reprend lui aussi les communiqués du ministère de la Défense russe, qui souligne que "toutes les frappes de missiles par les troupes russes sont menées contre les infrastructures, les entrepôts, l'aviation et la flotte" ukrainiens, qu'il s’agit de frappes de haute précision, (et que) "personne ne va bombarder les villes", c’est-à-dire les civils.
Ailleurs dans le monde, USA Today voit "la guerre froide ravivée" par l’intervention russe et estime que "la politique étrangère américaine est de nouveau mise à l’épreuve, après le désastre du retrait des États-Unis d’Afghanistan". En Chine, The Global Times estime non seulement que "les sanctions occidentales ne permettront pas de résoudre la crise en Ukraine", mais il met aussi en garde les États-Unis contre toute décision qui "porter(ait) atteinte aux intérêts légitimes d’autres pays", dans leur gestion de la crise entre la Russie et l’Ukraine. Enfin le journal britannique The Times relaie les craintes exprimées par Washington, sur les répercussions, pour l'Europe, d’une invasion russe en Ukraine, qui pourrait déclencher "l'une des plus grandes crises de réfugiés au monde", avec, possiblement, jusqu’à cinq millions de personnes déplacées.
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