Rituel obligé, six prétendants à l'Élysée ont passé lundi matin leur "grand oral" devant le patronat au moment où l'économie française sort de la crise sanitaire, mais se trouve confrontée à une pénurie de main-d'œuvre et à l'inflation.
Compétitivité, produire en France, transition écologique et salaires : devant environ deux cents entrepreneurs, les candidats à la présidentielle Fabien Roussel, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Valérie Pécresse, Éric Zemmour et Marine Le Pen ont défendu, lundi 21 février, leur programme économique.
À moins de deux mois de l'élection présidentielle, les six candidats s'exprimaient dans une ambiance policée devant des chefs d'entreprises, lors d'un rendez-vous organisé par le Medef, l'Institut de l'entreprise et les chambres de commerce et d'industrie, au cœur de l'incubateur de start-up Station F à Paris.
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Les échanges ont surtout été l'occasion pour les candidats de tenter de convaincre le monde de l'entreprise qu'ils comptaient défendre leurs intérêts lors du prochain quinquennat. Sans surprise, la question de la compétitivité a été au centre des discours, les candidats ayant tous pointé le déficit commercial record enregistré par la France l'an dernier.
Les candidats de droite ont défendu un allègement de la fiscalité pesant sur les entreprises, Éric Zemmour, Marine Le Pen et Valérie Pécresse promettant notamment de poursuivre la réduction des impôts de production.
Fabien Roussel veut lui agir plutôt sur "la facture énergétique des entreprises", le candidat communiste défendant aussi la nationalisation d'une banque et de l'assureur Axa pour permettre à l'État de davantage investir dans l’économie.
Réindustrialiser la France
Anne Hidalgo a, elle, milité pour le statu quo sur les impôts des entreprises. Et l'écologiste Yannick Jadot propose un "bonus malus écologique sur les outils de politique économique", en particulier l'impôt sur les sociétés, ou via un ISF climatique, également défendu par la candidate socialiste.
Des propositions peu à même de susciter l'enthousiasme de l'auditoire, mais que Yannick Jadot a répété "assumer", insistant sur le "grand défi" climatique à relever de manière collective, et sa volonté de défendre "un patriotisme écologique". "La transition écologique se fera avec les entreprises, ou ne se fera pas", a-t-il assuré.
Autre nécessité largement partagée : la réindustrialisation de la France. Cela passe notamment pour les candidats de droite par une "simplification" des normes, Valérie Pécresse voulant créer un "comité de la hache" pour débureaucratiser l'administration, quand Éric Zemmour penche pour un "haut commissariat à la simplification administrative".
Si la question de l'Europe a divisé les candidats, sur les règles budgétaires ou sur la souveraineté française dans l'Union européenne, tous ont défendu une taxe carbone aux frontières de l'UE.
Ils veulent aussi que l'État investisse massivement dans l'économie : via un fonds souverain pour Marine Le Pen qui attirerait l'épargne des Français, tandis que Yannick Jadot propose de mobiliser 25 milliards d'euros dans la transition écologique, et Anne Hidalgo veut lancer quatre "odyssées industrielles" dans la santé, la mobilité, le numérique et la transition écologique.
Les candidats ont enfin affirmé vouloir augmenter les salaires nets, alors que le pouvoir d'achat est la première préoccupation des Français dans cette campagne, que ce soit par des baisses de charges à droite, ou par des hausses du SMIC pour les représentants de la gauche.
"Certains programmes plus pertinents que d'autres"
Face à des chefs d'entreprises plutôt inquiets du niveau de dépense publique, les candidats ont aussi tenté de les rassurer sur le financement de leur programme, même si le sujet de la dette publique n'a été que peu abordé.
Seule Valérie Pécresse a fortement mis l'accent sur les économies qu'elle souhaite réaliser : 45 milliards d'euros, notamment via la suppression de 200 000 postes dans la fonction publique.
Marine Le Pen a également justifié son abandon partiel sur le principe de la retraite à 60 ans par le niveau d'endettement public.
À l'issue de plus de trois heures d'échanges, le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, qui avait appelé l'assistance à une attitude "respectueuse", s'est refusé à "soutenir tel ou tel candidat".
"Notre préoccupation était de recentrer le débat public sur des enjeux essentiellement économiques, et également sociaux : mission accomplie je dirais de la part des candidats", a salué Patrick Martin, président délégué du Medef.
"On voit quand même, et vous ne me ferez pas dire à qui je pense, qu'aux yeux des chefs d'entreprise, certains programmes sont plus puissants, plus efficaces, plus pertinents que d'autres", a-t-il commenté.
Avec AFP