Des conseillers diplomatiques envoyés par la Russie, l'Ukraine et la France se sont réunis mercredi à Paris pour tenter de trouver une issue à la crise en Ukraine. Dans une déclaration commune diffusée par la présidence française, les représentants des quatre pays disent soutenir un "respect inconditionnel" du cessez-le-feu.
Chercher le chemin de la désescalade face à une crise aux relents de Guerre froide : les conseillers diplomatiques du chancelier allemand, ainsi que des présidents russe, ukrainien et français se sont réunis mercredi 26 janvier dans la capitale française, pour tenter de trouver une issue à la crise en Ukraine. Ils ont réaffirmé à l'issue de la réunion que les accords de Minsk étaient la base de leur travail, a rapporté l'Élysée.
Dans une déclaration commune diffusée par la présidence française, les représentants des quatre pays disent soutenir un "respect inconditionnel" du cessez-le-feu et une pleine adhésion aux mesures de renforcement du cessez-le-feu de juillet 2020.
La Russie et l'Ukraine vont poursuivre leurs discussions sous médiation franco-allemande dans deux semaines à Berlin après des discussions "pas simples" mercredi à Paris, a déclaré l'envoyé spécial russe sur le conflit ukrainien, Dmitri Kozak.
"Malgré des différences de lecture, la trêve doit persister, le cessez-le-feu doit être maintenu" entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine, a-t-il ajouté à l'issue d'une réunion des représentants des chefs d'État et de gouvernement des quatre pays à l'Élysée.
De son côté, Paris voit un "bon signal" de la part de la Russie malgré des "conditions difficiles". Moscou s'est engagée à s'impliquer de nouveau dans les discussions en "format Normandie", a déclaré mercredi un conseiller de l'Élysée après plus de huit heures de débats à Paris entre représentants russes, ukrainiens, français et allemands.
Il s'agit d'un bon signal pour contribuer à apaiser les tensions dans l'Est de l'Ukraine, a-t-il ajouté, s'exprimant sous couvert d'anonymat. Un élément clé est que toutes les parties sont convenues d'un cessez-le-feu sans condition, a dit le conseiller de la présidence française.
"Nous voulons une désescalade"
Cette réunion se déroulait dans le format diplomatique dit de "Normandie", datant de 2015, à l'initiative de la France. Elle rassemblait une quinzaine de diplomates autour de hauts responsables des quatre pays : le Français Emmanuel Bonne, le conseiller diplomatique d'Emmanuel Macron, l'Allemand Jens Plötner, le conseiller diplomatique du chancelier Olaf Scholz, l'émissaire du Kremlin dans les négociations de paix en Ukraine, et le directeur de l'administration présidentielle ukrainienne Andriy Yermak.
Cette rencontre était destinée à désamorcer la crise après une série de pourparlers entre Russes et Américains la semaine dernière, dans le contexte d'une montée continue des tensions autour de l'Ukraine. La Russie est accusée d'avoir massé des dizaines de milliers de soldats à la frontière ukrainienne en vue d'une incursion. Les Russes exigent des garanties pour leur sécurité, dont le rejet de l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan. De son côté, Washington brandit la menace de sanctions économiques.
Le dernier sommet en format Normandie remonte à décembre 2019 à Paris, où s'étaient retrouvés Vladimir Poutine, Volodymyr Zelensky, Angela Merkel et Emmanuel Macron. La France espère à terme un nouveau sommet entre les quatre chefs d'État, qui aurait lieu cette fois à Berlin.
"Il est très encourageant que les Russes aient accepté de ré-entrer dans ce format diplomatique, le seul où les Russes sont parties prenantes. Cette réunion donnera une indication claire sur l'état d'esprit des Russes, avant l'entretien vendredi entre Emmanuel Macron et le président russe Vladimir Poutine", a estimé l'Élysée.
"Nous voulons une désescalade, ce qui passe à la fois par le dialogue et la dissuasion. Un dialogue a lieu sur des sanctions avec les partenaires européens, américains et les institutions, pour que cette dissuasion soit suffisamment crédible, afin que le dialogue soit crédible. Les deux se nourrissent l'un l'autre", a ajouté la présidence française. "Mais ces sanctions ne doivent pas entraîner des répliques qui auraient un coût pour nous en boomerang. Les sanctions ne sont pas l'alpha et l'oméga de la réponse", a souligné l'Élysée.
Washington refuse une exigence-clé de Moscou
Moscou exigeait des garanties pour la sécurité de la fédération de Russie, dont le rejet de l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan. Les Russes, qui ont adressé des projets de traités en ce sens aux Occidentaux, attendaient une réponse écrite.
C'est chose faite côté américain et de l'Alliance atlantique avec deux lettres distinctes remises en parallèle mercredi. L'Otan "tend à nouveau la main" à la Russie pour un dialogue, mais refuse de renoncer au droit d'adhésion de nouveaux membres et se "prépare au pire", a déclaré mercredi le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg. Le même jour dans sa réponse écrite à la Russie, Washington refuse de fermer la porte de l'Otan à l'Ukraine, tout en assurant avoir proposé une "voie diplomatique" pour éviter une nouvelle guerre.
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a quant à lui promis des "mesures de riposte nécessaires" si l'Occident poursuit sur cette "voie belliqueuse", dénonçant une "hystérie" occidentale quant à l'imminence supposée d'une intervention militaire russe en Ukraine.
Avec AFP