Le président français, Emmanuel Macron, a affirmé, mardi, le soutien de la France et de l'UE aux sanctions prises par les dirigeants ouest-africains deux jours plus tôt contre la junte au pouvoir au Mali.
La France et l'Union européenne soutiennent les "sanctions inédites" prises dimanche par les dirigeants ouest-africains contre la junte au pouvoir au Mali, a déclaré, mardi 11 janvier, le président Emmanuel Macron.
Mais un texte du Conseil de sécurité de l'ONU soutenant les sanctions de la Cédéao, proposé par la France, a été bloqué, mardi, par la Russie et la Chine.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a, quant à lui, accusé les mercenaires du groupe russe Wagner de "soutenir" la junte au pouvoir au Mali sous couvert de lutte antijihadiste. "Ce qui se passe au Mali est une véritable fuite en avant de la junte au pouvoir qui, au mépris de ses engagements, souhaite confisquer le pouvoir pendant des années et priver le peuple malien de ses choix démocratiques", a-t-il ajouté.
Les États-Unis soutiennent également les sanctions ouest-africaines, a déclaré leur ambassadrice à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, lors d'une réunion du Conseil de sécurité. Un délai de cinq années, comme l'ont demandé les colonels pour passer la main aux civils, "prolonge la douleur" des Maliens, plongés dans une profonde crise sécuritaire et politique depuis le déclenchement d'insurrections indépendantiste et jihadiste en 2012, a-t-elle dit.
"Nous soutenons" les mesures diplomatiques et économiques prises par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) à l'encontre du Mali, a déclaré Emmanuel Macron au cours d'une conférence de presse avec le président du Conseil européen, Charles Michel, à l'Élysée.
Le chef de l'État a précisé que les Européens se préparaient à renforcer à leur tour leurs sanctions. Les ministres des Affaires étrangères de l'UE devraient en discuter lors de leur réunion informelle prévue à Brest, dans l'ouest de la France, cette semaine. Et "d'ici à la fin du mois, il y aura une réunion formelle pour que l'UE et l'ensemble des pays qui la composent puissent accompagner cette décision de sanctions", selon lui.
La Cédéao a durement sanctionné, dimanche, le projet de la junte de continuer à diriger le pays pendant plusieurs années et le manquement à sa promesse de tenir le 27 février des élections ramenant les civils à la direction du pays.
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"Européaniser" l'approche au Sahel
Emmanuel Macron a insisté sur "la coopération inédite" des pays de l'UE avec les pays sahéliens et la communauté internationale pour lutter contre les groupes jihadistes actifs dans la vaste région désertique. "Nous allons continuer" à "européaniser notre approche" et à la "régionaliser", ce que confirmeront "les décisions des prochaines semaines", a-t-il affirmé.
Le président français avait annulé en décembre le déplacement qu'il devait effectuer au Mali pour rencontrer le président de la transition et célébrer Noël avec les troupes françaises, avançant officiellement la crise du Covid-19.
Au terme de près de neuf ans de présence au Sahel, la France a entrepris, en juin, de réorganiser son dispositif militaire en quittant ses trois bases les plus au nord du Mali (Tessalit, Kidal et Tombouctou) pour se recentrer autour de Gao et Ménaka, aux confins du Niger et du Burkina Faso. Ce plan prévoit une réduction des effectifs, de 5 000 actuellement, à 2 500/3 000 d'ici 2023.
Parallèlement, Paris a cherché à dissuader Bamako de faire appel aux services du groupe paramilitaire russe Wagner, considéré comme proche du Kremlin, ce que dément Moscou. De plus en plus nombreux, des instructeurs russes ont été déployés ces dernières semaines, notamment à Tombouctou, selon des responsables militaires maliens.
La junte appelle à manifester contre les sanctions ouest-africaines
L'effet des mesures de rétorsion sur la junte, mais aussi sur la population, ajoute à l'incertitude des lendemains dans un pays au cœur de l'instabilité sahélienne, théâtre de deux putsch depuis 2020.
La situation au Mali, plongé dans une profonde crise sécuritaire et politique depuis le déclenchement d'insurrections indépendantiste et jihadiste en 2012, doit être discutée, mardi, lors d'une réunion régulière du Conseil de sécurité de l'ONU.
Les autorités maliennes ont continué, lundi soir, à faire assaut de pugnacité et à se draper dans la défense de la patrie et de sa souveraineté, autour desquelles elles exhortent au ralliement.
"L'heure est au rassemblement de tous les Maliens sans exclusive pour réaffirmer nos positions de principe et défendre notre patrie", a déclaré dans un discours à la nation le colonel Assimi Goïta, porté à la tête du Mali par un premier coup d'État en août 2020 et intronisé président "de la transition" à la suite d'un second en mai 2021.
Le gouvernement installé par les militaires a, pour sa part, appelé dans un communiqué à la "mobilisation générale" sur tout le territoire vendredi.
Avec AFP