Malgré un déploiement massif de forces de sécurité, des milliers de manifestants soudanais se sont rassemblés jeudi dans la capitale Khartoum, mais aussi dans plusieurs villes du pays, pour protester contre le pouvoir militaire et réclamer un pouvoir civil. Trois personnes ont été tuées, selon des médecins.
Des milliers de Soudanais protestaient, jeudi 6 janvier, à travers le pays contre le pouvoir militaire, quelques jours après la démission du Premier ministre civil, selon des témoins sur place.
Trois manifestants ont été tués par balles dans la capitale Khartoum et sa banlieue par des tirs "des forces putschistes", selon le Comité central des médecins, une association indépendante. Deux d'entre eux ont été tués à Oumdourman, en banlieue de Khartoum, dont l'un atteint "à la tête" et l'autre "au bassin", et un troisième a été tué dans la capitale, touché "à la poitrine par des tirs à balles réelles", selon la même source.
Ces médecins ont, en outre, fait état de plus de 300 blessés touchés notamment par des tirs à balles réelles, des tirs de balles en caoutchouc ou de lacrymogènes.
À Khartoum, les manifestants avançaient vers le palais présidentiel et le QG de l'armée tandis que les forces de l'ordre tiraient des lacrymogènes pour tenter de les disperser.
Les rues avoisinantes ont été fermées à la circulation. Les manifestants jouaient des percussions, entonnaient des chants patriotiques et brandissaient des pancartes avec les photos de personnes tuées depuis le coup d'État.
Démission du Premier ministre
Le 25 octobre, le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, a mené un coup d'État, mettant fin à une transition vers un pouvoir entièrement civil, près de deux ans après la chute d'Omar el-Béchir, l'ex-dictateur au pouvoir depuis trois décennies.
Réinstallé par le général Burhane un mois après le coup d'État après avoir été détenu, le Premier ministre et visage civil de la transition Abdallah Hamdok, a démissionné le 2 janvier, à l'issue d'une journée de manifestations violemment réprimées ayant fait trois morts.
"J'ai tenté de mon mieux d'empêcher le pays de glisser vers la catastrophe, alors qu'aujourd'hui il traverse un tournant dangereux qui menace sa survie", a déclaré Abdallah Hamdok dans son adresse à la nation.
Au total depuis le coup d'État, plus de 50 personnes ont été tuées et des centaines d'autres blessées, selon le Comité des médecins, un syndicat indépendant.
Avec AFP