Les manifestants anti-passe sanitaire qui s'étaient introduit dans le Conseil régional de Guadeloupe jeudi, en sont sortis vendredi. Ceux-ci demandent à l'État de revenir à la table des négociations pour discuter une nouvelle fois de l'obligation vaccinale.
Les manifestants anti-passe sanitaire qui occupaient depuis jeudi le Conseil régional de Guadeloupe ont quitté les lieux vendredi 24 décembre en début d'après-midi de leur plein grè, mais promettent de nouvelles actions après Noël, alors que l'État a exclu toute négociation qui viserait à "abroger une loi de la République".
Ces manifestants – un collectif d'organisations, notamment syndicales et citoyennes, majoritairement opposées à l'obligation vaccinale contre le Covid-19 pour le personnel soignant et les pompiers – ont fait intrusion jeudi à la mi-journée dans l'hémicycle du Conseil régional de la Guadeloupe, en pleine session plénière.
Les élus et le président de la Région Ary Chalus, un proche d'Emmanuel Macron, avaient pu quitter l'hémicycle avant. Cette intrusion a été qualifiée par l'exécutif régional d'acte d'une "violence inédite".
Le collectif, dont une partie a passé la nuit sur place, demandait que l'État se joigne à la table des négociations, interrompues depuis deux semaines, pour discuter des problématiques à l'origine de la crise sociale, parfois violente, qui secoue la Guadeloupe depuis début novembre, avec en tout premier lieu l'obligation vaccinale.
Après plusieurs heures de discussion dans l'hémicycle entre membres du collectif, ils ont décidé vendredi à la mi-journée de plier bagage. "On va acheter notre igname, boudin, cochon, (pour le repas traditionnel de Noël, NDLR) et on va retrouver nos camarades, entre autres, sur le piquet de grève du Centre hospitalier de Basse-Terre", a indiqué à l'AFP Elie Domota, leader du LKP.
Le syndicaliste a précisé que le collectif allait "se réunir lundi" mais que d'ores et déjà "un meeting est acté mardi et mercredi" ainsi qu'"une action de terrain jeudi certainement avec la même configuration" que jeudi.
Une pétition contre des violences commises au CHU
En Guadeloupe, où un premier cas de variant Omicron a été détecté samedi et où la quatrième vague de Covid-19 a fait plus de 800 morts, la résistance à la vaccination est forte.
L'archipel a été touché en novembre par un mouvement de contestation, parfois violent, né de l'opposition à l'obligation faite au personnel soignant et aux pompiers de se vacciner contre le Covid-19. Le conflit a tourné à la crise sociale.
Plusieurs représentants de la société civile (universitaires, philosophes, syndicalistes, etc.) ont lancé une pétition il y a quelques jours contre des violences commises au CHU de Guadeloupe et ont dénoncé l'action de jeudi.
"Il est des espaces communs qui méritent d'échapper à la fureur et aux violences. C'est le cas des hôpitaux et des enceintes du débat démocratique", ont-ils écrit dans un communiqué.
En s'introduisant au sein du Conseil régional, les manifestants – un collectif d'organisations, notamment syndicales et citoyennes, très revendicatif – entendent faire pression sur les élus afin qu'ils demandent la participation de l'État aux négociations destinées à mettre un terme à cette crise.
"Aucune revendication ne justifie d'entraver le bon déroulement d'une assemblée d'élus en pleine séance plénière", a tweeté le ministre des Outre-Mer Sébastien Lecornu.
Les personnels de santé "suspendus" au 31 décembre
"Nous voulons que les élus votent une motion pour faire venir l'État à la table des négociations" car il a "les manettes financières pour beaucoup de points de négociation", a expliqué Jean-Marie Nomertin, leader du syndicat CGTG, présent dans l'hémicycle.
Les négociations ont tourné court il y a deux semaines après la signature d'un "accord de méthode" par les élus locaux et le collectif mais pas par l'État, absent du processus.
Le ministère des Outre-Mer a annoncé il y a trois jours que les personnels de santé des Antilles réfractaires à l'obligation vaccinale seraient "suspendus" au 31 décembre et pourraient "s'orienter vers un nouveau métier" via une "cellule d'accompagnement et de reconversion professionnelle".
Des manifestations se sont déroulées au cours du weekend. L'accès au plus grand centre commercial de l'île a notamment été bloqué plusieurs heures samedi, et un incendie s'est ensuite déclaré dans l'hypermarché.
En Martinique, l'hôtel de la collectivité territoriale à Cluny (Fort-de-France) a aussi été jeudi la cible d'une action des opposants à l'obligation vaccinale et au passe sanitaire, mais dans des proportions moindres.
Des manifestants ont bloqué l'accès à l'hôtel de la collectivité avec des palettes, branchages et poubelles, a constaté l’AFP. Une délégation a finalement été reçue par des élus et les manifestants ont quitté les lieux en fin de matinée.
Avec AFP