
Khartoum accueille, ce mercredi, un match de qualification crucial pour le Mondial 2010 entre l'Algérie et l'Égypte, qui n'ont pas réussi à se départager jusqu'à présent. Après les évènements du Caire, les autorités craignent des débordements.
À quelques heures du match d'appui décisif qui opposera l’Égypte à l’Algérie, ce mercredi, à Khartoum, la capitale soudanaise s’attend à tout : du foot, de la violence... et peut-être même une crise diplomatique.
Si l’enjeu sportif de cette rencontre en "terrain neutre" est clair - au coup de sifflet final, l’une des deux équipes sera qualifiée pour la Coupe du monde 2010 -, le déroulement de la troisième mi-temps est, pour beaucoup, source d'inquiètude. Les autorités soudanaises redoutent en effet le pire après les violences survenues la semaine dernière au Caire, en marge du match retour entre les deux équipes (victoire des "Pharaons" 2-0). En Égypte, le bus transportant les joueurs algériens a été caillassé et plusieurs incidents ont émaillé l’après-match. L'inquiétude est d'autant plus grande que ce n'est pas la première fois qu'une rencontre entre les deux équipes vire à la bataille rangée : En 1989 déjà, des échauffourées avaient éclaté entre les supporters des deux formations après que l'Égypte eut barré la route du Mondial-1990 à l'Algérie.
La ferveur à son comble
Le gouvernement soudanais, qui ne semble pas avoir une confiance absolue dans l'appel au calme et au fair play lancé lundi par les sélectionneurs des deux formations, a donc décidé de mobiliser 15 000 policiers. Pour l'occasion, il a également ramené de 41 000 à 35 000 places la capacité du stade d’Omdurman, où se déroulera la rencontre.
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C'est que la ferveur des fans est à son comble. "Tout le pays est derrière son équipe", raconte Ygal Saadoun, correspondant de FRANCE 24 au Caire. "Dans les médias algériens, le message est clair : c’est le jour de la revanche", rapporte de son côté Ahmad Tazir, correspondant de FRANCE 24 en Algérie. Depuis le début de la semaine, plus de 20 000 supporters des deux camps ont afflué dans la capitale soudanaise. Air Algérie a ainsi affrété 30 vols spéciaux à destination de Khartoum, bradant ses billets 200 euros, soit quatre fois moins que le tarif habituel. Côté égyptien, des bus gratuits ont été mis à disposition des supporters qui souhaitent rejoindre la communauté égyptienne de Khartoum, forte de plus de 2000 individus.
Catalyseur
Si tout le monde craint une explosion de violence à l'issue du match, des actes isolés ont déjà fait monter la pression. Lundi, les locaux d’Egypt Air situés dans le centre d’Alger ont été détruits. Mardi, le président de la Fédération algérienne de football a, quant à lui, ouvertement accusé son homologue égyptien d’être derrière les échauffourées du match aller.
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Pour certains, cette rencontre est le catalyseur des relations orageuses entre les deux pays. "Le match n'est que la goutte d'eau qui fait déborder le vase, il est l’aboutissement de 30 ans de tensions entre l'Égypte et l'Algérie", confirme à FRANCE 24 Ziden Khoulif, universitaire et spécialiste de relations internationales. Une lecture politique de l'événement particulièrement palpable en Algérie : "Le pays a rarement été aussi uni", constate ainsi le sociologue Nacer Djab, dans un entretien au quotidien français Le Monde daté du 18 novembre.