Confronté à une hostilité croissante de sa population à la présence de soldats britanniques en Afghanistan, Gordon Brown propose d'accueillir, en janvier, une conférence pour définir un calendrier de transfert des responsabilités aux forces afghanes.
REUTERS - La Grande-Bretagne a proposé d'accueillir en janvier une conférence internationale sur l'Afghanistan afin d'y définir un calendrier de transfert des responsabilités aux forces de sécurité afghanes, a annoncé Gordon Brown lundi soir.
L'année 2009 a été la plus meurtrière pour l'armée de Sa Majesté depuis l'intervention occidentale de 2001 et ce bilan nourrit l'hostilité croissante de la population envers la présence britannique en Afghanistan.
Distancé par l'opposition conservatrice en vue des élections législatives de l'année prochaine, le Premier ministre britannique s'est efforcé de défendre l'efficacité de cette guerre dans la lutte contre Al Qaïda lors d'un discours de politique étrangère donné à l'occasion du banquet annuel du maire de Londres.
Il a essayé en outre de convaincre les électeurs qu'il avait déjà une stratégie de retrait, en expliquant que Londres pourrait rapatrier ses soldats lorsque les forces afghanes auront été suffisamment entraînées et que la responsabilité de la sécurité pourrait leur être confiée.
"Je souhaite que cette conférence définisse un cadre politique global dans lequel la stratégie militaire puisse être mise en oeuvre", a-t-il dit de cette conférence internationale qu'il se propose d'accueillir en janvier.
"Elle devra élaborer un processus de transfert secteur après secteur vers un plein contrôle afghan et, si c'est possible, définir un calendrier pour que ce transfert débute en 2010", a encore souligné Gordon Brown.
"Plus grands succès"
Le contingent britannique, fort de 9.000 militaires, est le deuxième plus important de la coalition internationale après celui des Etats-Unis.
Depuis 2001, 234 Britanniques ont été tués en Afghanistan et le gouvernement de Gordon Brown s'est vu accusé de ne pas fournir aux soldats tous les équipements nécessaires.
Brown, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy avaient évoqué dès septembre la tenue d'une conférence sur l'Afghanistan, et Londres avait déjà proposé de l'accueillir.
Outre l'idée d'un plan de retrait, Brown a évoqué les succès remportés selon lui dans les conflit afghan, notamment contre la
nébuleuse islamiste Al Qaïda.
"Je défends vigoureusement notre action en Afghanistan et au Pakistan parce qu'Al Qaïda est aujourd'hui la source de menaces
principale pesant sur notre sécurité nationale et sur la sécurité des vies du peuple britannique", a-t-il déclarer.
"Et ce soir, je peux dire que nous avons enregistré cette année de plus grands succès dans notre action pour mettre Al Qaïda hors de combat que lors de n'importe quelle autre année depuis l'invasion en 2001."
Selon une source gouvernementale, la présence des forces internationales en Afghanistan aurait contraint la direction d'Al Qaïda à se réfugier au Pakistan, où l'armée nationale a lancé récemment une série d'offensives contre les insurgés.
"Depuis janvier 2008, a dit Brown, sept des douze principales figures d'Al Qaïda ont été tuées, ce qui a amoindri ses réserves de dirigeants expérimentés et sapé son moral (...) D'après ce que me disent les services de sécurité, il existe aujourd'hui une opportunité d'infliger des dégâts significatifs et durables à Al Qaïda."
Pour Malcolm Chalmers, du Royal United Services Institute, il n'est pas excessif de revendiquer des progrès contre Al Qaïda, mais cela, dit-il, n'a pas de lien direct avec le nombre de soldats étrangers déployés en Afghanistan, plutôt avec l'augmentation des raids de drones américains au Pakistan.