Afin de mettre fin aux violences aux Antilles françaises, le gouvernement a annoncé vendredi qu'il repoussait au 31 décembre la mise en œuvre de l'obligation vaccinale des soignants et pompiers. Il s'est par ailleurs dit "prêt" à parler de l'autonomie de la Guadeloupe.
Le gouvernement a annoncé, vendredi 26 novembre, qu'il repoussait la mise en œuvre de l'obligation vaccinale des soignants et pompiers en Guadeloupe et en Martinique au 31 décembre, pour tenter de mettre fin aux violences qui ont fait dix blessés, dont un grièvement, en une nuit parmi les forces de l'ordre.
Il s'est par ailleurs dit "prêt" à parler de l'autonomie de la Guadeloupe, a indiqué le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, annonçant également la création de "1 000 emplois aidés pour les jeunes".
L'obligation vaccinale devait s'appliquer le 15 novembre dans les Antilles, jour où a débuté la grève générale en Guadeloupe. Le mouvement a ensuite gagné la Martinique, où la contestation a débuté le 22 novembre.
Ce qui avait commencé avec des blocages et des piquets de grèves a cependant vite dérapé en violences contre les forces de l'ordre, incendies et pillages, dans ces territoires placés sous couvre-feu.
Forces de l'ordre et journalistes ont été ciblés par des tirs dans la nuit de jeudi à vendredi en Martinique, où les violences ont fait dix blessés parmi les policiers, dont cinq par balles.
Une dizaine d'interpellations ont eu lieu en Martinique dans la nuit, selon le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. Il "y a eu près de 150 interpellations depuis le début de cette situation en Guadeloupe et en Martinique", a déclaré de son côté le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.
Après concertation avec les élus locaux et les collectivités territoriales, les ministres des Outre-mer, Sébastien Lecornu, et de la Santé, Olivier Véran, ont annoncé conjointement repousser "au 31 décembre 2021 la finalisation de la mise en œuvre de l'obligation vaccinale" pour la Guadeloupe et la Martinique, dans l'intention de faire redescendre la tension.
L'autonomie de la Guadeloupe évoquée
Lors des réunions de ces derniers jours pour tenter de résoudre la crise, "certains élus ont posé la question en creux de l'autonomie", a déclaré Sébastien Lecornu dans une allocution télévisée aux Guadeloupéens.
"D'après eux, la Guadeloupe pourrait mieux se gérer d'elle-même. Ils souhaitent moins d'égalité avec l'Hexagone, plus de liberté de décision par les décideurs locaux. Le gouvernement est prêt à en parler, il n'y a pas de mauvais débats du moment que ces débats servent à résoudre les vrais problèmes du quotidien des Guadeloupéens", a poursuivi le ministre.

Sébastien Lecornu a également annoncé le financement de "1 000 emplois aidés pour les jeunes, avec un accompagnement spécifique et une formation, dans le secteur non marchand, pour soutenir les collectivités ou les associations sociales, sportives, environnementales du territoire".
En Guadeloupe, 34,5 % de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté national, avec un fort taux de chômage (19 %), notamment chez les jeunes (35 % en 2020 contre une moyenne nationale de 20 %).
Couvre-feu prolongé en Guadeloupe
En Guadeloupe, où le niveau de vaccination des soignants approche aujourd'hui les 90 %, selon les ministres, des "groupes d'écoutes et de dialogue" seront aussi mis en place à partir de lundi pour recevoir "individuellement chaque professionnel concerné par une suspension pour non conformité à l'obligation vaccinale".
La préfecture de Guadeloupe a annoncé, vendredi, prolonger jusqu'au 29 novembre le couvre-feu en place depuis une semaine. "Afin de garantir la sécurité des personnes et des biens, le préfet de Guadeloupe a décidé la prorogation du couvre-feu de 18 h à 5 h jusqu'au 29/11/21 à 5 h", indique la préfecture sur Twitter.
#CouvreFeu Afin de garantir la sécurité des personnes et des biens, le préfet #Guadeloupe, a décidé la prorogation du couvre-feu de 18h à 5h jusqu’au 29/11/21 à 5h.
????La vente d’essence en jerrican est également interdite
Tout contrevenant s’expose à des poursuites judiciaires. pic.twitter.com/WWGOeITl74
Levée des suspensions
Sébastien Lecornu et le ministre de la Santé Olivier Véran ont aussi annoncé la levée des suspensions pour les personnels qui accepteront un accompagnement individuel. Par contre, ceux qui refuseront "poursuivront leur suspension", ajoute le texte.
Cette annonce "ne change rien : nous ne sommes pas satisfaits de cette décision. Nous demandons le retrait de l'obligation vaccinale car notre liberté de choisir est bafouée, et du pass sanitaire qui empêche tout le monde de vivre", a réagi auprès de l'AFP Sormain Sandrou, secrétaire général adjoint de l'UTS-UGTG du CHU de Pointe-à-Pitre, présent sur le piquet de grève devant l'établissement.
"Nous allons nous réunir et réfléchir, mais je doute que ce qu'a dit Sébastien Lecornu suffira pour nous démobiliser. Car nous ne voulons pas d'injection pour le moment, il n'y a pas suffisamment de recul vis-à-vis (du vaccin)", a déclaré Anne Négoce-Atexide, qui travaille au département pharmacie du CHU.
Pour Sormain Sandrou, secrétaire UTS-UTG au CHU, l'obligation vaccinale est "discriminatoire car ne concerne qu'une partie de la population, et liberticide", assure-t-il également.
Répondre à un questionnaire, s'inscrire et trouver quelqu'un qui vous correspond pour... débattre sur des thématiques européennes. En partenariat avec 17 médias dont France 24 et ENTR, Europe Talks vous propose de participer à sa plateforme d'échanges entre Européens. Prêt pour une rencontre ?
Avec AFP