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Les habitants des îles Salomon ont bravé jeudi le confinement imposé par le gouvernement et ont à nouveau manifesté dans la capitale, mettant le feu à des bâtiments. Le Premier ministre fait face à des pressions après sa décision prise en 2019 de mettre fin aux liens diplomatiques avec Taïwan et d'établir des liens formels avec la Chine.

Plusieurs bâtiments ont été incendiés, jeudi 25 novembre, à Honiara, la capitale des Îles Salomon, selon des témoins, et des milliers de manifestants ont envahi le quartier chinois de la ville, exigeant la démission du Premier ministre Manasseh Sogavare.

Des témoins et des médias locaux ont fait état d'une foule bravant le couvre-feu, imposé à la suite des émeutes de la veille, pour descendre dans les rues.

Des images retransmises en direct ont montré des bâtiments en flammes et le panache d'une épaisse fumée noire s'élevant au-dessus de la capitale.

Mercredi, des centaines de personnes ont manifesté, réclamant la démission du Premier ministre, avant de se rendre dans le quartier chinois de Honiara, où ils ont brûlé un poste de police et pillé des commerces jusqu'à l'intervention de la police avec des gaz lacrymogènes.

À la suite de ces incidents, Manasseh Sogavare a ordonné un couvre-feu immédiat à Honiara, déplorant un "événement triste et malheureux visant à faire tomber un gouvernement démocratiquement élu".

Il a également demandé de l'aide à l'Australie, qui a accepté d'envoyer une force de maintien de la paix afin "d'assurer la stabilité et la sécurité", selon les mots du Premier ministre australien Scott Morrison.

Violences inter-ethniques, tensions, émeutes

Des manifestants venus de l'île voisine de Malaita auraient pris part à ces violences pour protester contre la décision, en 2019, de transférer sa reconnaissance diplomatique de Taïwan à la Chine.

Les îles Salomon avaient choisi de reconnaître Taïwan en 1983 et beaucoup d'habitants de Malaita entretenaient des relations étroites avec Taipei. Le gouvernement de cette île a régulièrement reproché à Honiara de s'être ainsi rapproché de Pékin.

Cet archipel du Pacifique, indépendant du Royaume-Uni depuis 1978, avait sombré dans des violences inter-ethniques au début des années 2000. De nouvelles tensions avaient entraîné le déploiement entre 2003 et 2013 d'une force de paix dirigée par l'Australie.

Des émeutes avaient notamment éclaté dans le quartier chinois de Honiara lors des élections législatives de 2006, à la suite de rumeurs selon lesquelles des entreprises proches de Pékin avaient truqué le vote.

Le leader de l'opposition, Matthew Wale, a exhorté Manasseh Sogavare à la démission, assurant que les troubles ne cesseraient pas avec un couvre-feu encadré par la police.  

"Malheureusement, les frustrations et la colère rentrée du peuple contre le Premier ministre se répandent de manière incontrôlable dans les rues, où des opportunistes profitent de la situation", a-t-il déclaré dans un communiqué obtenu par l'AFP.

Avec AFP