Les Pays-Bas sont l'un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre par habitant en Europe et l'industrie de l'élevage en est largement responsable. Avec ses quatre millions de vaches, le pays est aujourd'hui sous pression pour lutter contre les émissions de méthane, mais aussi contre la "crise de l'azote" qui ravage les écosystèmes. Le gouvernement envisage même de réduire le nombre de têtes de bétail.
Une grande partie des gaz responsables du réchauffement de la planète provient du bétail, principalement par les émissions de méthane. Il s'agit du deuxième gaz le plus abondant dans l'atmosphère et il est 28 fois plus puissant que le dioxyde de carbone.
Pets ou rots ?
Contrairement à leur réputation, ce ne sont pas les pets des vaches qui posent problème : ce sont leurs rots.
"Les vaches produisent du méthane parce que les micro-organismes qui vivent dans l'estomac d'une vache dégradent les aliments comme l'herbe ou tout ce que la vache mange", explique Jan Dijkstra, professeur associé et expert en alimentation animale à l'université de Wageningen, aux Pays-Bas. "Dans ce processus de dégradation, ils produisent également du méthane et celui-ci est rejeté par la vache dans son haleine."
Ce que les vaches mangent, quand et comment, pourrait être la clé pour limiter les émissions de méthane.
Au Dairy Campus de Leeuwarden, une ferme expérimentale, Jan et une équipe de scientifiques ont testé différents modèles qui pourraient aider à optimiser la digestion des vaches. Et les résultats sont encourageants.
En modifiant le régime alimentaire des vaches, "nous devrions parvenir à une réduction de 40 à 50 % du méthane émis par les vaches laitières", explique-t-il.
La "crise de l'azote" néerlandaise
Mais les Pays-Bas sont confrontés à un autre problème, tout aussi grave : les émissions d’azote.
Lorsque le fumier et l'urine d'une vache entrent en contact, le mélange libère de l'ammoniac, un composé azoté qui peut ensuite s'infiltrer dans le sol et l'eau, endommageant les habitats naturels et favorisant la prolifération des algues.
Mais que se passerait-il si les agriculteurs pouvaient séparer l'urine et le fumier dès le départ ? Avec un système collectant l'urine des animaux, des ingénieurs néerlandais ont mis au point les premières toilettes pour vaches au monde.
Il s'agit d'une méthode simple, selon Jochem Tolkamp, un représentant commercial de Hanskamp, la société qui fabrique les toilettes. "Les toilettes stimulent le nerf situé entre la mamelle et la vulve, ce qui fait uriner la vache par réflexe", explique-t-il.
L'urine est ensuite récupérée et stockée pour que les agriculteurs puissent la réutiliser comme engrais. "Nous collectons déjà 15 litres par vache et par jour. Cela nous permet déjà de réduire de 40 % la production d'ammoniac."