En déplacement dans la Drôme jeudi, le chef de l'État français a prononcé un discours passionné sur l'identité nationale, renouant ainsi avec les thèmes phares de sa campagne pour la présidentielle de 2007.
"Honneur", "patrie", "fierté d’être français", "identité plurielle", "métissage", "mérite", "laïcité"... Dans un discours passionné prononcé, jeudi soir, à la Chapelle-en-Vercors, haut lieu de la Résistance où 16 habitants ont été fusillés par les nazis en juillet 1944, le président français, Nicolas Sarkozy, égrène ce qui constitue à ses yeux l'identité nationale de son pays. Soucieux de contribuer au ‘’noble’’ débat lancé par le ministre de l’Immigration, Eric Besson, le chef de l’Etat invoque, pêle-mêle, Histoire, patrimoine, culture. Sans oublier la repentance.
"A force d'abandon, nous avons fini par ne plus savoir très bien qui nous étions. A force de cultiver la haine de soi, nous avons fermé les portes de l'avenir. On ne bâtit rien sur la haine de soi, sur la haine des siens et sur la détestation de son propre pays, a-t-il déclamé. Voilà pourquoi nous devons parler de notre identité nationale. Ce n'est pas dangereux, c'est nécessaire. Ce qui serait dangereux ce serait de ne pas en parler [...] C'est avec cette politique de l'autruche qu'on laisse le champ libre à tous les extrémismes", a insisté Nicolas Sarkozy, fustigeant indirectement l’opposition qui refuse de participer au débat.
"Pas de place pour l’asservissement de la femme"
Le plaidoyer a été également l’occasion pour le président de réaffirmer son opposition au voile islamique qui, depuis juillet, fait l’objet d’une mission d’information. "En France, il n’y a pas de place pour l’asservissement de la femme. La France est une terre de liberté et d’égalité. La France est un pays d’émancipation où chacun aspire à s’élever selon ses talents, ses mérites, son travail, où la femme est libre. La France est un pays où l’Eglise est séparée de l’Etat, où les croyances de chacun sont respectées.’’
Si le chef de l’Etat ne fait que réitérer son hostilité à l’égard de la burqa et du niqab, sa prise de position sur la laïcité est plus surprenante au vu de ses propos tenus à Rome, en décembre 2008. Le président avait alors pris ses distances avec la loi de 1905 consacrant la séparation de l’Eglise et de l’Etat en France. "La laïcité n’a pas le pouvoir de couper la France de ses racines chrétiennes. Elle a tenté de le faire. Elle n’aurait pas dû", avait-il déclaré.
Airs de déjà vu
Venu à la Chapelle-en-Vercors pour s’exprimer sur l’agriculture, Nicolas Sarkozy, en baisse dans les sondages, a préféré renouer avec les thèmes phares de sa campagne électorale de 2007. "La France est un pays de tolérance et de respect. Mais la France demande qu'on la respecte, a-t-il affirmé. On ne peut pas vouloir bénéficier des droits sans se sentir obligé par les devoirs.’’
Enchaînant les exemples, le président français a estimé qu'on ne pouvait pas "vouloir bénéficier de la Sécurité sociale sans jamais se demander ce que l'on peut faire pour son pays" ou "vouloir bénéficier des allocations chômage sans se sentir moralement obligé de tout faire pour retrouver du travail." Un discours aux airs de déjà vu, écho d’un temps où le candidat Nicolas Sarkozy allait chasser ‘’un à un’’ les électeurs sur les terres du parti d’extrême droite, le Front national.