
Les États-Unis et l'UE ont confirmé, dimanche, un accord concernant les droits de douane sur les importations européennes d'acier et d'aluminium, mettant fin à leur guerre commerciale. Joe Biden et Ursula von der Leyen ont célébré, à Rome, "une nouvelle ère" et une "étape importante" de la relation transatlantique.
Le président américain, Joe Biden, et la cheffe de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont célébré, dimanche 31 octobre, à Rome, "une nouvelle ère" et une "étape importante" de la relation transatlantique. Les États-Unis et l'Union européenne ont confirmé avoir conclu un accord pour lever des droits de douane additionnels sur les importations européennes d'acier et d'aluminium, mettant fin à un conflit commercial entre Washington et Bruxelles depuis l'imposition de ces taxes par l'administration Trump en 2018.
"Les États-Unis et l'Union européenne entrent dans une nouvelle ère de coopération transatlantique", a déclaré Joe Biden, aux côtés d'Ursula von der Leyen, en marge du sommet du G20 à Rome. Le président américain a assuré que les annonces sur l'acier et l'aluminium étaient "la preuve de la force de notre partenariat, et de ce que les États-Unis peuvent faire en travaillant avec leurs amis".
Lors de cette courte intervention face aux journalistes, Ursula von der Leyen a, de son côté, salué "une étape importante" dans les relations UE/États-Unis. "Nous avons restauré la confiance et la communication", a encore dit la présidente de l'exécutif européen.
L'accord "historique", dévoilé samedi par la secrétaire américaine au Commerce, Gina Raimondo, va permettre à une part importante des exportations d'acier et d'aluminium européens vers les États-Unis d'échapper aux droits de douane.
Gina Raimondo a annoncé cet accord qui va "maintenir certains droits de douane mais permettre à des quantités limitées d'importations européennes d'acier et d'aluminium d'entrer aux États-Unis en franchise de droits".
En contrepartie, l'UE va supprimer les droits de douane supplémentaires qu'elle avait imposés en représailles sur une série de produits américains, comme le bourbon ou les motos Harley-Davidson.
Vers un accord mondial sur l'acier et l'aluminium durables
Le commissaire européen chargé du Commerce, Valdis Dombrovskis, a annoncé pour sa part dans un tweet : "Nous avons convenu avec les États-Unis de suspendre notre différend commercial sur l'acier et l'aluminium et de lancer une coopération pour un accord mondial sur l'acier et l'aluminium durables".
Le chef du gouvernement italien, Mario Draghi, hôte du G20, s'est félicité de la décision "qui confirme le renforcement des relations transatlantiques déjà étroites et le dépassement progressif du protectionnisme de ces dernières années".
Mario Draghi "espère que cet accord sera un premier pas vers une plus grande ouverture des échanges entre l'UE et les États-Unis, afin de favoriser la croissance des deux économies", ajoute le communiqué des services du Premier ministre italien.
Guerre commerciale
En pleine guerre commerciale, l'administration Trump avait infligé, en juin 2018, des droits de douane additionnels de 25 % sur l'acier et de 10 % sur l'aluminium de plusieurs régions du monde, de la Turquie à la Chine en passant par le Canada, le Mexique et l'Union européenne arguant de la nécessité de protéger la sécurité nationale.
En moins de trois semaines, les Européens avaient répliqué en taxant les motos, les jeans (dont les Levi's), ou encore le tabac, le maïs, le riz ou le jus d'orange en provenance des États-Unis.
Chez Harley-Davidson, les taxes douanières européennes étaient ainsi passées de 6 % à 31 % pour les produits de la marque entrant sur le marché européen, ce qui renchérissait le prix au détail de chaque véhicule de 2 200 dollars.
"Ces industries étaient confrontées à des tarifs de rétorsion de 50 %", a rappelé Gina Raimondo, en évoquant les produits made in USA. "Aucune entreprise ne peut survivre à cela. Il y a 1,7 million d'Américains qui vivent de l'industrie des spiritueux et 5 600 travailleurs chez Harley-Davidson. Tous ces emplois sont assurés avec cet accord".
En juin dernier, lors de l'annonce du règlement du conflit sur les subventions à Airbus et Boeing, Washington et Bruxelles s'étaient donnés jusqu'au 1er décembre pour trouver un accord sur l'acier, faute de quoi l'UE imposerait une hausse de ses tarifs douaniers.
L'annonce de la trêve, intervenue au premier jour du sommet des dirigeants du G20 à Rome, ne précise pas le volume d'importation d'acier et d'aluminium qui sera exempt de droits de douane.
"Un certain soulagement"
La Chambre de commerce américaine a réagi avec soulagement, alors que même sous l'administration Trump, ces industriels avaient souvent dénoncé le froid que jetait sur les échanges cette surenchère de taxes douanières.
D'autant plus que ce sont les importateurs américains qui doivent s'acquitter en premier lieu de ces taxes, destinées à décourager les importations des pays visés.
"L'accord annoncé aujourd'hui offre un certain soulagement aux fabricants américains qui souffrent de la flambée des prix de l'acier et des pénuries, mais des mesures supplémentaires sont nécessaires", a estimé la Chambre de commerce américaine dans un communiqué samedi.
"La décision de l'UE de suspendre ses droits de rétorsion sur les exportations américaines telles que le bourbon, les motos, les cosmétiques et les bateaux à moteur est une bonne nouvelle pour les entreprises et travailleurs américains".
"Lorsque ces tarifs ont été imposés en 2018, la Chambre avait averti qu'ils nuiraient directement aux fabricants américains, provoqueraient des représailles généralisées (...) et laisseraient pratiquement intact le véritable problème de la surcapacité d'acier et d'aluminium chinois", ajoute l'organisation professionnelle.
L'accord spécifie que tout l'acier importé d'Europe aux États-Unis sera bien "fabriqué entièrement en Europe", a insisté l'administration américaine.
Il se veut aussi le cadre de négociations futures pour un accord entre l'Union européenne et les États-Unis sur comment mieux prendre en compte l'intensité carbone de la fabrication de ces produits. "Cela veut dire que les États-Unis et l'UE produisent tous deux de l'acier et de l'aluminium qui sont plus propres que l'acier produit en Chine", a affirmé Gina Raimondo.
Pour les industriels de l'Alliance for American Manufacturing, "cet arrangement intérimaire doit maintenant conduire l'UE à rejoindre les États-Unis pour s'attaquer sérieusement à la part de la Chine dans la surcapacité mondiale et exiger des changements mesurables", a indiqué son président Scott Paul.
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Avec AFP