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Le FMI enjoint les membres du G20 à poursuivre leurs politiques de relance

Le Fonds monétaire international invite les ministres des Finances du G20, réunis en Écosse, à ne pas se laisser aveugler par l'embellie économique. Un "retrait prématuré des politiques de relance [pourrait] être coûteux", avertit l'organisation.

REUTERS - Le Fonds monétaire international (FMI) a prévenu les principaux dirigeants de la planète de ne pas reproduire les erreurs des années 1930 en retirant trop rapidement leurs mesures de soutien à l'économie.

Dans un document préparé pour les ministres des Finances et les banquiers centraux des pays du G20 (1), réunis ces vendredi et samedi en Ecosse, le FMI souligne que la reprise de l'économie mondiale reste fragile et dépendante des injections
massives de fonds publics intervenues depuis le déclenchement de la crise, il y a un peu plus d'un an.

"L'une des leçons cruciales des expériences de crises similaires, comme la Grande Dépression ou la crise des années 1990 au Japon, est que le retrait prématuré des politiques de relance peut être très coûteux", peut-on lire dans ce document que Reuters a pu consulter.

Alistair Darling, ministre britannique des Finances et hôte de la réunion ministérielle de St Andrews, a dit à Reuters que les pouvoirs politiques des pays du G20 maintiendraient ces plans de relance tant que la reprise ne serait pas garantie et
qu'un nouveau système de contrôles et de vérifications mutuelles n'aurait pas été mis en place dans l'optique de rééquilibrer la croissance mondiale et d'éviter de futures crises.

"Je pense que nous pouvons parvenir à un accord garantissant d'abord que nous ne retirerons pas trop vite nos plans de soutien, parce que la reprise n'est pas présente partout", a-t-il dit.

La ville écossaise de St Andrews accueille la troisième réunion de l'année au niveau des ministres et banquiers centraux des pays du G20, regroupant les principales économies industrialisées et émergentes de la planète. Il s'agit de donner
de la substance aux accords conclus par les chefs d'Etat et de gouvernement du G20 en septembre dernier à Pittsburgh, aux Etats-Unis.

Depuis lors, plusieurs indicateurs et signaux ont semblé donner corps à l'idée d'une sortie de crise financière et économique.

Mais la reprise reste fragile: ainsi, les statistiques américaines sur l'emploi publiées vendredi montrent que le chômage, à 10,2% de la population active en octobre, est au plus haut depuis 1983. En un mois, quelque 190.000 emplois ont été supprimés par les entreprises américaines, quand les analystes tablaient eux sur un chiffre de 175.000.

"Le rythme de la reprise est inégal, particulièrement dans les économies avancées, où la confiance des consommateurs reste sombre; la réduction des mesures budgétaires temporaires, comme le programme de prime à la casse aux Etats-Unis ou ailleurs,
ralentit la production", souligne le FMI.

 La question du yuan

Les ministres du G20 étaient convenus, du moins officiellement, de ne pas aborder un autre aspect du rééquilibrage de l'activité économique mondiale: la question des
changes, et principalement la question du yuan chinois que les partenaires de Pékin jugent sous-évalué.

Mais le Brésil a rompu ce silence: "Le système de changes fixes de la Chine est un motif d'inquiétude", a dit à Reuters un représentant du ministère brésilien des Finances. "Tout le problème, c'est la Chine."

Le vice-ministre japonais des Finances, Yoshihiko Noda, a lui aussi demandé à la Chine de passer à un système de flexibilité des changes.

Pour le ministre suédois Anders Borg, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union européenne, les déséquilibres mondiaux ne pourront être réglés si on n'aborde pas la question des changes. "Si nous voulons un cadre pour une stabilité globale, nous devrons aussi prendre en compte les taux de change", a-t-il dit dans un entretien accordé à Reuters.

(1) Les vingt membres du G20: Afrique du Sud, Allemagne,
Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine,
Corée du Sud, Etats-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie,
Japon, Mexique, Royaume-Uni, Russie et Turquie; son vingtième
membre est l'Union européenne.

 

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