
C’est le grand tabou de la mode : de la fast fashion au luxe, l’industrie croule sous les invendus. De nombreuses initiatives sont en cours pour aider l'industrie à changer de modèle.
Chaque année, l’Agence du don en nature redistribue entre 200 000 et 300 000 unités de vêtements invendus. L’association collecte les articles auprès d’entreprises donatrices avant de les mettre à disposition de centres d’hébergement, d'associations d’aide à l’enfance et de bien d’autres collectifs grâce à une plateforme numérique.
Pour son directeur général, Romain Canler, un invendu donné n’est plus véritablement un invendu : "C’est un produit qui trouve une utilité sociale en sortant certes du marché consumériste au sens traditionnel du terme, mais qui en trouvant son utilité sociale évite le gaspillage."
Beaucoup de vêtements incinérés
Une démarche qui a pourtant ses limites. Selon des estimations de Refashion, éco-organisme de la filière textile, pour chaque vêtement donné, cinq sont incinérés.
Chez Fashion Green Hub, une communauté de 300 entreprises de mode, on tente de donner une seconde vie aux invendus à travers l'"upcycling" – ou surcyclage. Un jean Bizzbee devient une pochette pour ordinateur, des draps sont transformés en kimono... Depuis ses débuts, l'association a surcyclé plus de 100 000 produits et sauvé deux tonnes de textiles.
Prendre en compte la demande
Et si on s’attaquait à la source du problème : la surproduction ? Produire de manière agile, à la demande, c’est ce que propose la start-up Tekyn.
"On va dire aux marques : au lieu de produire 3 000 pièces en une fois, vous allez produire 300 pièces par semaine. Chaque semaine, on va analyser ce qui a été vendu la semaine précédente", explique Donatien Mourmant, cofondateur de Tekyn.
Il s’agit d’un véritable changement de paradigme pour les marques, une approche écologique mais aussi économique afin d’éviter des surstocks. "On a constamment des exemples de production où une marque a produit plus de deux fois ce qu’elle a réellement vendu."