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Afghanistan : Washington s'active diplomatiquement, les Taliban poursuivent leur offensive

L'émissaire des États-Unis pour l'Afghanistan se rend au Qatar afin d'exhorter les Taliban à cesser leur offensive militaire et à négocier un accord politique, a annoncé lundi le département d'État américain. Dans le même temps, les Taliban contrôlent désormais huit des 34 capitales provinciales afghanes, après la prise de Farah, dans l'Ouest, et Pul-e Khumri, dans le Nord, ce mardi.

La diplomatie américaine s'active face à l'offensive des Taliban en Afghanistan. L'émissaire des États-Unis se rend au Qatar afin d'exhorter ces derniers à cesser leur offensive militaire et à négocier un accord politique.

Même si les espoirs sont minces de voir les pourparlers déboucher sur un résultat concret, l'émissaire américain, Zalmay Khalilzad, devait exhorter les Talibans "à cesser leur offensive militaire et à négocier un accord politique", a indiqué lundi 9 août le département d'État dans un communiqué. "L'intensification de l'offensive militaire des Taliban, qui cause des pertes civiles des deux côtés, et des violations présumées des droits humains, sont très inquiétantes", souligne aussi le texte. 

Des représentants du gouvernement afghan étaient aussi attendus à Doha, où les échanges devaient se poursuivre mercredi. Le retrait des forces internationales avait été décidé par l'ex-président américain Donald Trump. Joe Biden a repoussé l'échéance de quelques mois mais les forces américaines et étrangères auront complètement quitté le pays d'ici la fin du mois.

Mais l'administration du président Joe Biden n'a aucunement l'intention de changer de ligne. Elle maintiendra son soutien à Kaboul, mais c'est aux Afghans de prendre leur destin en mains.

Le président américain Joe Biden a déclaré mardi ne pas regretter sa décision de retirer les troupes américaines d'Afghanistan, assurant que Washington tenait ses promesses faites à Kaboul, et qu'il fallait que les soldats afghans démontrent leur volonté de combattre les insurgés. S'exprimant devant les journalistes à la Maison blanche, Joe Biden a déclaré que les dirigeants afghans devaient "s'unir". "Ils doivent se battre pour eux-mêmes, se battre pour leur nation", a-t-il dit.

Les Taliban, qui avancent à un rythme effréné, contrôlent désormais huit des 34 capitales provinciales afghanes, dont six des neuf du nord du pays, des combats étant en cours dans les trois autres. Mardi, ils se sont emparés de Farah, dans l'Ouest, et de Pul-e Khumri, dans le Nord. 

Les Taliban sont maintenant dans la ville, ils ont hissé leur drapeau sur la place centrale et au bureau du gouverneur", a raconté à l'AFP Mamoor Ahmadzai, un député de la province de Baghlan, dont Pul-e Khumri, à 200 kilomètres de Kaboul, est la capitale.

Après deux heures de combats, les forces de sécurité se sont retirées mardi soir vers une base hors de la ville, a-t-il précisé. "Les Taliban ont mis feu à certaines parties de la ville dont deux restaurants", a raconté un officier, qui a combattu les insurgés à Baghlan dimanche.

Mazar-i-Sharif, ville-clef pour le gouvernement afghan

Dans l'après-midi, les insurgés s'étaient déjà emparés de Farah, capitale de la province du même nom. Zabihullah Mujahid, un porte-parole des insurgés, a confirmé la prise des deux villes sur Twitter.

Depuis vendredi, les Taliban ont pris le contrôle de Zaranj, de Sheberghan, fief du célèbre chef de guerre Abdul Rashid Dostom, de Kunduz, la grande ville du nord-est, ainsi que de trois autres capitales septentrionales, Taloqan, Sar-e-Pul et Aibak.

Les violences ont poussé des dizaines de milliers de civils à fuir leur foyer dans tout le pays, les Taliban étant accusés de nombreuses atrocités dans les endroits tout juste passés sous leur coupe.

Les insurgés ont déjà en vue leur prochain objectif et ont annoncé avoir attaqué Mazar-i-Sharif. Mais des habitants et des officiels ont assuré qu'ils ne l'avaient pas encore atteinte. La police de la province de Balkh, dont Mazar-i-Sharif est la capitale, a affirmé que les combats les plus proches en étaient distants d'au moins 30 kilomètres. Elle a accusé les Taliban de vouloir "créer de l'angoisse dans la population civile avec leur propagande".

"L'ennemi fait maintenant mouvement vers Mazar-i-Sharif, mais heureusement les ceintures de sécurité (autour de la ville) sont solides et l'ennemi a été repoussé", a affirmé Mirwais Stanikzai, porte-parole du ministère de l'Intérieur. Cité historique et carrefour commercial, Mazar-i-Sharif est le pilier sur lequel s'est toujours appuyé le gouvernement pour contrôler le nord du pays. Sa chute lui porterait un coup extrêmement dur.

Kunduz aux mains des Taliban, résistance dans d'autres villes

Le nord de l'Afghanistan a toujours été considéré comme très opposé aux Taliban. C'est là qu'ils avaient rencontré la résistance la plus acharnée lors de leur accession au pouvoir dans les années 1990.

Les Taliban ont dirigé le pays entre 1996 et 2001, imposant leur version ultra-rigoriste de la loi islamique, avant d'être chassés du pouvoir par une coalition internationale dirigée par les États-Unis.

Kunduz est la plus belle prise jusqu'ici des Taliban depuis le lancement de leur offensive début mai. Située à 300 km au nord de Kaboul, cette ville, déjà conquise deux fois ces dernières années par les insurgés, en 2015 et en 2016, est un carrefour stratégique entre l'Afghanistan et le Tadjikistan.

Si l'armée afghane s'est révélée incapable d'enrayer leur offensive dans le nord, elle continuait à faire front à Kandahar et à Lashkar Gah, deux fiefs historiques des insurgés dans le sud de l'Afghanistan, ainsi qu'à Hérat, dans l'ouest.

Mais cette résistance se fait au prix de lourdes pertes civiles. Au moins 183 civils ont été tués et 1 181 blessés, dont des enfants, en un mois dans les villes de Lashkar Gah, Kandahar, Hérat et Kunduz, a indiqué mardi l'ONU, en précisant bien qu'il ne s'agissait là que des victimes qui avaient pu être documentées.

En outre, quelque 359 000 personnes ont été déplacées en Afghanistan à cause des combats depuis le début de l'année, a indiqué l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Avec AFP