Les familles des marins retenus en otages depuis le 2 octobre ont demandé à Madrid de monnayer la libération de leurs proches contre celle de deux pirates somaliens détenus en Espagne.
AFP - Les familles des marins du thonier Alakrana, retenus en otages par des pirates somaliens depuis le 2 octobre, ont mis la pression vendredi sur Madrid, exigeant des négociations efficaces et une libération rapide, face aux menaces d'exécution lancées par les pirates.
Elles ont demandé que les deux pirates somaliens présumés, capturés par des militaires espagnols et transférés en Espagne pour y être jugés, soient utilisés comme monnaie d'échange dans les discussions.
Le gouvernement espagnol qui jusqu'à présent se montrait inflexible sur ce point, n'a pas exclu vendredi après-midi la remise des deux Somaliens à un pays africain, comme le Kenya.
"C'est un thème qui appartient à la justice" a indiqué la numéro deux du gouvernement, Maria Teresa Fernandez de la Vega, tout en ajoutant qu'il demeurait "hasardeux" de parler de ce "thème technique et juridiquement très compliqué".
Le patron du bateau de pêche Ricardo Blach qui est l'un des 36 otages, avait annoncé jeudi à plusieurs médias espagnols, via téléphone satellitaire, que les pirates avaient lancé un ultimatum, menaçant de "tuer dans trois jours, les trois" marins débarqués jeudi à terre.
Selon lui, les pirates exigent la libération des deux pirates détenus en Espagne. "Ils viennent de nous dire que si dans trois jours, il n'y a pas de changement pour les deux qui sont en Espagne, ils tueront les trois et puis ensuite trois autres et ainsi de suite" a déclaré M. Blach au journal El Pais.
Les marins ont des conditions de vie difficiles, avec "peu d'eau potable et de nourriture", a de son côté indiqué Argi Galbarriatu, soeur de l'un d'eux lors d'une conférence de presse organisée vendredi à Bermeo (Pays Basque, nord), port d'attache du navire.
Les familles demandent aux autorités espagnoles qu'elles "agissent immédiatement" et qu'elles "fassent tout leur possible pour ramener les 36 marins chez eux", selon une déclaration commune faite vendredi. Elles appellent à une manifestation de soutien samedi, à 11h00 GMT à Bermeo
"Nous exigeons que tous les partis se mettent à travailler dans la même direction" et que le gouvernement espagnol choisissent la voie de "la négociation" plutôt que de mettre la vie des marins en danger en optant pour une solution militaire, a déclaré Maria Angeles Jimenez, épouse d'un des marins.
Elle a également réclamé l'utilisation des deux pirates détenus en Espagne, comme monnaie d'échange par Madrid dans ses négociations.
L'armateur du thonier, la société Echebastar Flette a également demandé dans un communiqué la libération "de manière urgente" des deux Somaliens, face à une "situation devenue très grave".
Même le chef du gouvernement autonome basque, le socialiste Patxi Lopez a réclamé à la justice espagnole un transfèrement des deux Somaliens vers la Somalie ou bien au Kenya pour qu'ils soient jugés là-bas.
Le gouvernement socialiste espagnol s'est employé à rassurer les familles, affirmant que l'équipage se portait "bien" et qu'il continuait de faire son possible pour une libération, selon Mme de la Vega.
Le numéro deux de la Défense, le secrétaire d'Etat Constantino Mendez a souligné de son côté que "la dramatisation faisait partie de la technique de négociation" des pirates et l'équipage espagnol prisonnier était "parfaitement localisé" par la marine espagnole présente sur place.