Sévère avec ses ex-rivaux, élogieux envers sa famille, et évasif sur le cas Nicolas Sarkozy, l'ancien président fait à nouveau la une de l'actualité avec la publication des bonnes feuilles du premier tome de ses mémoires, publié jeudi.
Le premier tome des mémoires de Jacques Chirac, intitulé "Chaque pas doit être un but", est sans aucun doute le livre politique le plus attendu de la rentrée. Le plan de communication prévu pour promouvoir sa sortie, jeudi, était réglé comme du papier à musique : l’hebdomadaire Le Point devait avoir l'exclusivité des traditionnelles bonnes feuilles de l'ouvrage. C’était sans compter sur "L'édition spéciale", une émission de la chaîne Canal Plus, qui a prématurément mis un terme au suspense en dévoilant quelques extraits du livre, lundi, repris en chœur par plusieurs médias ce mardi. "Ces fuites nous mettent dans l’embarras, d’autant plus qu’aucun libraire n’a encore reçu l'ouvrage", affirme Catherine Bourget, attachée de presse de son éditeur, Nil Éditions, à france24.com.
Règlement de compte
Le contenu de l’ouvrage qui a été révélé évoque, notamment, l’admiration de l’auteur pour son prédécesseur - socialiste - à l’Élysée, François Mitterrand, ainsi que son affection pour son mentor en politique, Georges Pompidou. Jacques Chirac revient sur la rivalité exacerbée qui l’a opposé à Valéry Giscard d’Estaing, dont il fut le Premier ministre entre 1974 et 1976, un homme à "la rancune tenace et inépuisable". On y découvre aussi, sans surprise, son ressentiment envers son ex-"ami de 30 ans", Édouard Balladur, qu'il qualifie de "calculateur froid". Ces deux derniers essuient assurément les critiques les plus acerbes.
Plus sobre sur le président Sarkozy, Jacques Chirac qualifie son ex-protégé d'homme "nerveux, empressé et avide d’agir", mais le considère comme "bien plus qu’un simple collaborateur".
Chirac intime
Enfin - ce qui est plus surprenant de la part d’un personnage plutôt avare de confidences sur sa vie privée -, on découvre dans "Chaque pas doit être un but" un Chirac plus intime, tressant des louanges à ses filles Claude et Laurence, ou rendant un vibrant hommage à sa femme Bernadette. "Son franc-parler et ses opinions peuvent être tranchantes - parfois trop à mon goût -, surtout quand elles me concernent. Mais ses avis, ses conseils, ses critiques m'ont souvent éclairé", confie-t-il.