Le Rassemblement national a échoué, dimanche, en Paca, seule région que le parti d’extrême droite semblait pouvoir remporter. En ballotage défavorable après le premier tour, le président LR sortant en Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier a été réélu.
Les sondages prédisaient à l'extrême droite une forte progression aux élections régionales, mais le Rassemblement national n’aura finalement remporté aucune région à l'issue du deuxième tour de ce scrutin organisé dimanche 27 juin. Largement battu par le président de droite sortant en Provence-Alpes-Côte d'Azur, Renaud Muselier, l'ancien-LR Thierry Mariani a échoué dans son défi de gagner la région, seule fief que le parti d’extrême droite semblait en mesure de pouvoir remporter.
Après Jean-Marie Le Pen, candidat trois fois du Front national dans la région (en 1992, 1998 et 2010), puis sa petite-fille, Marion Maréchal-Le Pen, en 2015, l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy avait fait campagne pour le parti désormais dirigé par Marine Le Pen, la fille du fondateur du mouvement.
Malgré une avance de 4,5 points au premier tour (36,4 % contre 31,9 %), le député européen RN a finalement été battu par Renaud Muselier, qui s’est s'imposé de près de 15 points, avec 57,3 % des suffrages.
"J'ai gagné, nous avons gagné", "la logique d'unité" a "démenti tous les pronostics", a déclaré le président des Régions de France, insistant sur la "logique de rassemblement" qu'il avait engagée dès avant le premier tour en incluant notamment des Marcheurs sur sa liste.
Dans son QG de la Joliette, face au port, Renaud Muselier a ainsi salué "les membres de la majorité présidentielle" qui lui ont "tendu la main dès le début de la campagne" : "Il n'y a aucune expérience politique, juste une addition de compétences. (...) Dans la vie, il faut avoir une colonne vertébrale et il faut savoir additionner", a-t-il insisté, écartant l'idée que sa liste soit l'indice d'une "recomposition politique" entre Républicains et Marcheurs, comme l'avait avancé le Premier ministre Jean Castex début mai, provoquant un véritable psychodrame au sein de l'état-major LR.
Devant ses supporters abattus, également à Marseille, son adversaire Thierry Mariani a, lui, dénoncé la victoire de Renaud Muselier comme celle de tout "un système coalisé".
Succès du front républicain comme en 2015
Estimant avoir livré "une bataille inégale", le député européen RN a souligné que "les trois derniers présidents de la République (avaient) volé au secours" de son adversaire et accusé les médias d'avoir "parfois dérogé aux règles de la plus élémentaire déontologie" : "C'est une défaite pour la démocratie et l'expression de la volonté populaire".
Seul président de région sortant à ne pas avoir terminé en tête au premier tour, Renaud Muselier avait reçu entre les deux tours le soutien de nombreuses personnalités, de l'ancien président LR Nicolas Sarkozy à son successeur socialiste François Hollande en passant par Bernard Tapie, ministre de la Ville de François Mitterrand et actionnaire majoritaire du quotidien régional La Provence.
Même Éric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes, qui avait demandé que le parti lui retire son soutien après son alliance avec les Marcheurs, avait finalement appelé à voter en sa faveur. Si l'abstention, à 63,2 %, a reculé de trois points entre les deux tours, elle est restée beaucoup plus forte qu'au second tour des régionales de 2015 (39,7 %) qui avait déjà donné lieu à un duel droite-extrême droite, avec Christian Estrosi face à Marion Maréchal-Le Pen.
Au final, la victoire de Renaud Muselier est même plus large que celle du maire de Nice, à qui il avait succédé dans le fauteuil de président de région en mai 2017 : Christian Estrosi, distancé de 14 points au premier tour, avait certes fait une impressionnante "remontada", faisant plus que doubler son score entre les deux tours, avec quelque 600 000 voix supplémentaires. Mais il ne s'était imposé que de dix points (54,8 % contre 45,2 %).
Comme en 2015, la liste de gauche, qualifiée pour le second tour, a finalement fait le choix cette année aussi de se retirer pour faire barrage à l'extrême droite. Et les 195 000 électeurs de Jean-Laurent Félizia (16,9 %), chef de file écologiste du Rassemblement écologique et social, ont visiblement imité – au moins en partie – ceux de Christophe Castaner, alors socialiste, en 2015, en optant pour "le front républicain" au second tour.
"La région Provence-Alpes-Côte d'Azur reste dans le giron de la République. Je m'en félicite et souhaite bonne chance à son Président", a salué sur Twitter le maire PS de Marseille, Benoît Payan.
Avec AFP