La secrétaire d'État américaine a déclaré que les États-Unis prenaient acte de la décision d'Abdullah Abdullah de se retirer du second tour de la présidentielle afghane, laissant seul en lice son rival, le président sortant Hamid Karzaï.
La secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a déclaré ce dimanche que les États-Unis "soutiendront le prochain président" de l'Afghanistan, et prennent acte de la décision d'Abdullah Abdullah, principal opposant au président sortant Hamid Karzaï, de se retirer du second tour de l'élection présidentielle. Hillary Clinton salue "la campagne digne et constructive" menée par le candidat.
"Il appartient désormais aux autorités afghanes de décider de la voie à suivre pour que ce processus électoral aboutisse à une conclusion conforme à la Constitution afghane, a-t-elle affirmé. Nous soutiendrons le prochain président ainsi que le peuple afghan."
Abdullah Abdullah n'appelle pas au boycott
"Pour protester contre le mauvais comportement du gouvernement et de la Commission électorale indépendante (IEC), je ne participerai pas à l'élection" du 7 novembre, a déclaré dimanche, Abdullah Abdullah, lors d'un meeting organisé à Kaboul.
"La décision (...) n'a pas été facile [à prendre]. Je l'ai prise après de nombreuses consultations, avec le peuple d'Afghanistan, mes partisans et des leaders influents", a précisé, la voix émue et les yeux rougis, le rival du président sortant Hamid Karzaï à la présidentielle afghane.
Abdullah n'appelle pas à boycotter le scrutin. "J'ai pris cette décision pour les droits du peuple, pour le processus démocratique, pour sauver nos traditions, pour les martyrs [tués dans les violences survenues lors du premier tour], pour la destinée et l'ambition de la nation", a-t-il poursuivi.
Celui-ci a par ailleurs refusé de donner des consignes de vote à ses électeurs et les a appelés à faire preuve de retenue, leur demandant de ne pas descendre dans la rue.
Cette annonce de l'ancien ministre des Affaires étrangères n'est qu'une demi-surprise.
Après les fraudes massives constatées lors du premier tour, Abdullah Abdullah avait réclamé lundi le renvoi du chef de l'IEC, chargée de l'organisation du scrutin et considérée comme pro-Karzaï, ainsi que la suspension de trois ministres qui avaient fait campagne pour son adversaire.
Le second tour est maintenu
Ces requêtes avaient été rejetées par l'IEC ainsi que par Hamid Karzaï.
it"Il doit y avoir un second tour, compte tenu des lois électorales et de la Constitution. La Constitution est claire", a déclaré à l'AFP Daoud Ali Najafi, membre de l'IEC, chargée de l'organisation du scrutin et du comptage des résultats.
De son côté, le camp du président sortant a lui aussi appelé à un second tour.
M. Abdullah a préféré ne pas s'aventurer à décrypter la situation légale actuell
e, laissant à ses partisans le soin de choisir de voter samedi ou non. "Je ne parlerai pas des implications légales et constitutionnelles qu'implique tout cela", a-t-il dit.
Les experts interrogés par l'AFP sont partagés, certains jugeant que la loi oblige à tenir un second tour, tandis que d'autres estiment que le problème peut être réglé différemment, par exemple via la tenue d'une "Loya Jirga", un conseil traditionnel rassemblant les chefs tribaux au niveau national.
Karzaï contre Karzaï
Le porte-parole du président sortant Hamid Karzaï estime que la présidentielle afghane "doit se tenir" malgré tout. "Le processus doit s'achever", a déclaré Wahid Omar. "Il faut donner au peuple d'Afghanistan le droit de voter."
Hamid Karzaï se retrouve donc seul en lice pour le scrutin. Il avait rassemblé 49,67 % des voix au premier tour, contre 30,59 % à son rival. Pour rappel, la participation au premier tour avait été faible (38,7 %) et entachée de violences et de fraudes massives en faveur du président sortant, au point qu'un quart des bulletins de vote ont été annulés.
Plusieurs diplomates affirment déjà que la pression sur le président sortant sera forte lors de la composition du nouveau gouvernement de Karzaï. "La communauté internationale ne veut plus de ministres corrompus", affirme Luc Mathieu, correspondant de Libération à Kaboul. Et de conclure : "C'est là que va se jouer l'avenir de l'Afghanistan."