
Les autres dirigeants de l'Union européenne lançaient dimanche à Strasbourg la "Conférence sur l'avenir de l'Europe", une vaste consultation citoyenne. Emmanuel Macron a plaidé pour une Union européenne décidant "plus vite et plus fort" et a défendu défendant le "modèle européen" face à la pandémie de Covid-19.
Pour la Journée de l'Europe, qui célèbre la paix et l'unité de l'Union, le chef de l'État français a donné le coup d'envoi de la "Conférence sur l'avenir de l'Europe", une vaste consultation citoyenne, dimanche 9 mai à Strasbourg, au côté des dirigeants de l'UE. Emmanuel Macron a plaidé pour une Union européenne plus agile, décidant "plus vite et plus fort" et a défendu défendant le "modèle européen" face à la pandémie.
"Aimer ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction." Quelques vers d'Antoine de Saint-Exupéry,en français, c’est ainsi que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a décidé de célébrer l'anniversaire de la "déclaration Schuman" du 9 mai 1950.
Le discours, qui proposait une nouvelle forme de coopération politique pour l'Europe pour rendre impensable toute guerre entre les nations, est considéré comme le texte fondateur de l'Union européenne.

"Décider plus vite et plus fort"
Pour Emmanuel Macron, l'Europe doit "décider plus vite et plus fort", notamment pour renforcer "la souveraineté" du continent dans des secteurs stratégiques comme la santé, alors que l'UE a été vivement critiquée pour sa gestion de la crise sanitaire.
"J'entends déjà ce procès de l'Europe fait chaque matin. Cette espèce de défaitisme ambiant qui consiste à dire : 'Regardez l'Europe n'est pas au rendez-vous, nous n'y sommes pas'", a déclaré le président français. "Je leur réponds qu'au contraire dans cette crise c'est un modèle européen qui s'est affirmé. Si nous avons résisté ensemble à cette pandémie, c'est parce que depuis 71 ans nous avons ensemble construit ce qui n'était absolument pas une évidence."
"Face à l'autoritarisme, la seule réponse qui vaille est l'autorité de la démocratie" qui "ne se gagne que par l'efficacité et la vitesse", a avancé le chef de l'État depuis l'hémicycle clairsemé du siège du Parlement européen à Strasbourg, transformé pour l'occasion en une sorte de plateau télévisé.
"Notre démocratie européenne est une démocratie de compromis, d'équilibre, ce qui est une vertu que nous devons protéger, mais c'est aussi une faiblesse quand elle s'étouffe dans ses propres procédures", a-t-il reconnu.
Strasbourg "cœur de la démocratie européenne"
Le président français a profité aussi de sa présence à Strasbourg pour souligner face aux chefs des institutions européennes le "symbole vivant" représenté par cette ville dans l'histoire de la construction européenne. "C'est ici que bat le cœur de la démocratie européenne", a-t-il affirmé, alors que le siège strasbourgeois du Parlement européen est déserté depuis février 2020 par les eurodéputés en raison de la crise sanitaire, au profit de Bruxelles et au grand dam de le France.
Le président de l'institution, l'Italien David Sassoli, a déclaré "ne pas dout(er) que le Parlement européen pourra revenir très bientôt à Strasbourg" mais sans avancer de date alors qu'Emmanuel Macron a souhaité que la session plénière de juin marque son retour dans la capitale alsacienne.
Emmanuel Macron a d'ailleurs signé un contrat triennal avec les collectivités territoriales pour renforcer la dimension européenne de Strasbourg.
Le président du Parlement européen, l'Italien David Sassoli, a d'ores et déjà suggéré plusieurs pistes de réformes, plaidant pour un renforcement du rôle de son institution avec un droit d'initiative en matière législative, à l'image de celle des parlements nationaux, et estimant que les citoyens devaient pouvoir se prononcer sur la présidence de la Commission européenne.
De "grandes ambitions"
Appelant "au retour des grands projets" et "des grandes ambitions", le président français a souligné que la Conférence sur l'avenir de l'Europe représentait "un exercice inédit" pour "envisager notre avenir" dans les 10 prochaines années.
Initiative d'Emmanuel Macron, cette consultation démocratique, avec une plateforme en ligne qui doit permettre aux citoyens européens de partager leur vision du futur de l'Europe et être complétée en France par des "consultations citoyennes", doit s'étendre sur une année et rendre ses propositions au moment où la France assumera la présidence tournante de l'UE.
Un calendrier qui tombe à pic pour le chef de l'État qui compte faire de cette présidence de l'UE un atout pour la présidentielle de mai 2022.
En dépit des âpres négociations entre institutions qui ont jeté le doute sur la volonté de l'UE de tirer de tout ce processus de véritables orientations politiques, Emmanuel Macron tout comme les dirigeants de l'UE ont assuré dimanche qu'ils tiendraient compte des propositions des citoyens.
Les jeunes Européens ont d'ailleurs été appelés avec insistance à se saisir de cette Conférence. "Nous sommes à un moment particulièrement important pour les jeunes, pour qu'ils puissent s'exprimer", a déclaré Ursula von der Leyen.
La principale inconnue demeure précisément la participation des citoyens au débat, après une précédente consultation en 2018 qui s'était perdue dans les limbes et une initiative du même ordre en 2002 qui avait accouché du projet de constitution européenne anéanti par le "non" des référendums français et néerlandais.
Avec AFP