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Élections régionales à Madrid : la droite à la reconquête du pouvoir

Largement favorite dans la capitale espagnole, bastion qu'elle dirige depuis plus de 25 ans, la droite veut croire que ce scrutin régional, qui s'est tenu mardi, marquera le début d'un retour aux affaires au niveau national.

Les électeurs de Madrid et de sa région ont voté en nombre, mardi 4 mai, pour renouveler leur assemblée régionale, un test que l'opposition de droite espére transformer en triomphe à deux ans des prochaines élections générales.

L'enjeu de ce scrutin dépasse largement le cadre de la région, la plus importante du pays, les sondages prédisant une large défaite pour le Parti socialiste du Premier ministre Pedro Sánchez et son allié de gauche radicale Podemos.

À 13 h, la participation atteignait déjà 28,44 %, soit plus de deux points de plus que lors de la précédente élection, en mai 2019, preuve de l'intérêt suscité par ce scrutin malgré la pandémie de Covid-19.

De très longues files d'attente ont commencé à se former avant même l'ouverture des bureaux à 9 h. De nombreux électeurs ont dit avoir voulu voter avant de se rendre au travail.

Second masque

Il s'agit de la première élection à Madrid depuis le début, en mars 2020, de la crise du Covid-19, qui avait frappé de plein fouet la capitale de l'Espagne, l'un des pays les plus endeuillés d'Europe.

Avec quelque 15 000 décès sur un total de 78 000 pour toute l'Espagne et près de 700 000 cas sur un total de 3,5 millions, Madrid présente le pire bilan des 17 régions du pays.

Des mesures sanitaires strictes ont été mises en place dans les bureaux, où les électeurs se voient donner un second masque qu'ils doivent mettre sur celui qu'ils portent déjà. Du gel hydroalcoolique est également distribué.

Les élections ont été provoquées par la décision surprise de la présidente sortante de la région, Isabel Díaz Ayuso, membre du Parti populaire (PP, opposition de droite), de mettre fin à son alliance avec le parti de centre-droite Ciudadanos.

Malgré les pressions du gouvernement, Isabel Diaz Ayuso, tenante d'une ligne très droitière et populiste, a toujours refusé d'imposer des restrictions trop strictes contre la pandémie afin de protéger les entreprises, notamment les bars et les restaurants, qui sont restés ouverts, et compte en recueillir le bénéfice dans les urnes.

Elle s'est félicitée de la "grande participation" après avoir voté dans le centre de Madrid. "Cela nous remplit d'orgueil", a-t-elle ajouté.

"C'est un jour très important, parce que le choix est entre la liberté et le communisme", a déclaré à l'AFP José Luis Cordón, un fonctionnaire de 63 ans qui venait de voter pour le PP au lycée Luis Bello, dans le quartier de Prosperidad (nord de Madrid), faisant écho au thème de campagne de Mme Ayuso.

"Durant de très nombreuses années"

Les derniers sondages  - la loi autorise leur publication jusqu'à une semaine seulement avant le scrutin - attribuaient à la liste du PP quelque 40 % des voix, contre à peine plus de 22 % il y a deux ans, et pratiquement deux fois plus de sièges qu'en 2019.

Pas suffisamment pour gouverner seul, mais assez pour former une coalition s'il le faut avec Vox, un parti d'extrême-droite.

Dans le même temps, le Parti socialiste, qui l'avait emporté en 2019, dégringolerait à environ 20 % des suffrages, contre plus de 27 % en 2019, et perdrait une dizaine de sièges.

Le PP n'a pas caché qu'il considérait ce scrutin comme un marchepied dans sa campagne de reconquête du pouvoir, les prochaines élections générales étant prévues en 2023.

Si une défaite dans ce scrutin régional ne remettrait pas en cause son maintien au pouvoir, le Premier ministre, qui a été en première ligne durant la campagne, en sortirait fragilisé en cas de débâcle.

"Le gouvernement de coalition qui dirige l'Espagne continuera à le faire durant de très nombreuses années", a assuré Pablo Iglesias, leader de Podemos et partenaire des socialistes au pouvoir, après avoir voté.

Pablo Iglesias, qui a quitté le gouvernement pour conduire la liste de Podemos à Madrid, joue lui-même très gros en cas d'échec, certains commentateurs n'écartant pas dans ce cas qu'il se retire de la vie politique.

Les six partis en lice se disputent 136 sièges (contre 132 dans l'assemblée sortante) répartis sur une base proportionnelle.

Il n'y a pas de sondages à la sortie des urnes en Espagne. Le résultat ne sera donc connu qu'au fil du dépouillement des bulletins, le vote s'étant terminé à 20 h.

Avec AFP