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Ignorée par la junte birmane, l'émissaire de l'ONU entame une tournée asiatique

À la recherche d'une solution régionale pour résoudre la crise en Birmanie, l'envoyée spéciale de l'ONU Christine Schraner Burgener est arrivée en Thaïlande et devrait se rendre ensuite en Chine, alliée traditionnelle de l'armée birmane. Le bilan de la répression a franchi vendredi le seuil des 600 morts.

L'émissaire de l'ONU pour la Birmanie est arrivée, vendredi 9 avril, en Thaïlande, première étape d'une tournée diplomatique en Asie pour tenter de trouver une issue à la crise, alors que le bilan de la répression de la junte a désormais passé le cap des 600 morts.

La tournée de Christine Schraner Burgener intervient dans un contexte d'inquiétude croissante de la communauté internationale sur la situation en Birmanie, secouée par des manifestations quotidiennes depuis le coup d'État du 1er février qui a renversé le gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi. 

Après la Thaïlande, la diplomate devrait se rendre en Chine, alliée traditionnelle de l'armée birmane. Les détails de son voyage ne sont pas encore connus.

Un contact uniquement par écrit

Des discussions sont en cours pour une visite dans d'autres pays membres de l'association régionale Asean [Association des nations de l'Asie du Sud-Est] et des États de la région. L'ambassadeur birman à l'ONU, Kyaw Moe Tun, limogé par la junte mais toujours en poste à New York, a de nouveau réclamé, vendredi 9 avril, "une zone d'exclusion aérienne" et des "sanctions" incluant "un "embargo sur les armes".

"Comme elle l'a souligné à maintes reprises, une réponse internationale solide à la crise actuelle en Birmanie nécessite un effort régional unifié impliquant les pays voisins, qui peuvent exercer une influence sur la stabilité de la Birmanie", a précisé le porte-parole. 

Un sommet des pays d'Asie du sud-est consacré à la Birmanie aura lieu le 20 avril à Jakarta en Indonésie.

L'émissaire de l'ONU réclame depuis le 1er février une rencontre avec les généraux mais elle n'a pas reçu l'autorisation de se rendre en Birmanie. Avec le soutien du Conseil de sécurité, elle souhaite aussi rencontrer des dirigeants civils détenus, incluant le président Win Myint et Aung San Suu Kyi.

"Elle est évidemment prête à reprendre le dialogue avec les militaires pour contribuer à un retour de la Birmanie sur le chemin démocratique, de la paix et de la stabilité", a déclaré jeudi le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric.

Interrogé pour savoir si le contact a été rompu, il a répondu qu'il se poursuivait par écrit mais qu'il n'y avait pas eu d'entretien téléphonique depuis des semaines.

Nouveaux heurts vendredi

Au moins 614 civils ont été tués par les forces de sécurité lors des manifestations, selon l'Association d'assistance aux prisonniers politiques (AAPP). Mais le bilan pourrait être plus lourd : plus de 2 800 personnes ont été arrêtées. Beaucoup, sans accès à leurs proches ou à un avocat, sont portées disparues.

Selon Cyril Payen, grand reporter à France 24, "une guerre contre les civils" est menée en Birmanie où, pour le moment, aucune solution concrète ne semble émerger pour faire cesser les violences.

Ignorée par la junte birmane, l'émissaire de l'ONU entame une tournée asiatique

Le sang a de nouveau coulé vendredi matin. Selon les secours, au moins quatre personnes ont été tuées lorsque les forces de sécurité ont détruit des barricades de contestataires dans la ville de Bago (aussi appelée Pégou), à environ 65 km au nord-est de Rangoun.

Avec AFP