![Streamfield : quand le procès Clearstream devient une fiction au cinéma Streamfield : quand le procès Clearstream devient une fiction au cinéma](/data/posts/2022/07/15/1657861225_Streamfield-quand-le-proces-Clearstream-devient-une-fiction-au-cinema.jpg)
Le film "Streamfield, les carnets noirs", tourné en février par Jean-Luc Miesch, fait porter la responsabilité de l'affaire Clearstream sur les épaules du patron des RG. Avec P. Arditi, B. Le Coq et J.-P. Castaldi. Sortie le 25 novembre.
AFP - A peine les débats du procès Clearstream ont-ils pris fin vendredi, qu'une fiction "inspirée d'histoires réelles" et intitulée "Streamfield, les carnets noirs" s'apprête à sortir au cinéma, désignant comme instigateur de la manipulation, le patron des Renseignements généraux.
Tourné "à chaud" en février sous le titre d'emprunt "Les carnets de croquis" pour plus de discrétion, le film réunit une belle distribution : Pierre Arditi, Bernard Le Coq, Jean-Pierre Castaldi, Catherine Jacob, Elizabeth Bourgine, François-Eric Gendron et Philippe Morier-Genoud.
"Corbin" pour Gergorin, "Iskander Labade" pour Imad Lahoud, "général Trillot" pour le général Rondot, "Gaspard Arthus" pour Yves Bertrand: les noms des protagonistes collent à l'affaire Clearstream.
Dans "Streamfield", à l'affiche de 60 salles le 25 novembre, le réalisateur Jean-Luc Miesch va plus loin que les débats du procès, en explorant une piste délaissée par l'instruction.
Il montre une manipulation organisée par le patron des Renseignements généraux (RG) au bénéfice d'un "cabinet noir à l'Elysée" afin d'empêcher Nicolas Sarkozy de prendre la tête de l'UMP avant la présidentielle.
"Les noms d'avocats, d'acteurs, d'hommes d'affaires et d'hommes politiques, introduits dans les listings de Clearstream n'avaient qu'un seul but : cautionner le nom de Sarkozy (Nagy et Bocsa dans la réalité, "Nikozy" dans le film) dans ces listings" explique le cinéaste âgé de 57 ans, à l'AFP.
Tout au long de "Streamfield" apparaissent à l'écran des termes de l'argot des RG : "tricoche" (utilisation d'informations recueillies par la police à des fins privées), "monter un chantier" (organiser une manipulation), "tamponner" (recruter dans un service)...
Dans le film dont la bande originale est signée par Philippe Sarde, une dessinatrice de BD nommée Liso Vega, reçoit par la poste, les listings falsifiés attribuant des comptes bancaires à diverses personnalités.
Elle découvre que ce "piège à cons" a été tendu par Gaspard Arthus le patron des RG -- entendu comme témoin dans le procès Clearstream, il s'agit d'Yves Bertrand, à la tête des Renseignements généraux pendant 12 ans, de 1992 à 2004.
Saisis dans le cadre de l'enquête sur les listings de Clearstream, les 23 carnets "secrets" d'Yves Bertrand, ont été largement publiés dans la presse.
"Le film ne reprend que ce qui a paru dans la presse", affirme Jean-Luc Miesch. "Comme Sherloch Holmes, nous nous sommes contentés de tout réunir et d'en tirer des conclusions, en nous demandant : à qui profite la manipulation, qui avait les moyens de l'organiser ?"
Le scénario de "Streamfield" est co-écrit par Patrick Rougelet, un ancien commissaire principal des RG qui fut révoqué, puis blanchi par la justice. Opposant à Yves Bertrand, il a publié "RG, la machine à scandales" (Albin Michel, 1997).
Auto-produit avec un budget serré de deux millions d'euros par son réalisateur qui en co-signe le scénario, "Streamfield" -- qui pâtit d'une mise en scène assez statique et de longs commentaires apportés par une voix off et par les héros, assis face caméra -- n'aurait pas pu voir le jour si les comédiens n'avaient accepté de tourner sans percevoir de cachet.
"Faire ce film les intéressait en tant que citoyens" dit M. Miesch, selon lequel "Streamfield" n'est "ni de droite ni de gauche : c'est un film citoyen".
Auteur en 1980 de "Nestor Burma, détective de choc", le cinéaste estime que le "véritable enjeu du procès Clearstream est de savoir quel était le pouvoir de cette police politique qui s'est tout permis. Et comment nous, citoyens, avons-nous pu tolérer cela ?"